Contre-feux!

mars 12, 2009 on 8:10 | In Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermés

Quand la plaine était en feu, et que celui-ci menaçait de s’étendre, que faisaient nos ancêtres qui ne disposaient pas de Canadair? Ils allumaient des contre-feux pour brûler par avance et de façon contrôlée ce que le feu allait utiliser comme combustible, le détourner et l’asphyxier. Cette méthode a conservé toute son actualité, à observer comment les politiques de tout bord l’utilisent.

Honneur aux dames, Martine Aubry par exemple lance une diatribe au vitriol contre Nicolas Sarkozy sur le sujet des libertés publiques. Aucun mot n’est trop dur dans ce « livre noir »: à commencer par le titre: »La France en liberté surveillée, la République en danger », un texte qui « prévoit d’appliquer aux internautes des mesures réservées jusqu’ici aux terroristes », les « restrictions de liberté », comme si Sarkozy « voulait que ceux qui souhaitent s’exprimer sur ce qui en va pas ne puissent pas le faire », et ainsi de suite.

JusMurmurandi n’avait pas noté que ce soit une préoccupation majeure des Français, et se considère suffisamment exigeant et intransigeant sur le sujet des libertés pour trouver ces termes incongrus.

Martine Aubry va plus loin: elle parle de « rafles de sans-papiers ». L’allusion à Vichy est transparente. Traiter de vichyste un Président qui voue un culte à la Résistance est le moyen le plus sûr de le faire perdre son calme, voire même intenter un procès, ce qui serait pain bénit pour le PS.

Mais Martine Aubry ne donne pas dans l’invective gratuite. Elle est trop fine pour ne pas savoir qu’elle a utilisé une expression qu’on qualifiera, à son choix, d’ambigüe ou de glauque. Mais pendant que l’attention des medias se porte sur ce brûlot (tiens, encore une allusion à un incendie), peut-être accorderont-ils moins de place à l’actualité du PS, où le marchandage des places sur les listes pour les élections européennes tourne au pugilat en place publique (encore un). C’est le contre-feu.

Mais Martine Aubry n’est pas la seule à user de cette méthode.

Ivan Colonna et ses avocats ont un problème: comment détourner l’attention de tout ce qui a fait condamner le berger corse pour l’assassinat du préfet Erignac. Sachant que ce « tout », c’est avant tout (si j’ose dire), les aveux de ses propres complices, qui, eux, ont avoué que c’est leur bande qui a commis le crime. Alors tout est bon pour détourner l’attention de ces aveux qui posent problème. Notamment le témoignage d’un policer qui dit en avoir informé d’autres que d’autres membres du commando seraient encore en liberté… ce qui ne disculpe en rien Colonna. Et ainsi, de témoins qui, vivant en Corse dans le village même de la famille Colonna, se rétractent ou se font porter pâles, de segments d’enquêtes prétendument mal conduites en demande de révocation du Président de la Cour, on détourne l’attention, ou on tente de la faire, de ce qui fâche. Il faut dire que, en Corse, les contre-feux sont une méthode ancestrale…

La finance mondiale, elle aussi est en feu. Et menace notre monde d’un ère glaciaire, avec forte régression du PNB et du niveau de vie de tous.

Et le monde, désespérément cherche un contre-feu. Mais là, ce n’est plus pour détourner l’attention…

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