Le meilleur jeune économiste de France n’est pas le meilleur jeune amant de France : les tribulations de Thomas Piketty

mars 3, 2009 on 11:15 | In France | 4 Comments

Mardi 3 mars, Le Figaro révélait dans sa rubrique « Confidentiel » qu’Aurélie Filippetti, la jolie porte-flingue de Royal, titulaire d’une double agrégation de lettres classiques et d’antiracisme engagé, avait porté plainte contre son compagnon pour « violences entre conjoints », plainte dont l’intérêt paraîtrait somme toute fort limité si le compagnon auteur des coups n’était pas aussi célèbre : il s’agit en effet de Thomas Piketty, sacré en son temps « meilleur jeune économiste de France », ce qui en faisait à l’époque quelqu’un d’aussi considérable que Djibril Cissé, élu « meilleur espoir » du football par la FIFA la même année, et qui en fait aujourd’hui l’équivalent d’un Giscard, ancien plus jeune Président de la République française.

Mieux que cela, dans un roman se voulant inspiré de Zola et dont le style n’avait rien à envier à Marc Lévy, Aurélie Filippetti avait décrit le rôle des femmes dans les cités ouvrières, présentées comme le rouage essentiel de la pérennité du travail minier et de l’extraction de charbon. Loin d’une Nadine de Rothschild prônant la soumission et la discrétion de la femme, l’auteur-e exaltait le rôle central et structurant de la femme, aussi bien dans son cadre familial que professionnel, faisant de celle-ci le point nodal du monde social.

filippetti

 

 

Dans ces conditions, voir cette pauvre Aurélie, symbole du refus des violences conjugales, se faire physiquement maltraiter par son compagnon, dont le passeport de gauche assurait pourtant la gentillesse, la bonté et la détestation de toute forme de misogynie, inspire un certain nombre de réflexions. Tout d’abord, JusMurmurandi sait gré à Mme Filippetti de pratiquer avec courage ce que les anthropologues aiment à appeler « l’observation participante », c’est-à-dire l’immersion en milieu hostile du chercheur, afin d’observer les peuplades en se mêlant à elles. Voir une combattante engagée pour le droit des femmes devenir la victime physique de son propre compagnon ne peut qu’inviter à admirer la qualité de la chercheuse qui n’hésite pas à payer de sa personne. En revanche, si JusMurmurandi ne tarit pas d’éloges sur le sérieux et l’engagement de Mme Filippetti, il demeure plus circonspect quant à l’acuité psychologique de l’ancien plus jeune meilleur économiste de France, figure médiatique du PS, ne trouvant rien de mieux à faire que de s’illustrer en usant de sa force par trop phallocratique sur une jeune et innocente figure phare du féminisme ; en matière de communication, peut mieux faire.

 

 Aurélie, tu la vois ma main gauche ?

Aurélie va encore la sentir passer la redoutable main gauche…

 

Epilogue. Que Piketty se rassure, dans son éditorial de Libération, il pourra stigmatiser la presse bourgeoise et réactionnaire se nourrissant de bruits de « caniveaux », et vomira cette dérive sensationnaliste de la presse sarkozyste. Il hurlera à la face du monde son respect des femmes, le prouvera en rappelant qu’il est de gauche, et trouvera le moyen d’évoquer Sarkozy comme dérivatif expiatoire de ses propres turpitudes. Quant à la petite Aurélie, elle recevra un coup de téléphone réconfortant de Ségolène, qui lui suggérera certainement d’envoyer anonymement les photos de ses ecchymoses à Paris-Match afin de devenir en Une le symbole des femmes battues, tout en attaquant Paris-Match pour atteinte au droit à l’image.

4 commentaires

  1. Comment pouvez-vous dire qu’une plainte pour violence conjugale est d’un « intérêt limité » si l’auteur des coups n’est pas célèbre? Il faut vraiment n’avoir aucune conscience de ce que signifie pour une femme le fait de se faire battre par son conjoint, qu’il soit célèbre ou non.
    De plus votre ironie autour d’une éventuelle « observation participante » est tout simplement dégradante et contribue à nier à cette femme sa qualité de victime.
    Votre article témoigne non seulement d’une réelle méconnaissance des réalités associées à la violence conjugale mais aussi d’un machisme qui m’est vraiment insupportable.

    Commentaire by Marion — 4 mars 2009 #

  2. Bonjour

    Je crois que nous nous sommes mal compris.
    Pour répondre à votre premier point, ce n’est pas la plainte pour violence conjugale qui est d’un intérêt limité, ni la réalité de la violence, c’est sa diffusion médiatique. La violence conjugale demeure de l’ordre privé et n’a pas de raison d’être médiatiquement diffusée, ce qui ne remet en rien en cause la gravité de ces violences.
    Deuxièmement, je ne crois pas que l’ironie de l’article soit dégradante, à moins d’imposer un ordre un peu mortifère du premier degré, de la compassion généralisée et des pleurnicheries sans fin.

    Commentaire by jm4 — 4 mars 2009 #

  3. Ca ne va pas sans doute plaire à Marion, mais sachant que la Filippetti en question est une féministe, je préfère ne pas accabler d’avance ce M. Piketty. Allez savoir ce dont il est vraiment question…

    Commentaire by Thomas — 4 mars 2009 #

  4. Quelle férocité! Bravo!

    Commentaire by Elise — 5 mars 2009 #

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