Parlez, Hamon! Ma tête est malade

décembre 8, 2008 on 6:37 | In Coup de gueule, Economie, France | 7 Comments

C’est ce qu’à dû lui dire Martine Aubry, tant l’ânerie proférée par Benoît Hamon, le nouveau porte-parole du Parti Socialiste, combine ineptie économique et démagogie.

En effet, sa proposition est de rétablir l’autorisation administrative de licenciements, et de refuser automatiquement tous les plans sociaux d’entreprises bénéficiaires.

Un jeu de mots facile permet de dire que, si Benoît Hamon s’intéresse tant aux licenciements, c’est qu’il est lui-même licencié… d’histoire! On peut y voir aussi l’influence de son camarade de courant, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche, dont le haut-fait professionnel avait été de prouver que les cadres de Thomson (aujourd’hui Thales) travaillaient trop.

Mais ses connaissances en histoire devraient apprendre à M. Hamon que, si l’autorisation administrative de licenciement a été supprimée par le gouvernement Chirac en 1987, la gauche au pouvoir de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2002 s’est bien gardée de la rétablir. Ce qui eût pourtant été dans les attributions directes de la Ministre du travail de l’époque, qui ne passait pas pour une tendre, comme l’a prouvé sa mise en oeuvre des 35 heures, une certaine Martine Aubry!

Quant à l’argumentation de cette proposition, c’est un galimatias reprenant tout ce qu’il peut y avoir de clichés démagogiques autour de ce thème, licenciements boursiers, casse de l’emploi, responsabilité morale et sociale…

Comme M. Hamon n’a jamais travaillé que comme fonctionnaire (mais non, ce n’est pas systématiquement un oxymore), JusMurmurandi voudrait donner à l’eurodéputé-porte-parole quelques notions de base d’économie.

Ce n’est pas de bénéfices que vit une entreprise, mais de liquidités, de trésorerie pour faire simple. Il y a d’innombrables exemples d’entreprises qui font faillite sans avoir cessé de faire des profits. Toute la crise financière actuelle qui a été à deux doigts d’emporter le système financier mondial est une crise de liquidités, pas de profitabilité.

Ensuite, une entreprise peut toujours ne pas procéder à des licenciements si ceux-ci lui sont refusé par les Hamon et autres Emmanuelli du PS, à supposer qu’ils arrivent au pouvoir. Si l’entreprise peut continuer à fonctionner avec moins de personnel, ses concurrentes le peuvent aussi. Ce qui veut dire que le refus hamonien la condamnera à la non-compétitivité. Moment auquel elle fera des pertes, qui, alors peut-être, rendront possibles un plan social, lequel sera, en raison des pertes de part de marché subies entre temps, beaucoup plus lourd.

Enfin, toujours en faisant appel aux notions d’histoire qui sont sans aucun doute dans les cours qu’a dû assimiler M. Hamon pour être licencié, JusMurmurandi voudrait lui rappeler que, si le travail a toujours été le propre de l’humain depuis la préhistoire, l’évolution est due au progrès technologique, comme le feu, la roue etc… Chacune de ces étapes a augmenté la productivité, ce qui, à court terme, entraîne les licenciements que réprouve le PS par la voix de son porte-parole.

Plus encore, le progrès depuis le 15e siècle n’est pas du uniquement à la technologie, mais aussi au capital. Ce capital qu’honnit encore aujourd’hui, et seule en Europe, la gauche de la gauche française, à laquelle s’honore d’appartenir Benoît Hamon. Ce capital si important que Karl Marx, économiste pas vraiment de droite, appela son livre fondamental « Das Kapital ». Ce capital dont Marx démontre que sa combinaison avec le travail produit la richesse. Ce capital qui ne s’accroit que d’une seule façon, M. Hamon, par l’accumulation du profit.

Il faut dire que M. Hamon a des circonstances atténuantes à son emportement contre les bénéfices d’entreprises. Ses parents lui ont donné le prénom que portait Saint Benoît, qui fonda l’ordre des bénédictins, dont la règle comprend l’humilité, la charité et la pauvreté.

Pour l’humilité, il en semble pas que M. Hamon, qui se voyait déjà premier secrétaire du PS à 41 ans, soit trop doué. En revanche, il pousserait la charité jusqu’à vouloir faire don de la pauvreté à tout les Français. Merci M. Hamon.
Benoît Hamon

7 commentaires

  1. « Ce n’est pas de bénéfices que vit une entreprise, mais de liquidité, de trésorerie pour faire simple. Il y a d’innombrables exemples d’entreprises qui font faillite sans avoir cessé de faire des profits. »

    Est-il possible d’expliquer cela a des profanes ?

