Faire le Total!

mars 14, 2009 on 8:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

On connaissait déjà l’expression « faire la totale », pour désigner une opération faite au maximum, l’expression « faire le total », pour désigner une addition, voici maintenant « faire le Total », comme l’entreprise éponyme qui conjugue profits record et suppressions de postes.

Il faut dire que Total est déjà coupable, parce qu’ils ont dégagé un profit record pour une entreprise française de14 milliards d’euros. Il y a en France une vieille incapacité à aimer ses entreprises. Une idée marxisante suivant laquelle le profit ne peut être que le produit de l’exploitation des collaborateurs et des clients, ou catholicisante suivant laquelle le profit est, comme le culte de Mammon, « mal ».

Peu importe que Total n’ait, proportionnellement, pas gagné plus que ses rivaux, tous étrangers, ce qui montre qu’il a suivi les courbes de son industrie. Peu importe que Total n’ait aucune chance de renouveler cette performance aujourd’hui, compte tenu de l’effondrement du prix du pétrole et de la baisse de la demande survenus entre temps. Peu importe que Total paye d’autant plus d’impôts qu’il fait plus de bénéfices.

Alors, quand Total annonce qu’il va restructurer sa division raffinage, avec pour effet de supprimer 550 emplois à Gonfreville, c’est l’hallali. Peu importe qu’il n’y ait pas licenciements secs. Peu importe que Total investisse pour moderniser son outil de production. Peu importe que Total soit créateur net d’emplois en France. Aucun mot n’est trop dur pour condamner Total, et mettre face à face les profits d’un côté, et les suppressions d’emplois de l’autre.

Il est clair que Total n’a pas du être surpris de cette levée de boucliers et de la bordée d’insultes qui va avec. On peut donc se demander pourquoi ils n’ont pas attendu de publier des résultats du premier trimestre 2009, en forte baisse, pour que la pilule passe plus facilement.

Peut-être Total croit-il simplement que le droit suffit en France, et que le fait de ne pas remplacer des employés partant en retraite est un droit clair, puisqu’il n’y a pas de licenciements à justifier. Ce serait curieux de la part de la société qui a été agressée pour le naufrage de l’Erica, au mépris de toute la législation et de la jurisprudence existantes.

Croire que le droit suffit en France? Total ferait mieux de lire JusMurmurandi, tant il y d’exemples où hommes politiques, syndicats, groupes de pression et autres communautés d’intérêts ignorent froidement la loi dans leur quête du pouvoir et de l’argent. Et qui, le plus souvent, arrivent à leurs fins. Les violations de la loi à la Guadeloupe et à la Martinique se sont révélées payantes, et la séquestration du patron de Sony aussi.

JusMurmurandi a une solution simple à proposer à Total. Quand il y aura trop de profits, la prochaine fois, il suffira de les confier à un gourou de la finance infiniment respectable, qui se chargera de les faire disparaître en vitesse. Ce qui s’appelle subir une perte Total…. Comme cela, Total sera une victime qui prendra à regret les nécessaires mesures de restructuration, et non la multinationale sans foi ni loi qu’elle est menacée d’être aujourd’hui.

Comme quoi les Madoff de notre monde ont encore de beaux jours devant eux….

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