Les jusqu’au-bushistes

décembre 12, 2008 on 8:30 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | 5 Comments

La présidence de George W. Bush aura été marquée par la calamité jusqu’au bout. Ou plutôt jusqu’au Bush.

Alors qu’une négociation bi-partisane (républicains et démocrates) avaient permis de mettre au point un plan de « sauvetage » de deux des trois géants de l’automobile américaine, General Motors et Chrysler, en leur accordant un prêt fédéral de 14 milliards de dollars, ce plan, voté par la Chambre des représentants, a été rejeté par le Sénat.

Les Sénateurs républicains exigeaient un accord des syndicats pour une réduction des salaires payés par les fabricants américains au niveau, plus faible, payé par les entreprises japonaises installées aux USA (Toyota, Honda, Nissan). Celles-ci sont installés dans le sud, où les salaires sont plus bas, et leurs employés ne sont pas syndiqués, contrairement aux fabricants américains. D’où une double couche d’écart de salaire. Mais le plus important n’est pas là, mais dans les dépenses médicales. Car les « Big 3″ ont garanti par des contrats signés pendant les années de prospérité que leurs retraités bénéficieraient d’une couverture médicale. Et vu leur pyramide des ages, beaucoup plus ancienne que celles des firmes japonaises implantées beaucoup plus tard, cela créé une différence de coût très importante.

Mais même quand on rapporte cette différence à un montant par voiture produite (de l’ordre de 2000$, soit quelques 10% du prix moyen d’un véhicule), cela ne suffit pas à expliquer les pertes abyssales des fabricants américains quand les Japonais gagnent encore de l’argent.

Le problème, c’est tout simplement la désaffection des clients pour les produits de Detroit, qu’il faut alors brader pour parvenir à les écouler. Ce qui donne à l’argument républicain qui consiste à refuser le plan et blâmer les syndicats qui s’accrochent à leurs avantages acquis une odeur de cuisine politicienne. D’autant que, ce faisant, ils ne suivent pas les instructions du Président issu de leur propre parti, qui, lui, soutient le plan. Le coup de pied de l’âne pour un Président finissant.

Faut-il en déduire que les Républicains ont raison de laisser couler l’un au moins des géants américains, et que c’est le meilleur moyen de parvenir à une plus grande santé du secteur? JusMurmurandi se souvient que c’est exactement l’argument qui a conduit à ne pas sauver Lehman Brothers. Et à mettre 700 milliards de dollars sur la table pour en compenser les conséquences.

En attendant, la présidence Bush aura coïncidé avec la perte de nombreux symboles. Les tours jumelles, l’habeas corpus, la toute puissance américaine, Lehman, l’automobile. Voilà ce qui se passe quand on met l’idéologie avant le pragmatisme.

A ce propos, que dit le PS dans la crise actuelle? Ah oui, « à gauche toute ». Voilà qui ressemble plus furieusement à de l’idéologie qu’à du pragmatisme. JusMurmurandi voit déjà la similitude avec les jumelles du PS qui se sont tant battues qu’elle pourraient tomber. Mais les traiter de « tours » manquerait aux règles de la courtoisie…

5 commentaires

  1. Si je ne me trompe pas, le sénat américain est majoritairement démocrate.

    Enfin je ne vois pas pourquoi il faudrait « sauver » les principaux constructeurs d’automobile. On met sur la crise du crédit les raisons qui feraient qu’on achète plus leurs voitures. Alors qu’elles sont peut-être tous simplement merdiques. Une faillite permettrait au moins de libérer une main d’oeuvre qualifiée.

    Et je ne vois pas le rapport avec Lehman Brothers. La faillite d’une banque n’a pas les mêmes conséquences sur l’économie monétaire, c’est bien pour ça qu’on se doit de les renflouer.

    Commentaire by thomas — 12 décembre 2008 #

  2. Le Sénat est à une voix près à majorité démocrate, mais il y faut 60 voix (ils en ont 51) pour empêcher que les républicains ne fassent un « filibuster », c’est-à-dire fassent indéfiniment traîner en longueur la procédure, ce qui aboutit à un blocage de fait, et que certains sénateurs républicains avaient promis de faire.
    La crise des Big 3 est avant tout due à la cherté du pétrole pendant l’essentiel de 2008, qui a poussé les Américains à restreindre leurs achats de voitures et à s’orienter vers les petits véhicules plutôt que les 4×4 soiffards que produit Detroit. La crise du crédit puis la crise économique n’ont fait que contribuer à affaiblir encore le marché, qui est aujourd’hui à des niveaux des années 50.
    Le parallèle avec Lehman est le suivant, Thomas. L’administration Bush a laissé couler Lehman en estimant que c’était justifié et que le marché devait jouer son rôle. Le résultat a été une panique financière mondiale, beaucoup plus dramatique que le sauvetage et la nationalisation de Lehman ne l’eussent jamais été.
    Il est certes tentant d’en faire autant avec les Big 3, mais encore faut-il en regarder les conséquences en termes économiques avec un redoutable risque d’effet de domino. C’est exactement comme cela que s’est propagée la crise de 1929: l’administration républicaine de Hoover a laissé faire le marché, jugeant qu’il y aurait purge puis redémarrage assaini. On connaît la suite: dépression, misère profondes et deuxième guerre mondiale….

    Commentaire by JM2 — 14 décembre 2008 #

  3. La crise de 29 comme cause de la seconde guerre mondiale, ça tient plus de l’analyse marxiste que libérale.

    L’expansion mondiale de la crise n’a rien à voir avec un laisser-faire du marché, c’est tout le contraire même puisqu’elle dû à la politique inflationniste de la toute jeune banque centrale américaine qui souhaite alors favoriser la croissance économique. Sans cette politique de la banque centrale, la dépression n’aurait pas eu lieu et l’amplification de cette crise aurait été bien moins importante. Maintenant si pour vous la banque centrale c’est le laisser-faire politique…

    Commentaire by thomas — 14 décembre 2008 #

  4. La crise de 29 a entraîné une misère noire notamment en Allemagne, et c’est sur ce terreau-là qu’Adolf Hitler a été élu, avec les suites que l’on sait. Ce n’est pas être marxiste que de penser que la misère pousse les gens à des choix désespérés.
    Votre deuxième point, selon lequel la politique inflationniste a entraîné la dépression, est pour moi un mystère. C’est aussi la première fois que j’entends dire que la politique de l’administration Hoover était inflationniste.
    Je serais donc ravi d’apprendre et de comprendre, cher Thomas

    Commentaire by JM2 — 14 décembre 2008 #

  5. Sur les raisons propres à l’élection d’Hitler, n’importe quel ouvrage historique sérieux vous dira ce qu’il en est. Eh non, ce n’est pas toujours la-faute-au-social.

    Sur la politique inflationniste de la BC, lisez Ludwig Von Mises. Mais peut êtes-vous de l’autre école libérale, celle de Friedman.

    Commentaire by thomas — 16 décembre 2008 #

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