    Commentaire by thomas — 9 décembre 2008 #

  2. Merci de votre question, Thomas. Je vais essayer d’être plus clair. Imaginez une entreprise. Elle gagne de l’argent, ce qui veut dire que ses revenus (son chiffre d’affaires) sont supérieurs à ses charges (ses coûts). La différence entre les revenus et les charges, ce sont les bénéfices. Mais si, dans le même temps, les banques lui coupent les crédits existants, elle ne pourra pas rembourser tout tout de suite, et ce sera la faillite. Pas par manque de bénéfice, mais par manque de liquidité. La même chose est vraie d’une banque: si les déposants retirent toute leur épargne, elle ne pourra pas rembourser, car elle aura prêté cet argent (c’est son métier) à d’autres particuliers et entreprises, et ce sera la faillite par manque de liquidités. C’est exactement comme cela qu’a fait faillite la banque américaine Lehman Brothers en septembre, avec les conséquences que l’on sait.
    Donc les bénéfices ne sont pas la garantie d’une bonne santé, même s’ils en sont un indicateur important.
    En plus, les bénéfices servent à financer les nouveaux investissements, et ne pas faire « assez » de bénéfice, c’est s’interdire d’investir assez pour garantir l’avenir, et, à terme, péricliter.
    D’où le côté simpliste et démagogique de la proposition de Benoît Hamon. Ces épithètes ne sont pas forcément très indulgents, mais, à tout prendre, c’est quand même moins cruel que d’imaginer qu’il ignore ce que je viens d’énoncer. Car s’il l’ignorait, cela ferait de lui, vu ses responsabilités, non seulement un Benoît, mais aussi un benêt.

    Commentaire by JM2 — 9 décembre 2008 #

  3. Mais , cher Jus , c ‘ EST un benet , sans aucun doute possible ; et d ‘ abord parcequ ‘ issu de
    l ‘ EducNat , et ensuite puisqu ‘ il n ‘ a jamais
    travaillé au sein d ‘ une entreprise …
    Ils sont à vomir , ces donneurs de leçons …

    Commentaire by jerome — 9 décembre 2008 #

  4. « Mais si, dans le même temps, les banques lui coupent les crédits existants, elle ne pourra pas rembourser tout tout de suite, et ce sera la faillite. »

    Pourquoi devrait-elle rembourser tout tout de suite ? A partir du moment où elle fait du bénéfice, elle reste solvable a long terme. Que gagne la banque et ses créditeurs à agir ainsi ? En outre l’intérêt d’un crédit n’est-il pas plus dans la durée que sur le montant ?

    S’agissant des particuliers, les banques n’ont aucun problèmes avec les surendettés, ils leurs courent même après. Enfin, sauf récemment où c’est les gens avec épargne qu’on vient chercher. Ce qui est débile, puisque par définition ils n’ont pas besoin de crédit.

    « Car s’il l’ignorait, cela ferait de lui, vu ses responsabilités, non seulement un Benoît, mais aussi un benêt. »

    Les gens voient des bénéfices, il est assez normal après de ne pas comprendre des licenciement de masse, des restrictions de salaires voir des délocalisation. Alors soit, vos compatriotes sont tous des benêts.

    Commentaire by thomas — 9 décembre 2008 #

  5. @jerome : En revanche je sais me servir d’un clavier.

    Commentaire by thomas — 9 décembre 2008 #

  6. Il y a deux raisons au moins pour lesquelles une banque pourrait couper du jour au lendemain ses crédits à une entreprise, Thomas. L’une par exemple est que la banque elle-même n’ait plus le moyens de prêter, parce qu’elle n’arrive plus à se refinancer. C’est ce qui est arrivé durant la folle panique de septembre quand le crédit interbancaire s’est asséché; Il a fallu que le gouvernement garantisse les prêts interbancaires pour que ceux-ci redémarrent, ce qui a permis aux banques de recommencer à prêter. C’est reparti, mais c’était moins une pour l’accident vasculaire du système financier mondial.
    Autre raison, parce que, en raison de la crise, la banque aura peur du risque que représente un prêt qui, un an avant ne lui faisait pas peur. C’est monnaie courante aujourd’hui. En dehors des banques, les assureurs crédit ont « fermé les robinets » en resserrant les critères d’octroi d’une garantie. Cela asphyxie le crédit-fournisseur, et, quand les sociétés auront failli faute de crédit fournisseurs et donc de liquidité, les assureurs auront beau jeu de dire « vous voyez, nous avions raison de ne pas les garantir »
    Ces deux exemples sont parfaitement possibles pour des entreprises encore bénéficiaires. Surtout que ces bénéfices affichés sont sur la base de l’année 2007, sans aucun rapport avec la situation de fin 2008, quand elles ont pu voir le chiffre d’affaires chuter de 20 à 30% et qu’elles sont en fait déjà en pertes lourdes, mais que, selon M. Hamon-le-benêt, elles vont trop bien pour être autorisées à tout licenciement

    Commentaire by JM2 — 9 décembre 2008 #

  7. « Il a fallu que le gouvernement garantisse les prêts interbancaires pour que ceux-ci redémarrent, ce qui a permis aux banques de recommencer à prêter. »

    Et avec quoi les états vont-ils financer les banques ? Leurs dettes ?

    En outre vous m’expliquez que tout a un rapport avec la crise du crédit, or désolé, mais ce sont des choses qui arrivaient bien avant. Un peu facile je trouve d’invoquer ce cas exceptionnel.

    Commentaire by thomas — 10 décembre 2008 #

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