Un plan de sauvetage…de l’opposition ?

février 14, 2009 on 6:51 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 4 Comments

Il y a des modes, des phénomènes qui sont dans l’air du temps. Ainsi par exemple, ces espèces de grand-messes qu’on appelle « états généraux » ou « Grenelle ». Le Grenelle de l’environnement, les états généraux de la presse. En fait ce sont des sortes de forums qui existent dès lors que l’État veut bien laisser n’importe qui discuter de n’importe quoi tout en assurant le financement dans une espèce d’orgie de repentance qui ne dit pas son nom.

Mais la mode la plus récente, c’est le plan de sauvetage. Plan de sauvetage des banques, plan de sauvetage de l’automobile, plan de sauvetage des DOM-TOM, à chacun suivant ses besoins. L’Etat semble avoir des moyens illimités, ce qui permet de voir que les Français ont une capacité illimitée à exprimer des besoins.

Celà étant ce n’est pas phénomène purement français, bien au contraire. Ainsi le tout nouveau Président Obama n’a-t-il eu de cesse de faire approuver son plan de relance de l’activité économique américaine, pour un montant proche de 800 milliards de dollars, ce qui ridiculise les 26 milliards d’euros du plan Sarkozy. Alors, bien sûr, il est possible d’y voir le fait que les Etats-Unis sont dans un état de délabrement économique bien plus aigu que le nôtre, et ce n’est pas faux.

Mai il y a une autre différence qui a attiré l’attention de JusMurmurandi. Le plan d’Obama a été discuté, charcuté, re-taillé avec les Républicains, et, s’il est passé avec succès par les deux chambres américaines, c’est grâce aux voix d’un nombre modeste mais indispensables de ces voix républicaines. C’est ce qu’outre Atlantique on appelle une approche bi-partisane.

Mais les Américains doivent être au moins deux fois plus doués que nous, car ici il n’y a que des approches partisanes. L’opposition, que ce soit le PS ou le Modem, refuse obstinément de voter quelque texte que ce soit qui émane du Gouvernement. Ils sont mêmes les seuls au monde qui aient refusé de voter le plan de soutien aux banques, avant de refuser de voter le plan de relance.

Il faut se souvenir que certains avaient tenté de franchir les barrières traditionnelles entre majorité et opposition. Comme par hasard, les deux principales figures de l’opposition à l’avoir fait se font attaquer: Bernard Kouchner dans un livre qui insinue faute de pouvoir démontrer, qui parle de conflit d’intérêt et de mélange de genres faute d’avoir trouvé quoi que ce soit d’illégal, et Eric Besson qui se voit maintenant traité de vichyste. Quant à Jack Lang, dont la voix a fait la différence lors du vote pour la réforme constitutionnelle, il est quasiment banni.

Ce comportement, bien sûr ignore superbement que François Mitterrand lui-même avait fait bon usage de l’ouverture à l’époque du gouvernement de Michel Rocard, mais le pS est trop fatigué pour s’en souvenir.

C’est pourquoi Nicolas Sarkozy est devant un dilemme. Il est clair que le PS est en grande difficulté du fait de la crise. Déjà avant, il avait été dépouillé par le processus d’ouverture, et n’avait pas de programme. Maintenant que la crise oblige le Président à des mesures de gauche, le PS n’a plus d’espace pour se distinguer de sa droite, plus de marché. Et comme le nouveau produit anticapitaliste de Besancenot (pardon, le nouveau parti anticapitaliste) le bloque à sa gauche, il n’y a plus de place pour le PS, qui est donc menacé d’asphyxie.

D’où la proposition sarkozyenne de lancer un plan de relance ou de sauvetage, comme on voudra, pour le PS. Après tout, il est au moins aussi indispensable à la vie politique française que les Antilles ou la Corse, alors ce serait bien naturel.

Le seul problème, c’est que ce plan de relance aussi, s’ils n’y prennent pas garde, les socialistes vont voter contre!

4 commentaires

  1. Vous qui parlez souvent de Paris et du médiocre Delanoe. Savez vous que durant son premier mandat, l’opposition UMP a vanté une seule fois dans le même sens que la majorité ? Il s’agit de l’augmentation des salaires des conseillers municipaux, quand il s’agit de nous voler, ces gens là s’entendent fatalement très bien. Mais sinon, ils se sont toujours opposés à tous les projets municipaux.
    Bref, en France, on a un système d’opposition frontale, surement issu de la révolution, chez nous, on ne discute pas, on coupe des têtes.

    Accessoirement, je note que quand Darcos propose des emplois aidés pour seconder les CPE, les socialistes parlent de sous emplois. Alors qu’ils ont effectivement souvent eu recours à ce type de contrat. Mais inversement, quand les socialistes faisaient dans les emplois jeunes et autres contrats de ce type, ils s’attiraient les foudres de la bande à Copé.
    Vous voyez, le système français est bien étrange.

    Commentaire by Blop — 15 février 2009 #

  2. « …il est possible d’y voir le fait que les Etats-Unis sont dans un état de délabrement économique bien plus aigu que le nôtre, et ce n’est pas faux… »

    Le déficit américain 2008 est équivalent à celui de la France mais il y a la charge exceptionnelle de la guerre en Irak, alors qu’en France le déficit est constant depuis 30 ans, pas de charge exceptionnelle.
    La dette publique américaine est équivalente à celle de la France mais elle comprend la retraite des fonctionnaires; si on ajoute les retraites à la dette publique officielle française, on se suicide illico.
    Et les dépenses publiques sont largement plus lourdes en France qu’aux USA.

    Conclusion : la situation en France est grave

    D’après http://jdch.blogspot.com
    Et je ne suis pas JDCH…

    Commentaire by Paulot — 16 février 2009 #

  3. Je ne sais plus qui disait que les statistiques sont comme les minijupes, cher Paulot, elles dévoilent beaucoup mais cachent l’essentiel. Pour compléter vos chiffres, on pourrait voir que le déficit US va atteindre suivant les prévisions officielles, 10% du PIB contre 5% ici, que le nombre de propriétaires menacés de saisie et la chute des valeurs immobilières est sans commune mesure avec ce qui se passe ici, que les valeurs auxquelles sont adossées les retraites américaines ont fondu, que la destruction d’emplois y est beaucoup plus rapide qu’ici, que leur système bancaire est beaucoup plus abimé que le nôtre etc…
    Bref, je ne nie pas que notre économie soit en mauvais état, notamment comme vous le soulignez, pour cause de dépense publique inconsidérée depuis grosso modo 1981. Mais l’économie américaine subit beaucoup plus fortement la crise. Tout au plus peut-on espérer pour eux qu’elle en sorte plus tôt et plus vite aussi.

    Commentaire by JM2 — 16 février 2009 #

  4. Vous n’avez pas tort d’attirer l’attention sur le comportement de l’opposition à Delanoë à la mairie de Paris. Ne voter qu’une fois, et encore, pour s’auto-augmenter, n’est pas très malin.
    C’est sans doute pour cela que les Parisiens les ont laissé à leur opposition systématique en reconduisant Delanoë.
    C’est aussi ce qui va arriver au PS au niveau national s’ils persistent. Car les Français perçoivent bien que la crise dépasse les clivages majorité-opposition, et que le temps requiert des hommes politiques qui sachent aussi les dépasser et voir plus loin que le bout de leur nez.
    Lequel bout, même s’il s’allonge tel celui de Pinocchio dans les circonstances que l’on sait, n’est quand même pas si loin que cela.

    Commentaire by JM2 — 16 février 2009 #

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