Les petits cochons, les canards et le père Noël

décembre 21, 2008 on 10:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Jusmurmurandi a déjà souligné l’étonnante coïncidence entre la soudaine et imprévisible apparition de subventions américaines massives aux banques et la confession par les constructeurs automobiles de difficultés gravissimes. Comme si la possibilité de faire payer l’Oncle Sam avait eu un quelconque rapport avec le minutage de cette révélation. Comme si l’odeur de l’argent avait attisé les convoitises.

La mise en oeuvre du FSI français (Fonds stratégique d’investissements) nous donne un exemple du même tonneau. Le groupe Thomson serait en tête de liste pour bénéficier de son intervention. Sa situation est effectivement difficile, avec une trésorerie très tendue, et des activités déficitaires.

Le problème est que les difficultés de Thomson ne sont pas dues à la crise, elles datent de bien avant. Cette entreprise semble en permanence en train de repenser sa stratégie pour mieux en changer. Elle est sortie de toute une série d’activités, parmi lesquelles la fabrication de postes de télévision, dont elle fut le premier fabricant mondial, et qu’elle a cédée au chinois TCL, qui n’a pas l’air de s’en sortir très bien non plus d’ailleurs.

Aujourd’hui Thomson mélange les activités autour de la télédiffusion professionnelle, les « box » pour particuliers, et les revenus de très nombreux brevets. Un mélange corsé par 19 acquisitions en 3 ans, mais qui ne fait pas une mayonnaise homogène et goûteuse.

Bref, le FSI doit soutenir les entreprises, mais cela s’étend-il à celles qui sont en crise de leur propre fait? Car si les fabricants américains de voitures sont largement responsables, eux aussi, de leur déliquescence, au moins peuvent-ils faire valoir que la baisse de 40% du marché mettrait n’importe quel fabricant à genoux en quelques mois, y compris Toyota, qui annonce qu’il fera les premières pertes de son existence (en 67 ans…).

De ce point de vue là, JusMurmurandi ne voudrait pas être à la place de Gilles Michel, nouveau directeur général du FSI, qui va être le nouveau Père Noël, avec des euros plein sa hotte. Sauf que, de même que celui-ci n’exauce pas les voeux des enfants qui n’ont pas été sages, il ne devra pas non plus soutenir les entreprises qui n’auront d’autre mérite à faire valoir que leurs besoins.

Comme les deux petits cochons qui, ayant construit leurs demeures en paille et en bois pour se les voir souffler par le grand méchant loup, ont du demander asile au troisième cochon, qui avait bâti en « dur » sans autre mérite que celui de risquer de se faire manger. Et se transforment instantanément en cochons pleins d’une ardeur retrouvée qui se ruent sur l’auge pleine.

Car l’auge n’est pleine que du revenu de nos impôts futurs, et il ne faudrait donc pas se tromper d’espèce d’animal à nourrir. Car, si tout est bon dans le cochon, tel n’est pas le cas avec le canard, surtout quand il boîte.

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