Une rupture pas très Frèche

novembre 19, 2008 on 7:50 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Ségolène Royal est une femme qui accumule les paradoxes comme à plaisir. Les citer tous ici serait impossible. Voici le dernier.

Maintenant, elle veut incarner la « rupture » alors qu’elle était chargé de mission à l’Elysée il y a 25 ans déjà, et ministre avant Nicolas Sarkozy. Cette carrière déjà bien remplie ne serait pas incompatible avec ce projet si, pour arriver au poste de Premier Secrétaire qu’elle vise, elle ne s’appuyait sur un mammouth de la politique, Georges Frèche, élu député de l’Hérault il y a 35 ans, longtemps maire de Montpellier, dont il préside aujourd’hui encore la communauté urbaine, et président de la région Languedoc-Roussillon, qu’il voulait à toute force rebaptiser « Septimanie ».

Lequel George Frèche finit par être exclu du PS en 2006. On ne sait véritablement si cette exclusion d’un notable du parti, très rare, était due à des dérapages verbaux (traitant la communauté harkie de « sous-hommes », ou s’interrogeant sur le trop grand nombre de noirs en équipe de France de football), par ailleurs largement absous en justice, ou pour ses méthodes ultra-musclées avec tout opposant réel ou supposé tant au sein de la fédération socialiste de l’Hérault que des conseils municipaux ou régionaux qu’il présidait.

Et voilà que Ségolène, pas avare de commentaires assassins sur les méthodes d’un autre âge, selon elle à l’oeuvre au sein du PS pour l’empêcher d’accéder au poste tant convoité, soutient vigoureusement celui qui pourrait indiscutablement tenir son rang face à Jean-Marie Le Pen en termes de mammouthitude…

Ceci, bien sûr, n’a rien à voir avec le fait que la fédération socialiste de l’Hérault a donné, avec un bel enthousiasme et beaucoup de fra-ter-ni-té, un soutien massif à la motion de Ségolène Royal.

Cette alliance contre-nature entre la rock-star du Zénith et le brontosaure éructant fait d’ailleurs les délices des adversaires de Ségolène, c’est-à-dire de Martine Aubry, de ses supporters et de ses ralliés, qui montrent que, quand il le faut, l’intérêt bien compris de la présidente de Charente-Poitou passe avant la cohérence entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. En clair que, pour Ségolène Royal, tous les soutiens sont bons à prendre, fût-ce Aubry d’un reniement.

En fait, JusMururandi soupçonne que, derrière cette attitude quasi-vénale de Ségolène Royal, se cache une approche beaucoup plus subtile. En fricotant avec la brute plus très Frèche, Ségolène donne des verges à des adversaires pour se faire battre. Lesquels ne se font pas prier pour lui infliger un traitement digne de celui que fait subir Obélix aux soldats romains.

Ce qui, à son tour, donne à Ségolène un rôle qui lui plaît visiblement, celui de victime, et de se lamenter sur le sort qu’on lui réserve. Déjà, dans la campagne électorale, elle disait que personne n’avait été attaquée autant qu’elle, et que, à l’époque de Jeanne d’Arc, elle eût été brûlée. Et, si d’aventure elle devait être battue par les suffrages des militants, cela lui permettrait de ne pas se dire « perdante ».

Car, comme on le sait depuis la Présidentielle, Ségolène Royal déteste le mot défaite, et, en fait, ne perd jamais.

Simplement, elle ne gagne pas toujours. Et, en particulier concernant son amitié particulière avec le si particulier George Frèche, elle ne gagne pas en crédibilité et en cohérence.
Ségolène Royal et George Frèche

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