L’appât du gain

mars 17, 2009 on 7:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Gordon Brown se dit, maintenant, qu’il eût du se montrer plus ferme il y a 10 ans, à l’issue de la crise asiatique, pour imposer des réformes et des limites aux aspects « casino » de l’économie financière.
Sur un autre plan, le Premier Minstre chinois, Wen Jiabao, se dit préoccupé par les investissements colossaux que la Chine a faits en Bons du Trésor américains. Il veut espérer que les États-unis feront ce qu’ils faut pour rembourser cette dette.

Dans ces deux cas, et de nombreux autres où des « responsables » ont de semblables regrets tardifs, JusMurmurandi se demande vraiment qui peut croire à ces balivernes, sornettes, et contes pour enfants.

Brown savait très bien il y a 10 ans qu’un jour l’économie financière allait faire face à une crise, et que celle-ci serait proportionnelle aux risques prix, c’est à dire colossale. Wen Jiabao sait très bien pourquoi son pays achète des Bons du Trésor américains. Nous sommes tous au courant des déséquilibres structurels massifs qui affectent l’économie mondiale, mais nous faisons semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien sentir.

Pourquoi? Cela s’appelle l’appât du gain.

En laissant se développer la section « casino » de l’économie financière mondiale, Gordon Brown a permis à la City de Londres de créer quelques centaines de milliers d’emplois fortement rémunérés, et, ce faisant, de propulser l’économie britannique pendant 10 ans. 10 ans où, coïncidence certainement, il a été au pouvoir, comme Chancelier de l’Echiquier d’abord, puis comme Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté.

Wen Jiabao sait très bien que l’achat de Bons du Trésor américains joue un rôle déterminant dans la décision de toujours renouveler la clause de la nation la plus favorisée dont bénéficie la Chine de la part des Etats-Unis, clause qui favorise les exportations chinoises vers l’Amérique. Clause qui, soit dit en passant, est une véritable escroquerie au dépens de pays véritablement pauvres, et non « pauvre » comme la Chine, 2e économie mondiale, et seule à croître même en 2009 quand le monde entier sera en récession.

Il y a d’autres déséquilibres. Le tandem infernal du déficit budgétaire et du déficit commercial américains. Un jour, il faudra bien payer la note. La dette accumulée par certains pays (France, Italie, Japon notamment), et les déficits budgétaires correspondants. Sans compter les problèmes insurmontables de retraite des systèmes par répartition quand le ratio d’actifs à retraités sera tombé à 1 pour 1 en 2020.

JusMurmurandi entend d’ici les regrets des responsables d’alors, pour ce qu’ils n’auront pas fait en temps plus prospères.

Ainsi les socialistes français, qui ont eu la bonne fortune de gérer la prospérité de la fin des années 80 en ont profité pour créer le RMI, et celle des années 90 l’ont dépensée dans les 35 heures. Qu’ont-ils fait pour éviter la faillite inévitable des retraites? Rien. Pour combler une fois pour toutes le déficit budgétaire? Rien.

Il est tellement plus attirant, et électoralement payant de dépenser tout de suite l’argent qu’on a dans la poche (dans les poches des contribuables, bien entendu), et même celui qu’on aura demain, et après-demain, et encore après. Tellement plus joyeux de présider à la prospérité et à l’abondance d’aujourd’hui et de laisser à un quelconque successeur le fardeau de la crise de demain.

Notre article d’hier comparaît l’affreux parâtre autrichien Fritzl qui a enfermé sa fille et lui a fait 7 enfants en 24 ans d’inceste forcé et les piranhas de la finance internationale, Madoff en tête. Un commentaire a trouvé cet article « dur ». De fait, l’adage qui veut que « plaie d’argent ne soit pas mortelle » conduirait à penser que le sort des investisseurs qui ont perdu ce qu’ils ont confié à Madoff ou leur capital investi en titres Citigroup, AIG ou Lehman est bien clément comparé aux affres infernaux de la fille de Fritzl et de ses petits-enfants. Peut-être. Mais quand on fera le compte des innombrables désespoirs, ruines, dépressions et autres suicides ou folies meurtrières déclenchés chez ceux qui se sentiront -et non sans quelque raison- trahis par un système dont les coupables se votent envers et contre tout des bonus, on verra que Fritzl, par comparaison, n’aura été qu’un artisan de l’horreur, là où auront sévi de puissants industriels.

N’est-il pas temps de créer une section économique des crimes contre l’humanité?

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