Un contrat qui n’aide pas ?

avril 8, 2007 on 7:34 | In France | Commentaires fermés

Ségolène Royal a présenté son Contrat Première Chance pour les jeunes sans qualification, contrat dont JusMurmurandi a déjà parlé.

Les « précisions » (en fait une refonte d’urgence faite conjointement par Dominique Strauss-Kahn et la sociologue Dominique Meda pour pallier le rejet unanime du projet) données laissent, une fois de plus, JusMurmurandi perdu entre incrédulité et ahurissement.

- si le CPC se déroule positivement, l’employeur ne paye rien pendant 1 an (3 mois de mise à niveau, 9 mois de travail). Dominique Meda affirme « ce n’est pas un nouveau contrat aidé ». Si prendre en charge l’intégralité des charges salariales et patronales, ce n’est pas de l’aide, alors les mots n’ont plus de sens.

- si les 3 premiers mois ne se passent pas bien, et l’employeur choisit de ne pas donner suite avec un contrat de formation ou un CDI, il doit rembourser toute l’aide perçue (donc il y a bien une aide !).

Ce qui veut dire que, si tout se passe bien, il y a aide, sinon, il n’y a pas.

Bref, Mme Royal pense de la sorte comptabiliser un maximum de CPC « positifs » parce que « virer » le jeune coûte cher. Politiquement, elle a peut-être une logique. En entreprise, c’est exactement l’inverse qu’il faut faire.

Assurer l’entreprise qu’en cas d’échec, elle ne sera pas pénalisée au niveau aide, parce qu’elle le sera déjà économiquement par l’échec.

Et ne pas hésiter à demander un remboursement en cas de succès, parce que là le succès économique ne requiert plus qu’il y ait aide et effet d’aubaine.

L’aide intervient alors comme une assurance pour soutenir des TPE et PME. C’est le B A BA.

Mais comment Mme Royal et ses conseillers et autres sociologues le sauraient-ils, eux qui n’ont jamais travaillé en entreprise?

Mme Meda compte que le coût de ce nouveau CPC ne dépassera pas 1 milliard d’euros pour 80.000 jeunes.

L’Institut de l’Entreprise pense lui que cela coûtera le double, ce qui sous-entend que le PS a sous-estimé le coût de sa mesure.

Pour une fois, JusMurmurandi est de l’avis du PS. Le CPC ne coûtera pas plus d’1 milliard.

Il coûtera même beaucoup moins.

Tout simplement parce qu’il faudrait être fou pour en signer un.

Prendre un jeune non qualifié alors qu’il y a des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi?

Etre le seul à payer en cas d’échec, ce qui n’est pas à négliger si on considère la non-qualification comme un vrai handicap à l’insertion ?

Devoir signer moult contrats, avec tuteurs, contrôle, justifications, organismes d’Etat et régions?

JusMurmurandi pense que, contrairement aux contrats jeunes proposés par MM. Balladur et de Villepin, le CPC ne mettra personne dans la rue, et passera comme une lettre à la poste.

Avec « aux oubliettes » comme adresse marquée sur l’enveloppe.

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