Plus Bush que Blair ?

avril 19, 2007 on 2:04 | In Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Au début de sa campagne, Ségolène Royal se disait volontiers « blairiste », faisant allusion à la modernisation que Tony Blair avait su imposer au parti travailliste britannique. Modernisation qui lui vaut dêtre au pouvoir depuis 10 ans sans interruption, durée sans précédent dans l’histoire de la monarchie d’outre-Manche. Et de même, elle aimait bien son surnom de « zapatera », du nom du Premier Ministre espagnol qui a modernisé le parti socialiste ouvrier espagnol.

Mais, à bien y regarder, est-elle vraiment blairo-zapateriste? Sur le fond, Tony Blair aussi bien que Jose-Luis Zapatero ont tous deux succédé à des gouvernements de type libéral (Thatcher et Major en Grande-Bretagne, Aznar en Espagne). Ces gouvernements avaient adopté des mesures de réforme en profondeur de l’économie de ces deux pays, notamment pour retrouver le plein emploi. Et ce avec un succès remarquable dans les 2 cas
Ni Blair ni Zapatero n’ont défait ce que leurs droites respectives avaient fait avant eux. Trop heureux que d’autres aient subi l’impopularité de réformes douloureuses, ils en ont habilement cueilli les fruits délicieux: croissance plus forte que la moyenne européenne, et forte réduction du chômage. Leur variété de socialisme ne les a pas poussé à augmenter les impôts, ils ont simplement profité de la bonne conjoncture pour redistribuer les fruits de la croissance

Est-ce ce que propose de faire Ségolène Royal? Pas du tout. Bien que la droite à laquelle elle succèderait ait été beaucoup plus modérée dans ses réformes que ses homologues anglaises et espagnoles, la candidate veut se dépêcher de défaire ce que la droite à fait. Par exemple le CNE, un contrat qui touche plus de 400.000 personnes. Comment l’Etat va modifier un contrat de manière rétroactive auquel il n’est pas partie prenante est d’ailleurs un exemple intéressant de bourbier juridique dans lequel le pays laisserait des forces qui pourraient être mieux employées ailleurs. Elle veut annuler les baisses d’impôts. Elle veut annuler les assouplissements des 35 heures. Bref, tout ce qu’a fait la droite est mauvais, nul, quasi diabolique.

Comme ce ne sont ni Blair ni Zapatero qui ont diabolisé leurs prédécesseurs au nom de certitudes idéologiques dont ils seraient les seuls détenteurs, on voit mal Mme Royal en blairiste ou en Zapatera. Comme Angela Merkel gouverne avec son opposition dans un « grande coalition » à l’allemande, elle ne les diabolise pas non plus bien sûr. Existe-t-il un grand pays d’économie de marché où le parti au pouvoir se comporte comme voudrait se comporter Mme Royal? Pas le Japon, où la continuité est une manière de vivre.

Alors n’en existe-t-il aucun pour voir si cette approche diabolisante fait ses preuves? Si, un: ce sont les Etats-Unis de George Bush! Mme Royal serait-elle donc, dans la manière et dans l’approche idéologique de la politique, plus une bushista qu’une blairiste ?

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