Petit cours de désinformation – 2

février 12, 2009 on 8:00 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités | 11 Comments

L’antisarkozysme a atteint un point tel dans notre belle France que tout journaliste qui n’affiche pas clairement son antisarkozysme militant – et vertueux – est aussitôt suspect de complaisances et donc d’amour du pouvoir ; Jusmurmurandi s’amuse ainsi de voir se recomposer le sens des mots dans un novlangue postmoderne (post-chiraquien ?) où le sarkozysme attribué tel un sceau d’infamie à tel ou tel journaliste, se limite in fine à, tout simplement, ne pas faire preuve d’antisarkozysme zélé. Jusmurmurandi se gausse grandement de cette asymétrie où, à l’image de la théologie médiévale où le mal était une privation de bien, le sarkozysme se laisse aujourd’hui définir par le bruit médiatique dominant, comme une privation d’antisarkozysme, et JusMurmurandi ne saurait donc être surpris de voir des « journalistes » de Radio France traiter de « collabos » David Pujadas et Laurence Ferrari pour avoir accepté le choix élyséen d’interviewer le Président.

 Certes, en France le ridicule ne tue plus depuis bien longtemps et l’on peut ainsi insulter à l’envi le Président de la République sur une radio publique, l’assimiler à un dictateur abominable, et le faire en toute impunité, tout en se faisant évidemment passer pour courageux et résistant. Si nos courageux journalistes résistants avaient un tant soit peu appris autre chose que leur manuel de « résistance pour adolescents osant dire à leur père que c’est un con », ils auraient remarqué qu’ils avaient sombré par un plouf navrant dans la « contradiction performative », erreur logique parmi les plus ridicules qui soient. Il s’agit d’une erreur où la possibilité de l’énoncé est contredite par son contenu : clairement, si Sarkozy était un dictateur nazi, il ne serait tout simplement pas possible de librement l’attaquer et de l’insulter ni de traiter les journalistes qui l’interviewent de « collabos » ; or, curieusement, les journalistes-résistants ont pu prononcer ces insultes en toute impunité, comme s’ils étaient dans un pays libre. Aux courageux intellectuels raillés par Desproges, osant critiquer Pinochet à plus de 5 000 kilomètres de Santiago du Chili, se sont substitués les courageux journalistes des radios publiques, payés chaque jour par l’Etat pour en dénoncer en toute liberté la dimension dictatoriale de son Chef qui aurait mis la main sur les media pour mieux les contrôler. Etonnant, non ?

 Mais cette anecdote qui fait sourire JusMurmurandi n’est rien à côté de celle de ce journalisticule Jean-François Couvrat qui, mendiant sans fin des chroniques dans le Monde mais se contentant maigrement d’un blog hébergé par le « journal de référence », a cru bon d’éprouver son Kolossal courage en rejoignant la meute, c’est-à-dire en tirant à boulets rouges sur le Président ; modestement intitulé « ré-informateur de l’économie », notre courageux blogueur s’est fendu d’un article à l’apparence informée, pour dresser le « bêtisier du Président ». Sa chronique, consacrée à l’intervention présidentielle de jeudi 5 février, déploie tout ce dont un antyisarkozyste patenté est capable pour se faire remarquer de la meute, en dénonçant trois prétendus mensonges du Président sous forme d’une lecture prétendument attentive, lecture attentive dont la mauvaise foi et l’incompétence presque touchante pourraient lui offrir une place de choix à la rédaction de Marianne.

 Et pour obtenir ses galons d’antisarkozysme, tout est bon. Croyant contredire le Président en remarquant que les services constituent en France un taux de 77, 3 % du PIB et non de 3 % comme l’avait dit le Président, il brandit fièrement un graphique de l’OCDE censé confirmer ses propos. Intrigué, JusMurmurandi s’est précipité sur ledit graphique et, première surprise, a aussitôt remarqué que le graphique censé être accusateur mentionnait la part des services dans… la valeur ajoutée et non dans le PIB ; M. Couvrat confond ainsi grotesquement la valeur ajoutée – qui contient pour une large part la production de services du service public – avec le PIB qui est fondé sur de tout autres critères.

 Mais au-delà de cette amusante confusion, que même le plus cancre d’un élève de première STG n’aurait pas osé commettre, JusMurmurandi rappelle que Sarkozy évoquait non pas les services en général, mais les services financiers, ce qui discrédite un peu plus encore cet involontairement désopilant arroseur arrosé.

