A qui profite le crime?

janvier 4, 2009 on 4:34 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Israël frappe le Hamas qui frappe Israël. Rien de nouveau sous le soleil, sauf la date, 2009. L’Ukraine constate des baisses de livraison de gaz russe vers l’Europe, faute d’avoir signé un nouveau contrat d’approvisionnement et de transit. La Russie accuse l’Ukraine qui accuse la Russie. Rien de nouveau dans le froid, si ce n’est la date, 2009.

Rien non plus d’inattendu. Comme aucun nouveau contrat russo-ukrainien n’avait été approuvé par les parties, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode du bras de fer annuel entre les anciennes républiques soviétiques. Comme aucun modus vivendi n’avait été trouvée entre Israëliens et le Hamas, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode meurtrier entre les voisins ennemis.

Alors, bien sûr, on peut se demander pourquoi, dans les deux cas, cette situation de blocage annoncé.

Force est de constater que le pouvoir de Vladimir Poutine et de son acolyte Dimitri Medvedev est pour la première fois en grande difficulté face à la crise économique qui frappe la Russie. La baisse des prix des matières premières, à commencer par le pétrole et le gaz, réduit dramatiquement les rentrées de l’économie russe, qui en dépend très largement. Les ci-devant oligarques négocient un plan de sauvetage comme de très ordinaires banques ou fabricants d’automobiles américains. Les citoyens, en manque de confiance depuis l’aventure géorgienne, retrouvent les vieux réflexes de ceux qu’on a tondu plus souvent qu’à leur tour et sortent leur argent et de Russie et du rouble, qui s’enfonce. Dans ces conditions, trouver avec l’Ukraine un bouc émissaire qui détourne l’attention n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la révolution orange en Ukraine, qui avait suscité l’admiration d’une bonne partie du monde, n’a produit que des fruits amers. Une lutte permanente entre les 3 sempiternels personnages d’une comédie à l’ukrainienne, Yuschenko, Yanoukovitch et Timoshenko, se traduit par un immobilisme politique totalement inadapté aux difficultés du pays et au défi de la crise économique mondiale. Dans ces conditions, montrer l’Ukraine comme victime de la brutalité russe pou ressouder le soutien occidental n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la victoire du Hamas aux élections, puis l’éviction à la pointe du fusil du Fatah de la bande de Gazah n’ont produit que des fruits amers. Les mesures de rétorsion d’Israël et l’ostracisme de la communauté internationale qui refuse de discuter avec une organisation qui prône la disparition de l’Etat juif se traduisent par une misère et une désespérance croissantes dans ce territoire. Dans ces conditions, montrer à coups de tir de roquettes qu’on est la seule force qui combat activement Israël n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la coalition au pouvoir en Israël en Kadima et les travaillistes est menacée de perdre les prochaines élections en Israël, face au Likoud de Benjamin Netaniahu. La faillite de leur offensive précédente contre le Hamas n’y est pas pour rien, ni sans doute les soucis judiciaires de Ehud Olmert, le Premier Ministre. Montrer, et notamment pour Ehud Barak, ancien général de Tsahal, ancien Premier Ministre, et leader des travaillistes, sa détermination et sa capacité retrouvée à protéger Israël des attaques du Hamas n’est pas nécessairement un mauvais calcul, comme ne témoignent une remontée en flèche dans les sondages, même s’il est froid et cynique.

Il ressort que tant de calcul froid peut donner des frissons. Encore une confirmation que nous sommes bien en hiver, et pas que sur le plan météorologique. Et que toute similitude avec ceux qui tentent d’exploiter tel ou tel drame de l’actualité pour en tirer des avantages catégoriels n’est que, osons le dire sans peur du pléonasme, coïncidence fortuite.

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