Même plus le droit de donner!

décembre 26, 2008 on 7:18 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | 3 Comments

« Savez-vous ce que c’est que donner? Il faut que JusMurmurandi vous l’explique: donner est la plus jolie chose du monde » aurait pu écrire la Marquise de Sévigné. En ces temps où Noël se déroule sur fond de crise, donner devrait être plus que jamais à l’ordre du jour. Deux exemples montrent que ce n’est pas si simple.

Depuis son arrivée à l’Elysée Nicolas Sarkozy s’est refusé à gracier qui que ce soit ou à amnistier quoi que ce soit, y compris les contraventions. Il dit y voir un pouvoir monarchique qui ne doit pas avoir droit de cité en République, sauf raisons humanitaires ou exceptionnelles, et, même dans ces cas là, plutôt des grâces partielles que totales. On est aux antipodes de l’usage américain qui veut que le Président sortant accorde des grâces par wagons aux derniers jours de son mandat.

Juste avant Noël Sarkozy vient pourtant d’accorder une grâce à 27 détenus « méritants », soit qu’ils l’aient été avant leur incarcération soit depuis, retenus parmi une quarantaine de cas proposés par la Chancellerie.

Il se trouve que, parmi les cas retenus figure Jean-Charles Marchiani, ce proche de Charles Pasqua qui est passé de serviteur de la République parfois au péril de sa vie à préfet condamné pour trafic d’influence. En clair il a perçu des commissions pour des marchés d’Etat, ce pour quoi il a été condamné et incarcéré, et la remise de peine de 6 mois octroyée par le Président pourrait lui permettre de bénéficier de la liberté conditionnelle en attendant de passer en jugement dans le procès dit de l’Angolagate.

La gauche n’a pas de termes assez vifs et violents pour dénoncer cette mesure, parlant de « reconstitution de privilèges », de « dérive du bon plaisir », de « monarchie » etc…

JusMurmurandi voudrait simplement rappeler à cette gauche qui oublie d’où elle vient et ce qu’elle a fait une grâce accordée par Robert Badinter, alors Garde des Sceaux de François Mitterrand et conscience morale autoproclamée à une catégorie de détenus qui n’en comptait que 7. 7 détenus, voilà qui serait fort peu, si, parmi ces 7 ne figurait pas Christina von Opel, richissime cliente que n’avaient pu empêcher d’aller en prison les efforts de son avocat d’alors, un certain Robert Badinter.

Autre petite leçon d’histoire, la revue des grâces accordées par la gauche inclut MM. Bové, Harlem Désir, Maxime Gremetz. JusMurmurandi n’a pas le souvenir que messieurs Bové, Gremetz ou Désir aient rendu à la République des services aussi risqués que ceux de l’agent secret Marchiani qui est allé, entre autres, sortir les otages Kaufman, Carton, Auque et Normandin des griffes du Hezbollah libanais, mission autrement plus dangereuse que de faucher quelques épis de maïs. Inversement, les mêmes donneurs de leçon (Montebourg, Hamon, etc..) se sont bien gardés d’user des mêmes épithètes quand Nicolas Sarkozy a gracié la terroriste italienne d’extrême gauche Marina Petrella. Terroristes des Brigades Rouges que n’avait pas graciés François Mitterrand, qui n’en avait même pas eu besoin puisqu’il leur avait tout simplement accordé au mépris et des lois et des traités une impunité et immunité pour les crimes commis en Italie du temps des meurtrières « années de plomb ».

Bref, le droit de grâce est juste aux yeux de la gauche quand c’est elle qui est au pouvoir, ou quand la droite ne n’en sert que pour gracier des gens de gauche. Même plus le droit de gracier.

