A table!

février 11, 2009 on 7:25 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? On imagine facilement Nicolas Sarkozy se demander si tant d’efforts et de combats pour être élu Président de la République valaient le coup. Car le moins qu’on puisse dire est que sa présidence ne ressemble pas à ce qu’on pouvait imaginer. La faute à la crise, bien sûr, qui a bouleversé tous les équilibres.

Car ce qui est en train de se passer en Guadeloupe est ni plus ni moins une gifle pour le Président. Et ce n’est pas la première, ni la dernière. La population de l’ile, mécontente de « la vie chère » se met en grève. Et que constate-t-on? Que, pour peu qu’on veuille bien y jeter un coup d’oeil, la situation de distribution des carburants sur l’île est extravagante et entièrement à l’avantage du distributeur-raffineur qu’est Total, dont les stations-services sont, en outre, fermées pour empêcher l’ouverture de stations concurrentes! Le Secrétaire d’Etat Yves Jégo arrive sur place, et la valse des millions commence. Mise en oeuvre du RSA. Hausse des salaires de 200€ mensuels. JusMurmurandi vous rassure, ce ne sont pas les entreprises qui paieront, car elles exigent des compensations de l’Etat sous forme d’allègements de charges sociales. Et ainsi de suite.

Avant même que la situation de la Guadeloupe ne soit débloquée, la Martinique commence à faire de même, et les Martiniquais mettent la barre non pas à 200€, mais à 300€. Et la Guyane se dit qu’il n’y a aucune raison de ne pas en faire autant. Ce d’autant plus que c’est à la Réunion que tout a commencé et que l’Etat a ouvert grand son portefeuille.

Plusieurs commentaires s’imposent.

D’abord qu’il semble y avoir une étrange fatalité qui frappe les politiciens de droite dès lors qu’ils deviennent Présidents de la République. Que ce soient Giscard, Chirac, ou maintenant Sarkozy, élus à droite, ils ouvrent grand les cordons de la bourse (celle des autres, bien sûr, celle des contribuables présents et surtout futurs). Pourtant Sarkozy portait un projet clair, et on n’imaginait pas le voir tomber dans le radicalisme chiraquien. Oui, mais la crise est passée par là. Et Sarkozy, au-delà de mesures sociales annoncées dans sa campagne électorale et destinées à le dé-droitiser, tel le RSA, applique aujourd’hui une politique d’arrosage à tout-va que ne renierait pas un gouvernement de gauche. Il ne manque que la relance de la consommation.

La relance de la consommation, justement. C’est le dernier sujet à la mode. Toute demande d’avantages est aujourd’hui justifiée en disant qu’elle soutiendra l’activité économique, ou la consommation, ou l’emploi, voire les trois. Plus besoin de la justifier par la cause (le mérite, la justice, l’effort, par exemple), on justifie par l’effet. Et on ne discute plus « que » de l’efficacité relative des différents moyens (relance de la consommation contre relance par l’investissement ou soutien à l’industrie). Cela commence à ressembler à un glissement du capitalisme, où l’effet (rémunération) est adossé à la cause (à chacun suivant ses mérites) vers le communisme, où l’effet est adossé à tout autre chose (à chacun suivant ses besoins).

En conclusion, si l’aptitude d’un pays à minimiser la crise puis à en sortir rapidement est proportionnelle à l’intensité de la relance, alors il faut bien reconnaître que la France n’est pas très bien partie, d’autres pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment) annonçant qu’ils vont faire beaucoup plus que nous). Mais si cette « heureuse » sortie de crise est liée à la capacité de sa population à revendiquer en fonction de l’expression violente de ses besoins, alors la France a toutes les chances de figurer en tête du peloton. Pour une fois que les revendications sont « vertueuses ». Aux barricades, camarades, aux barricades!

Dans cet esprit de la relance par le besoin, JusMurmurandi demande ici solennellement à l’Etat un plan de relance de l’industrie du blog. La France, un moment première dans ce nouveau métier à la fois moderne, porteur d’avenir et « vert », a vu son leadership glisser. La faute, on s’en doute, à ces milliers de blogs délaissés par leurs auteurs, faute pour ceux-ci, écrasés de charges sociales, d’avoir les moyens en temps et en argent de les mettre à jour.

La proposition? Que chaque blogueur puisse passer 6 mois par an à son choix en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion aux frais de la collectivité reconnaissante. Transformer les DOM TOM en autant de Villa Medicis du futur, et les blogueurs en Prix de Rome, voilà une modernisation où tout le monde trouvera son compte. Et pour ce faire, bien sûr, il faudra doter ces îles d’infrastructures de télécommunications puissantes et modernes (du travail pour Alcatel et Astrium, des clients pour Orange et SFR), de moyens aéroportuaires accrus (voilà pour le bâtiment), afin de recevoir plus de visiteurs, venus en Airbus A380 (bon pour Airbus). Il ne manque plus que de l’énergie pour ne pas dépendre trop de l’affreux Total, alors on ajoute vite fait un EPR (bon pour Areva), et le tout est bouclé, et les îliens contents.

Comment, ce n’est pas encore fait? Mais que fait l’Etat? C’est indigne! Le Président nous méprise! Aux barricades, camarades, aux barricades! Vilipendons ce Président qui nous traite si mal. Disons-en pis que pendre, pour qu’il puisse mesurer la puissance de nos blogs, et l’ampleur de son erreur…

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