Brèves histoires indécentes

mars 19, 2009 on 12:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Une infirmière est soupçonnée d’avoir détourné 800.000 euros en surfacturant la Sécu en 2007 et 2008. Pour obtenir une telle somme elle a facturé des actes qu’elle n’a jamais faits. Le problème, c’est qu’il eût fallu, si tout avait été fait dans les règles, qu’elle travaille 12 heures par jour 7 jours sur 7 à raison d’un acte pour les 3 minutes. Soit une charge de travail totalement invraisemblable, et une rémunération hors normes dans un pays où les infirmières sont pour la plupart tellement mal payées qu’on en manque.
La question que pose JusMurmurandi: où donc étaient les contrôleurs de la Sécu? A la plage? (cela s’est passé à Nice). N’y a-t-il aucun « regard » sur les chiffres quand ils deviennent par trop atypiques? S’il en faut tant pour que la Sécu réagisse, combien de « petits » détournements passent inaperçus? Quand on connaît le déficit de la Sécu, et les économies de bout de chandelle qu’il conduit à faire par ci par là, un tel laxisme est indécent.

Les Républicains américains tirent à boulets rouges sur l’Administration républicaine d’Obama. En cause, bien sûr, les scandaleux bonus de 160 millions de dollars qu’AIG va payer au titre de 2008 à des collaborateurs, alors même que sa déconfiture aura coûté des centaines de milliards aux contribuables américains. Les sénateurs accusent leurs homologues démocrates de ne pas avoir verrouillé ce point et subordonné la nouvelle tranche d’aide à l’annulation de cette clause des contrats de travail. Ils manquent pas d’air, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est leur Administration qui a eu 8 ans pour contrôler et réguler ce qui se passait. C’est leur Administration qui a mis au point le sauvetage d’AIG qui ne comprenait pas de clause d’annulation de bonus. C’est sous leur Administration que ce sont signés ces contrats indécents. Comme l’est aussi la prétendue indignation vertueuse des opposants d’aujourd’hui qui demandent des comptes sur ce qu’ils ont eux-mêmes fait hier.

Lundi à Roubaix, un garçon de 14 ans, déjà connu des services de police et conduisant une voiture volée, renverse une jeune fille de 15 ans et lui cause de multiples fractures. Le juge des enfants l’a remis en liberté en lui imposant des mesures éducatives. Qui peut croire que cet adolescent aura retenu la leçon et restera désormais dans le droit chemin? La prison est, c’est bien connu, l’école de la récidive. Mais, dans un cas comme celui-ci, l’impunité, c’en est l’université!

A Moscou, Yelena Baturina, 46 ans, a demandé au Kremlin que l’Etat russe garantisse un milliard de dollars de dettes de son entreprise, le promoteur immobilier Inteko, qu’on suppose donc en grande difficulté. Mme Baturina est connue pour avoir été la seule femme milliardaire de Russie, avec un pic à plus de 3 milliards, dont elle aurait aujourd’hui perdu au moins 2,3 milliards. Déjà, il peut paraître indécent qu’une femme aussi riche demande à l’Etat de la tirer d’une situation où elle s’est elle-même mise en étant illiquide et endettée au moment où la crise a frappé. Ce dans un pays où la disparité entre riches et pauvres est extrême.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est que Yelena Baturina est la femme du très puissant maire de Moscou, Yuri Luzhkov…

Depuis le Zimbabwe, le vieux dictateur Robert Mugabe « au nom du peuple zimbabwéen » a appelé les Etats-Unis et l’Union Européenne à lever les sactions économiques qui frappent son pays, car elles sont « inhumaines, cruelles et infondées ». Comment Mugabe ose-t-il parler au nom d’un peuple qu’il a si mal dirigé pendant près de 30 ans, dont il a fait battre, voire assassiner les opposants, dont il a détourné le vote, dont il a pillé les biens? Et surtout, qu’il dise que les sanctions sont inhumaines et cruelles, passe encore. Il y a un vrai débat sur de telles sanctions, leur efficacité et les dégâts collatéraux qu’elles entraînent. Mais qu’il dise qu’elles sont infondées est totalement indécent. S’il y a un Etat au monde qui a été ravagé avant tout par ses dirigeants, c’est le Zimbabwe. Quand la voix de cette vieille crapule se taira-t-elle enfin?

En matière de crapule, en voici une autre. Josef Kumpf, 83 ans, a été déporté par les Etats-unis, son pays d’adoption, vers son Autriche natale, après avoir perdu sa nationalité américaine. La cause: il a été pendant la seconde guerre mondiale, en tant que membre de la sinistre SS « Totenkopf », garde aux camps allemand de Sachsenhausen puis polonais de Trawniky. C’est là qu’il assista au massacre par balles de quelques 8000 juifs, avec ordre de tirer et d’achever fuyards et survivants éventuels.
Vous nous direz: qu’y a-t-il d’indécent (le thème de ce billet, après tout), à ce que les États-Unis déportent pareille ordure? C’est que l’Autriche ne poursuivra pas Kumpf, pour cause de prescription depuis 1965! JusMurmurandi croyait que des actes tels que ceux de Kumpf relevaient des crimes contre l’Humanité, et que ceux-ci sont, toujours à notre connaissance, imprescriptibles. Visiblement, l’Autriche en a décidé autrement, et cette prescription, qui eût en France sauvé Barbie, Leguay, Bousquet, Papon et Touvier, entre autres, permet à ce pays de ne plus rouvrir ce chapitre quelque peu gênant -ou plutôt qui devrait l’être, et qui le serait s’il n’était étouffé par un silence imposé- de son histoire. Ce qui lui a permis, il y a quelques années, de porter un certain Kurt Waldheim à sa présidence malgré son passé nazi.
De la sorte, Josef Kumpf finira ses jours en paix dans son pays natal. Waldheim est mort il y a deux ans, mais nul doute que d’autres comme lui feront que Kumpf ne se sentira pas trop seul. Subitement les mots n’ont plus de sens, et même celui d’indécence paraît tellement insuffisant…

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