Jamais le dimanche!

janvier 7, 2009 on 9:10 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’ordre du jour de la prochaine session parlementaire vient de sortir, et un texte manque à l’appel, celui sur l’autorisation du travail du dimanche.

Pourtant, Nicolas Sarkozy l’avait qualifié de réforme essentielle, et il bénéficie d’un soutien largement majoritaire dans l’opinion publique.

Qui plus est, le texte auquel on en était arrivé en décembre, au moment où la crainte d’une révolte de suffisamment de députés UMP pour causer une défaite parlementaire, n’avais plus de réforme que le nom et l’ombre. Il se bornait en tout et pour tout à faire passer le nombre légal de dimanches travaillés de 5 à 8. Pas de quoi fouetter un chat, ni mériter un texte de loi, encore moins une bataille parlementaire.

C’est peut-être cela qui a amené Nicolas Sarkozy à baisser pavillon sans gloire, à savoir qu’il valait peut-être mieux ne plus rien faire du tout que de se battre pour faire accoucher aux forceps d’une réforme aussi dérisoire.

En fait, par-delà l’enjeu politicien sur l’éventuelle chiraquisation de Sarkozy, sur la rébellion de dizaines de députés de son propre parti, ou sur la guérilla que mènerait contre lui Jean-François Copé, c’est un autre point qui intéresse JusMurmurandi.

Le projet de loi était explicite sur le fait que le travail du dimanche ne pouvait avoir lieu que sur la base du strict volontariat de chacun. En d’autres termes, ceux qui le voulaient pouvaient travailler le dimanche à la place d’un jour de semaine, et gagner plus.

Mais les opposants ont considéré que les Français n’étaient pas aptes à décider pour eux-mêmes de prendre ou non cette décision. Que les employeurs allaient les contraindre, par la menace, à accepter de travailler à leur corps défendant.

Cette notion qu’ils faut protéger les Français contre eux-mêmes est partout dans le droit du travail (ou plutôt le droit du non-travail en l’occurrence). Ainsi en France est-il illégal de baisser les salaires, même quand les partenaires sociaux sont d’accord. Ce qui fait que des entreprises ferment faute de compétitivité quand un sacrifice partiel eût permis de sauver l’essentiel.

A titre d’exemple, Volkswagen en Allemagne a baissé les salaires horaires pour conserver en Allemagne la production de la Golf, qui eût sans cela soit été produit ailleurs (en Europe centrale en l’occurrence) tout en évitant qu’elle ne soit proposée trop cher au marché. Ne pas pouvoir en faire autant chez Renault conduit à ce que les petites voitures qui profitent du courant écologique, des aides d’Etat et de la modération financière d’acheteurs échaudés par la crise sont tous produites à l’étranger. La France et les Français y gagnent-ils? Volkswagen, société allemande alors à capitaux d’Etat n’est quand même pas un modèle d’ultra-libéralisme. Est-il un tel exemple d’horreur économique qu’il ne faille surtout pas l’imiter?

De même pour le travail du dimanche, tous les experts s’accordent à prédire une augmentation de l’emploi global dans la distribution en cas de généralisation de cette mesure. En ces temps de crise et de remontée du chômage, ce serait une fort bonne chose.

Mais l’intérêt général, la volonté du Président, et des sondages indiquant clairement la préférence des Français n’ont pas suffi. Les députés savent mieux que tout cela réuni.

Il est vrai qu’il est tellement plus facile d’accuser quelqu’un d’avoir fait quelque chose que de n’avoir rien fait.

Peut-être est-ce 1940 (et non pas 1944-1945) qui a sanctifié la notion de Résistance. Mais cela ne suffit pas à faire de toute résistance ni une morale ni une politique.

JusMurmurandi pense qu’il est temps de créer le délit d’inertie.

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