Madoff, plus fort que Kerviel!

décembre 14, 2008 on 8:20 | In France | Commentaires fermés

Jérôme Kerviel ne sait pas si la nouvelle est bonne ou mauvaise pour lui. De même qu’il avait éclipsé Nick Leeson, le trader qui, à lui seul, avait ruiné la banque anglaise Baring’s, les quelques 5 milliards de pertes que Kerviel a fait subir à la Société Générale sont peu de chose par rapport aux quelques 50 milliards de dollars qu’aurait flambés Bernard Madoff.

L’affaire est très étrange, et, à aujourd’hui, repose entièrement sur les déclarations en forme de confessions de Madoff. Celles notamment qu’il aurait faites à ses fils, qui se seraient empressés d’aller à la police dénoncer leur père…

Madoff avait monté une entreprise de gestion de fonds, tant pour des entreprises que pour des grandes fortunes, laquelle entreprise avait semblé prospérer. Tant et si bien que Madoff, un self-made man qui a commencé sa carrière comme maître-nageur, s’est retrouvé élu président du Nasdaq, la bourse américaine des valeurs technologiques.

Apparemment, en marge de la société « apparente », qui gérait quelques 17 milliards de dollars pour moins de 25 clients (on voit ici que Madoff ne traitait pas avec le menu fretin), il y aurait eu une société dissimulée qui aurait fait de lourdes pertes. Et Madoff utilisait semble-t-il les fonds qu’on lui confiait pour combler ces pertes. Cela s’appelle un système de Ponzi, ou une pyramide. Qui fonctionne très bien tant que de nouveaux déposants apportent assez de fonds pour servir des intérêts faramineux aux déposants précédents. Mais ça s’effondre quand ce n’est plus le cas.

Jusqu’au moment où, la crise financière venue, les demandes de retrait de fonds ont dépassé ce qui lui restait en caisse.

Cette affaire, à supposer qu’elle soit effectivement ce qu’on croit en voir aujourd’hui, car les déclarations de Madoff sont pour le moins étranges, pose de nombreuses questions.

D’abord, que faisait était la société d’audit qui certifiait les comptes de Madoff? Qu’elle était toute petite et peu connue n’était pas très bon signe, mais, quand on se souvient c’est la -alors- toute puissante Arthur Andersen qui certifiait les comptes d’Enron et de Worldcom, on ne peut en tirer d’enseignement définitif.

Ensuite, comment les banques qui traitaient avec Madoff ont-elles géré leur risque de contrepartie? Parce que 50 milliards de pertes, cela requiert de prendre de sacrées positions. Ou alors, les contreparties de Madoff étaient-elles toutes prises par Lehman Brothers?

Enfin, comment les déposants de si gros montants ont-ils pu oublier que toute rémunération élevée, telle que servie par Madoff, est en contrepartie d’un risque élevé, et que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel? Sauf que là, ce n’était pas un risque, mais une arnaque.

Et que faute d’avoir fait monter ses clients au ciel, Madoff va aller en enfer. Après le somptueux appartement sur la 5e avenue et Central Park, un petit 6m² en bail emphytéotique.

JusMurmurandi ne peut s’empêcher d’être fasciné par ces chutes vertigineuses d’hommes venus de nulle part (Bernie Ebbers, l’homme qui a monté MCI-WorldCom, société devenue gigantesque, de la taille de France Télécom, était auparavant professeur d’éducation physique).

Est-ce à celà que pensera Dominique Galouzeau de Villepin, qui sera passé des lambris dorés de l’hôtel Matignon au banc des accusés du Tribunal Correctionnel?
Bermard Madoff

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