Vous avez dit…videndes??? Et pourquoi pas des bonus en plus?
janvier 19, 2009 on 10:07 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 6 CommentsDes dividendes? Et puis quoi encore? JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre ahurissement et hallucination. Après une année 2008 sans précédent, où les banques ont dû, de par le monde, être renflouées par les Etats pour éviter d’être emportées comme la maison de paille du petit cochon par le souffle du grand méchant loup et d’être dévorées toutes crues par la crise, elles veulent faire comme si tout allait bien.
Et notamment distribuer des dividendes aux actionnaires et des bonus aux dirigeants. Argent qui, nécessairement sortirait d’un bilan renfloué et garanti par l’Etat, c’est-à-dire par les impôts des contribuables.
Les bonus, ou part variable de rémunération, comment les dirigeants pourraient-ils imaginer en toucher quand la survie même de leur Établissement a été mise en péril par les conséquences de leurs actes de gestion? Ce serait comme un guide de montagne ou un marin professionnel qui demanderaient leur salaire à des touristes qu’ils auraient emmenés au bord de la mort et qui n’auraient dû leur salut qu’à l’intervention de sauveteurs.
BNP-Paribas, qui mérite bien que l’on dise qu’elle a beaucoup mieux fait (ou moins mal, comme on voudra) que l’immense majorité de ses concurrentes, et qui est restée largement bénéficiaire en 2008, eût été la seule à pouvoir prétendre verser dividendes et bonus, vu qu’il y a effectivement des bénéfices à distribuer au lieu de feuilles de licenciement par dizaines de milliers comme ses concurrentes.
C’est, comme par hasard, celle qui a annoncé que ses dirigeants, MM Pébereau et Prot renonçaient à leurs bonus.
L’argument en faveur du versement des dividendes est plus fallacieux encore. Les actionnaires ont beaucoup souffert de la chute des cours des actions des banques en 2008. Ne pas leur verser de dividendes serait, à en entendre les apologues, les pénaliser plus encore.
JusMurmurandi rappelle qu’il y a des produits financiers à revenu garanti, qui s’appellent les obligations. Si les actionnaires avaient voulu, ils n’auraient eu qu’à en acheter à la place des actions. Mais, évidemment, ils n’auraient pas eu les fortes hausses de cours des dernières années. Bref, après avoir eu le meilleur, ils veulent éviter le pire, ou plutôt le refiler à l’Etat, suivant la tradition française de la privatisation des profits et de la nationalisation des pertes.
Et si les Etats ont du intervenir, c’est parce que les actionnaires n’avaient pas souhaité renflouer des banques en lesquelles ils ne croyaient visiblement plus. Et qui avaient donc de fait fait une croix sur tout dividende possible. Cette défection des actionnaires montre bien qu’il n’est pas nécessaire de leur verser un dividende pour éviter qu’ils ne s’abstiennent dans l’avenir, vu qu’ils s’abstiennent déjà massivement. C’est pour cela que les cours des actions des banques se sont effondrés, nettement plus que la moyenne des marchés. Et ces actionnaires devraient déjà être ravis que les Etats soient venus sauver leur capital en sauvant leurs banques, tels Zorro ou le Père Noël. Et en France cela ne diluera même pas ces actionnaires, contrairement aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne.
Ces mêmes banques, pour certaines d’entre elles, ont conseillé à leurs clients des investissements qui se sont retrouvé dans le gigantesque trou noir creusé par Madoff. Et après avoir vanté la qualité de leur gestion, leur prudence, leur réputation, leur diligence à vérifier les fonds qu’elles recommandaient, la sécurité de actifs sous-jacents dans des prospectus où le nom de Madoff ne figurait pas même en petits caractères, mais leur leur en gros, elles voudraient se laver les mains des conséquences de leur inconséquence. Et ne pas indemniser les victimes.
Il faut dire que, si elles indemnisaient les clients qu’elles ont induit à cet investissement catastrophique, il resterait moins d’argent pour les dividendes et les bonus.
Vous me direz que je fais un raccourci abusif, que ce n’est pas le même argent, et pas toutes les banques, et vous aurez raison.
Mais c’est la même attitude d’irresponsabilité.
