L’argent de l’espoir, ou du désespoir?

novembre 26, 2008 on 9:20 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Mais d’où vient tout cet argent? Le plan Paulson de sauvetage des banques américaines? 700 milliards de dollars. Le plan Obama de relance de l’économie américaine: 800 milliards de dollars. Le plan chinois de relance: au moins 450 milliards de dollars. Le plan anglais: 2,5 points de baisse de TVA. Même l’Etat français, pourtant réputé « en faillite » sort 22 milliards d’euros, plus l’argent du sauvetage de Dexia, plus le fonds souverain de 20 milliards, plus le plan de relance qui sera annoncé incessamment…

Sans compter les garanties données au banques et au crédit interbancaire: des milliers de milliards de dollars. Rien que ce week-end, pour la seule Citigroup, l’Etat américain a accepté de garantir 306 milliards de dollars.

Sans compter l’aide industrielle qui se profile à l’horizon. Les 3 fabricants d’automobiles américains, à l’agonie, veulent de 25 à 50 milliards de dollars de plus que les 25 milliards de prêts consentis par l’Etat. L’Europe s’apprête de même à aider ses propres fabricants. Ainsi, Jaguar, pourtant tout récemment racheté à Ford par l’Indien Tata, n’hésite-t-il pas à demander au gouvernement britannique un prêt d’un milliard de livres. Déjà le public de contribuables rechigne à voir ses impôts soulager des banques dont les dirigeants et autres stars de la finance ont été payés des montants pharaoniques tout en les menant au bord du gouffre. S’il faut maintenant subventionner la production de voitures de grand luxe…

Alors, d’où vient le fric, le grisbi, la fraîche?

Justement, de fraîche il n’y a guère, vu que tous les Etats en question, sauf la Chine et l’Allemagne, avaient dès avant la crise des finances publiques largement déficitaires. Ainsi la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par un Gordon Brown à la longue carrière de Chancelier de l’échiquier prudent, va-t-elle atteindre un déficit budgétaire de 10% du PNB, chiffre astronomique même en ces temps de folle surenchère de chiffres tellement énormes qu’ils en perdent toute signification.

De cette avalanche d’argent public « subitement » disponible, JusMurmurandi tire deux observations

L’une est que dès qu’apparaît la manne, dès que se respire la couleur de l’argent, dès qu’on entend le bruit des billets qu’on froisse, apparaissent les quémandeurs et lobbyistes avec toute la retenue, la grâce et l’élégance de cochons affamés se ruant vers leur auge pleine. Est-ce vraiment une coïncidence si General Motors se déclare au bord de l’anéantissement dès que l’argent public apparaît tel l’enfant Jésus?

L’autre est que, quand il le faut « vraiment », des masses d’argent « apparaissent » comme Jésus a multiplié les pains et les poissons, pour nourrir la multitude.

Mais, avant que ces 2 métaphores chrétiennes ne donnent à penser que la crise financière est avant tout le produit d’un amour immodéré de son prochain, il convient de se rappeler une chose: ce que font les gouvernements et les Etats pour injecter à la fois calme sur les marchés et fonds propres dans les banques, c’est avant tout emprunter par le biais d’un déficit budgétaire colossal, et garantir par leur (aujourd’hui excellente) signature les engagements et crédits « douteux » des banques et compagnies d’assurance pour rehausser la qualité de ces actifs.

C’est-à-dire exactement ce dont l’abus par le système financier a conduit là où nous sommes.

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