 Le deuxième point dénoncé par M. Couvrat porte sur la baisse de la TVA au Royaume-Uni. Afin de contredire la nullité des effets d’une baisse de la TVA sur la consommation affirmée par le Président, Couvrat brandit l’argument supposé assassin : « Au Royaume Uni, la consommation des ménages en produits manufacturés s’est accrue de 2,6% de novembre à décembre 2008, et de 4,3% de décembre 2007 à décembre 2008. » Ah oui, à lire les choses ainsi, il semblerait qu’en effet la baisse de la TVA ait bien eu un impact sur la consommation : sauf que, toujours animé d’une mémoire immédiate, JusMurmurandi s’est rappelé que la TVA avait été baissée par M. Brown le … 1er décembre 2008 rendant ainsi grotesque pour le mois de novembre la corrélation établie entre la baisse de la TVA et la hausse de la consommation et replaçant celle-ci pour l’année 2008 dans le cadre d’une dynamique conjoncturelle de nature tendancielle parfaitement étrangère à la  baisse de la TVA survenue après.

 Ainsi ce pauvre M. Couvrat, croyant faire preuve d’esprit et de discernement en dressant le « bêtisier » (ce sont ses mots) du Président n’a fait que confirmer un peu plus sa propre incompétence ; mais la compétence importe peu lorsque les critères médiatiques du bon article sont ceux du degré d’antisarkozysme primaire et, à cet égard au moins, M. Couvrat est un excellent journaliste citoyen que tenait à saluer JusMurmurandi. 

11 commentaires

  1. Je note dans votre billet la multiplication des mots sarkozysme et antisarkozisme.

    Le suffixe isme définit en général une doctrine : libéralisme, communisme, taoisme, christianisme, trotskysme etc….

    Et le sarkozysme ? Pouvez vous le définir ? j’ai l’impression qu’il ne sait pas très bien où il va, donc de là à définir une doctrine.

    Mais mince, en disant ça, je suis suspecté d’antisarkozysme.

    Le sarkozysme ou l’antisarkozysme, c’est en fait une logique binaire 0 ou 1. Vous êtes avec lui, ou contre lui.

    Commentaire by Blop — 14 février 2009 #

  2. Mais bien sûr, vous soulevez le vrai problème : l’antisarkozysme seul existe réellement, et revient à s’opposer de manière inconditionnée à Sarkozy. le sarkozysme est une création de l’antisarkozysme, et c’est la raison pour laquelle je disais que le sarkozysme se définissait comme une absence d’antisarkozysme
    En somme, le sarkozysme et l’antisarkozysme me paraissent asymétriques, dans la mesure où le sarkozysme est une invention de toutes pièces, issue de l’antisarkozysme qui, lui, est bien réel.

    Commentaire by jm4 — 14 février 2009 #

  3. je crois que l’antisarkozysme est un concept bien pratique inventé par les Sarkozystes !
    Critiquer Sarkozy, et hop, vous êtes catalogués antisarkozysme primaire et le débat s’arrête là.
    L’antisarkozysme est donc un moyen très pratique d’esquive.
    En fait, c’est bien ce que je disais dans mon premier message, nous sommes dans une logique binaire, soit vous applaudissez béatement tout ce qu’il dit, soit vous ouvrez votre clapet et dans ce cas, vous faites de l’antisarkozisme.

    Bon, match de rugby dans 15 minutes, je vous laisse. Et ne manquez pas l’hymne, chant dont l’UMP fait la promotion, en déposant des lois complètement idiotes … Et là, je fais de l’antiguibalisme …

    Commentaire by Blop — 14 février 2009 #

  4. Pfff… Je crois que discuter avec vous sera difficile. Sophisme et belles lettres ne feront jamais arguments, vous devriez le savoir. Bon, en tout état de « la cause » (je vous laisse comprendre), vous êtes pro-sarkozy, ce qui à defaut d’être une idéologie, reste une posture particulière. Et de fait, vous ne voyez dés lors que ce qui vous arrange (ce qui nous fait au moins un point commun, in fine). A mon niveau de perception (que j’entends être plus complexe et subtil, les valeurs morales de la gauche restant à jamais supérieures à celles de la droite), je vous assure que le président ne supporte pas la contestation : regarder l’exemple du « prefet muté », la pantalonade judiciaire dans l’affaire du délit de fuite de « Sarko Jr », l’

    Commentaire by Zélote — 18 février 2009 #

  5. [suite]
    arrestation des pseudo terroristes « d’ultragauche », le « casse-toi pauv’con », etc…
    C’est peu de le dire, mais Sarkovsky n’a rien à envier à Poutine. Heureusement, les médias et la société civile (j’adore placer des expressions vides de sens) sont plus forts, du fait notamment des resistances profondes issues de la gauche militante et rationnelle (SUD, CGT, Parti de Gauche, …), celle que vous méprisez tant.

    Commentaire by Zélote — 18 février 2009 #

  6. [re-suite]
    Enfin, je finirais par ceci : retourner donc à l’école et ne séchez plus les cours d’économie. A la lecture de votre billet, je peux assurer que vous n’avez eu la moyenne dans cette matière :

    PIB = Somme des Valeurs Ajoutées + TVA + Droits et Taxes sur les importations-subventions sur les produits.