Le Japon a une tradition de « seppuku », plus connu pour sa phase finale, le « hara-kiri », ou suicide rituel de celui qui s’est déshonoré.
Pour les uns, c’est manifestement impossible, vu qu’ils n’ont jamais eu d’honneur
Pour les autres, JusMurmurandi tient des sabres à votre disposition. Enfin, disons qu’une démission sans prévis ni indemnités suffira.
6 commentaires
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Cher Jus.
Juste quelques petites précisions concernant les dividendes.
Dans l’hypothèse où il ne serait versé aucun dividendes au titre de l’exercice 2008 par les différentes banques, le bénéfice partira en réserves. Lors des prochains exercices, quand tout le monde aura un peu oublié, ces réserves seront librement distribuables. Donc au pire il n’y aurait qu’un différé. La solution la plus équitable serait que les banques remboursent les sommes qu’elles ont perçues dans le cadre des plans de soutien (attention, je dis bien perçues, ce qui n’inclus pas les garanties non activées) et payer un intérêts pour la caution étatique. Après, elles font ce qu’elles veulent de leur bénéfice.
Commentaire by Sébastien — 19 janvier 2009 #
Vous avez tout à fait raison, Sébastien. JusMurmurandi n’entend pas que les banques, contrairement aux autres entreprises, n’aient plus jamais le droit de verser un dividende, au nom d’un quelconque péché originel, quoique qu’elles aient, pour certaines d’entre elles, très abondamment péché. Une fois, comme vous le dites, que les différentes couches de perfusion étatique auront été rémunérées puis retirées, elles redeviendront libres de leur politique de distribution.
Cela étant, même si les bénéfices mis en réserve sont distribuables, vous êtes trop fin observateur pour ne pas savoir que ce n’est pas la même chose de les distribuer, que de distribuer les résultats de l’exercice. Dans un cas il s’agit d’une mesure exceptionnelle, dans l’autre d’une politique qu’on souhaite stable. Les marchés aiment la seconde catégorie et ne goûtent guère la première, même si, dans certains cas, c’est mieux que rien.
Commentaire by JM2 — 20 janvier 2009 #
Je passe du coq à l’âne, mais toujours dans la rubrique Valse, ou Java, des millions… Où en sont l’affaire Air Lib et son dernier PDG, Jean-Charles Corbet, ça devait être jugé en appel dernièrement… Je vous suggère de faire un petit point là-dessus prochainement, il ne faudrait pas qu’on oublie le dernier scandale de la gauche au pouvoir.
Commentaire by Paulot — 20 janvier 2009 #
A notre connaissance, cher Paulot, le procès a eu lieu de fin septembre à fin décembre 2008, et le jugement est attendu le 27 février. Nous en reparlerons. Ceci parce que Corbet n’aurait jamais pu se livrer aux agissements pour lesquels il a été condamné en première instance sans la connivence active des pouvoirs publics, et notamment de Jean-Claude Gayssot, ministre communiste des transports, que tout eût du séparer de l’ancien pilote affairiste. Et compte tenu du rôle massif de l’Etat dans le sauvetage des banques et le soutien à l’économie, de nombreuses occasions vont se présenter de voir ces turpitudes se répéter
Commentaire by JM2 — 20 janvier 2009 #
Corbet n’aurait jamais pu se livrer aux agissements pour lesquels il a été condamné en première instance sans la connivence active des pouvoirs publics, et notamment de Jean-Claude Gayssot… qui en a fort probablement référé plus haut, du côté de l’hôte de Matignon de l’époque
Commentaire by Paulot — 21 janvier 2009 #
Désolé, cher Paulot, mais je n’étais pas là pour voir et entendre ce qui se passait -ou non- entre Gayssot et Matignon. Mais comme la « tolérance » et les « encouragements » du ministre à un Air Lib’ à la mode « mouton » (tondue, encore, et encore, et encore plus) entre les mains de Corbet, il est manifeste que, rien qu’à la lecture des journaux, Matignon savait de quoi il retournait et eût pu, d’un simple coup de téléphone, intervenir si le cours des choses ne lui avait pas convenu…
Commentaire by JM2 — 21 janvier 2009 #