Essence, fromage régional et Révolution

novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Entre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.

Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.

Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.

Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.

JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.

A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.

Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?

2 commentaires

  1. Sauf que : on oublie de faire apprendre aux petits Français ce qu ‘ étaient le fermiers généraux …

    Pour juste leur seriner combien était laid et vorace le « Roi  » , égoiste ogre buveur de sang …

    Comme la plupart ne savent point le mille-feuilles
    qui fait notre administration affamée du fromage
    républicain , ce sera donc toujours le  » Roi  » , aussi petit soit-il ( ! ) qui sera coupable !

    Et Dieu sait que je déteste cet homme , mais là ,
    ben c ‘ est pas de sa faute , hein ma bonne dame ?

    Commentaire by jerome — 30 novembre 2008 #

  2. Vous avez raison, Jérôme, il est tellement plus facile de mettre en cause un seul homme que toute la pyramide qu’il domine.
    Ainsi par exemple, il est tentant de clouer les banquiers au pilori pour la crise profonde dans laquelle leurs établissements sont plongés et nous plongent. Ce qui permet d’occulter que nous, les consommateurs, avons été pendant des années les principaux bénéficiaires de leurs largesses inconsidérées.
    Autre exemple, il est bon de vilipender un État français immensément déficitaire. Mais quid des innombrables allocataires en tous genres et autres bénéficiaires d’alléchantes niches fiscales qui en veulent toujours plus?
    Le bouc émissaire a encore de beaux jours devant lui…

    Commentaire by JM2 — 1 décembre 2008 #

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