    Commentaire by Zélote — 18 février 2009 #

  7. A Blop,

    Je suis d’accord avec vous lorsque vous dites qu’une binarité est à l’oeuvre et qu’il y a en effet un aspect pour / contre Sarkozy qui se produit aujourd’hui, et que cela résulte en partie de la très forte personnalisation du pouvoir.
    Mais en revanche, on peut critiquer sarkozy sans faire preuve d’antisarkozysme, et surtout, on peut critiquer l’antisarkozysme sans être sarkozyste ; et c’est ce dernier aspect que ne comprennent pas les antisarkozystes.

    Commentaire by jm4 — 23 février 2009 #

  8. A Zélote :
    votre totale incapacité à vous concentrer sur un problème, votre convocation – habituelle dans la rhétorique d’extrême gauche – de toutes les rengaines éculées (casse toi pauv’con, etc.) utilisées pour n’importe quel sujet fait de vous un interlocuteur dénué d’intérêt, au point que vous ne parvenez pas à vous apercevoir que la définition que vous donnez du PIB abonde dans mon sens.
    En vous souhaitant une bonne auto-célébration de vos certitudes de supériorité morale et en vous remerciant de confirmer, par vos propos, les analyses de ce blog qui ne cessent – je vous le rappelle – de moquer l’orgueil de cette gauche qui se croit « morale » et qui se croit investie d’une mission de Bien face à la méchante droite, pleine de salauds, bien entendu. Amen.

    Commentaire by jm4 — 23 février 2009 #

  9. A Zélote
    la comparaison entre Poutine et Sarkozy est intéressante.
    Deux exemples: prise d’otages dans une école. A Neuilly, Sarkozy est entré pour sauver les enfants. A Beslan, Poutine a fait supprimer tout le monde, enfants et bandits.
    Les journalistes: Sarkozy convoque des états généraux et octroie (le mot est faible) une aide de 600 millions d’Euro à la presse quotidienne alors que le monde occidental traverse une crise sans précédent et assèche les finances de l’Etat.
    Poutine: il fait assassiner les journalistes qui ne lui conviennent pas (Politkovskaïa par exemple, mais il y en a d’autres) et fait fermer le journal qui révèle une liaison (ou plus si affinité) avec une jeunesse qui danse.
    Comment n’avions nous pas compris que Poutine et Sarkozy avaient tant de points communs ?? Merci à vous, Zélote, d’avoir ouvert nos yeux sur ce point.
    Et pour l’instant, pas de sang versé dans les palais de la République comme Grossouvre au temps de l’un de ses prédécesseurs, ou encore de ministres qui se suicident (Boulin, Bérégovoy…).
    Alors comme fou sanguinaire, pour l’instant, Sarkozy peut mieux faire.

    Commentaire by JM — 1 mars 2009 #

  10. Ce blog est-il destiné aux imbéciles ou aux sarkozistes ? Si l’auteur de l’article s’était un peu mieux renseigné avant de critiquer Couvrat, il aurait appris que le PIB est calculé comme étant la somme des Valeurs Ajoutées de toutes les branches.
    Qu’aujourd’hui il y en ait encore pour défendre l’incompétence du méchant petit nain de l’Elysée est très curieux. Je me souviens du mari de Carla Bruni disant qu’il voulait 3% de croissance par an. Et qu’il irait au besoin la chercher avec les dents. Ou encore que depuis 2002 il veut éradiquer la racaille des banlieues, au besoin au karcher. Résultat, année après année, il bat le record du nombre de voitures brûlées, des violences aux personnes.
    Qu’on me trouve un seul point positif dans le règne de sarko 1er !! J’attends !!!

    Commentaire by alexandre clement — 23 mai 2009 #

  11. Sans préjuger d’une réponse de l’auteur de cet article, je note que vous êtes tellement empressé de médire de Sarkozy, que vous le traitez de « méchant petit nain », ce qui est un pléonasme à tout le moins, les « grands nains » étant une espèce rarissime.
    Dans le même genre où, à force de vouloir être méchant on en devient bête, vous parlez de « défendre son incompétence », ce qui veut dire l’inverse de ce que la suite de votre flot bilieux donne à penser. Il aurait fallu écrire « défendre sa compétence » pour l’attaquer, alors qu’en fait, vous le défendez.
    Pour le reste, vous donnez à penser que chaque mauvaise nouvelle pour la France qui vous permet de constater un échec présidentiel, tel que vous le voyez, vous est si agréable que vous faites des bonds de joie, tel le marsupilami.
    Vous nous permettrez de ne pas vous suivre sur ce terrain.
    Et la comparaison des chiffres de croissance (négative) de la France et des autres grands pays développés pour le premier trimestre 2009 reste favorable à la France, ne vous en déplaise.

    Commentaire by JM2 — 24 mai 2009 #

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