Vie publique, vie privée?

décembre 23, 2008 on 6:02 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Les ennuis de Julien Dray sont sur la place publique. Pas ce qui va lui arriver, car personne n’en sait rien. Ce que la police lui reprocherait à savoir d’éventuels détournements de fonds au détriment de la FIDL (gros syndicat étudiant) et des Parrains de SOS Racisme est « du » à une fuite pour le moins imprécise, mais déjà assassine.

Ce qui intéresse JusMurmurandi dans cette affaire est la réaction du PS. Alors que l’UMP, par la voix de son porte-parole, Frédéric Lefevre, dénonce le déchaînement contre Dray, le PS s’est longuement -et significativement- tu. Quelques personnalités socialistes ont rappelé qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, comme Jack Lang, mais celui-ci n’a « pas réussi à le joindre » pour lui témoigner quoi que ce soit de plus tangible et racontable.

Mais hier, ce silence chaque jour plus assourdissant a pris fin par la voix de Benoît Hamon, porte-parole du PS. Contrairement à son homologue UMP qui déplore les « moments difficiles » que traverse l’élu socialiste, là, rien de personnel. « C’est une enquête préliminaire, on ne sait rien, il n’est pas mis en examen », assène Benoît Hamon. Comme soutien, on fait mieux.

Evidemment, on ne peut que se poser la question « à qui profite le crime? ».

A savoir se demander qui a intrumentalisé la « fuite » contre Dray, sachant que la presse ne manquerait pas de le lyncher. Et de ressortir au passage que celui-ci avait déjà été visé par une enquête sur des achats de montres très coûteuses, dont une, la plus chère, réglée largement en liquide, affaire pour laquelle il n’avait pas été poursuivi.

Il est tentant de dire que le « crime » profite aux sarkozyens au moment où s’agite un milieu lycéen dont Dray est l’interlocuteur au PS, et ce depuis de nombreuses années. Il est tout aussi tentant de remarquer que Dray a été l’un des soutiens les plus vigoureux de Ségolène Royal au PS, où elle n’en avait pas tant que cela au sein de l’appareil, et que ses ennuis ne doivent pas attrister tant que cela Martine Aubry, surtout s’ils finissaient par éliminer l’un des piliers du système de son opposante interne.

Mais le plus piquant est la phrase de Hamon suivant laquelle « c’est un dossier privé ». Privé, alors qu’il s’agit -le cas échéant- d’argent d’organisations on ne peut plus liées à l’activité politique de Julien Dray? Alors, les billets d’avion payés en liquide par Jacques Chirac, c’est privé aussi. Privé l’usage de l’appartement pharaonique de l’éphémère ministre des finances, Hervé Gaymard.

Bref, les fonctions et leurs avantages, c’est public, mais les « petits arrangements » et leur cortège d’éventuels ennuis, c’est privé.

Tant qu’à faire, une petite leçon d’histoire pour M. Hamon qui en est licencié. Celle de Joseph Caillaux, emblématique ministre socialiste des finances, crédité -si l’on peut dire- d’avoir inventé pour les Français l’impôt sur le revenu pour financer la guerre de 14.

Une série d’articles du Figaro a attaqué Caillaux très violemment, puis promis de dévoiler une correspondance très privée, tant et si mal (on ne peut écrire tant et si bien) que Mme Caillaux, poussée à bout, finit par pistoléter à mort son rédacteur en chef, Léon Calmettes. Ce pour quoi elle fut, d’ailleurs, acquitée dans un verdict pour le moins surprenant.

Alors, cela aussi, c’était privé, M. Hamon ?
Julien Dray

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