Autre droit de donner contesté, celui de Liliane Bettencourt de disposer de sa fortune, l’un des plus importantes de France, puisqu’elle contrôle l’Oréal, et « pèse » quelques 17 milliards d’euros. Or cette dame dont l’âge est trop élevé pour qu’il soit bien élevé de le mentionner a donné des sommes de l’ordre d’un milliard d’euros à un photographe mondain de ses amis, François-Marie Banier. Et c’est sa propre fille qui conteste ce comportement, trouvant probablement que donner un milliard relève du gâtisme ou de la dépendance.

Les conseils d’administration de l’Oréal, où siègent à la fois Mme Bettencourt, sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, et son gendre Jean-Pierre Meyers ont toutes les chances d’être sportifs…

Bref, le droit de donner ne serait un droit un droit aux yeux de l’héritière Bettencourt qu’aussi longtemps que sa mère n’en use que très modérément, car si la somme d’un milliard peut paraître extravagante à beaucoup, on peut aussi se dire que ce « n’est que » 6% de sa fortune, dont il restera toujours un montant colossal pour sa fille.

Encore heureux que Liliane Bettencourt a fait ces donations au bienheureux photographe. C’est autant de moins qu’elle a donné à gérer à Bernie Madoff…

3 commentaires

  1. Joyeux Noel moussaillon …
    Je reste pourtant sur ma faim (malgré le festin de Noel), on n’arrive pas à savoir si vous considérez ces amnisties scandaleuses ou pas. A priori, elles ne vous choquent pas puisque la gauche les a pratiquées.
    Pour 2009, vous avez fait vos résolutions au fait ? Je vous suggère de changer un peu de modèle argumentatif.
    1/ Jujumorandini parle de l’actualité et choisi un sujet où le parti où il est encarté, est fustigé dans les médias et la gauche (ce qui est la même chose pour un Jujumorandini).
    2/ Jujumorandini trouve qu’en 1678 un type référencé de gauche a également eu un comportement similaire.
    3/ Conclusion, un partout, donc on ne change rien, on ne dénonce rien. Hormi bien sur ces horribles gens de gauche qui s’offusquent contre des pratiques qu’ils utilisent ou ont utilisé. Mais surtout ne pas prendre parti contre ces pratiques. Le seul truc dégueulasse, c’est que la gauche rouspète.

    Allez Jujumorandini, pour 2009, on veut de vraies prises de position même si cela doit compromettre votre carrière politique en tant que co-listier sur la liste UMP de Bignolade sur Seine.

    Commentaire by Blop — 26 décembre 2008 #

  2. Pour les grâces, est-ce à dessein que vous négligez de citer Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan en 1981 ?
    C’est vrai qu’on peut se dire que ce n’est pas la peine, tout le monde s’en souvient… Eh bien pas les Prétendus Socialistes !

    Commentaire by Paulot — 26 décembre 2008 #

  3. Paulot, vous avez 100% raison. De notre côté, nous avons choisi des grâces récentes encore beaucoup plus « politiques » à notre avis que celle accordée à Marchiani.
    Le but de l’article étant de dénoncer l’hypocrisie d’une position d’opposition systématique qui prétend ignorer son propre passé.
    Michel Rocard considère d’ailleurs comme stupide cette position, et dit que, pour être crédible, une opposition doit se prononcer texte par texte et non globalement.
    JusMurmurandi se reconnaît assez dans cette position, cher Blop. Nous ne sommes ni pour ni contre le principe des grâces, mais pas pour n’importe quels copains et coquins, pas pour n’importe quels crimes ou délits, pas avec n’importe quel conflit d’intérêts. Et, plus encore, nous sommes contre le fait de se servir de cette action de façon simpliste, hypocrite et démagogique pour pousser l’électorat dans cette voie qui conduira un jour tout droit à une forme de gouvernement élu par la rue et sur des slogans simplistes, comme cela se pratique régulièrement en Amérique latine, sous les noms de péronisme, chavisme et autres. Cela vous parait-il assez net comme prise de position?

    Commentaire by JM2 — 26 décembre 2008 #

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