Le temps des otages

avril 13, 2009 on 5:40 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Vous pourriez vous attendre, en ce temps de Pâques, à ce que JusMurmurandi vous parle des cloches qui sonnent, sonnent, sonnent. Ou en ce début de printemps, des première fleurs qui constellent la nature. Las! Ce sont les bruits de prises d’otages qui sonnent partout, et qui constellent la nature.

Prises d’otages au large de l’Afrique. Un bateau français, le Tanit en est la victime avec 4 personnes. Les forces françaises interviennent pour forcer leur libération. Un otage français en est la victime. Il est à noter que la France a manifestement décidé d’user de la force pour libérer ses otages, avec le Tanit comme auparavant avec le Ponant. Les pirates somaliens finiront par se rendre compte qu’attaquer un bateau au pavillon tricolore peut rapporter du plomb en partage, et pourraient se replier sur des pavillons plus riches en dollars et plus pauvres coups de feu. Sauf que l’Administration Obama vient de donner le signal qu’elle aussi est prête à aller au charbon, en libérant par la force le capitaine d’un bateau déjà libéré par son propre équipage. Il semble que le temps des prises d’otages sans risques mais pas sans profit est terminé pour les pirates du Puntland.

La même dialectique est à l’œuvre avec les « séquestrations » de cadres d’entreprises qui se multiplient en France. D’abord, je n’ai pas trouvé de différence de mise en œuvre avec les prises d’otages somaliennes. Et, comme elles, jusqu’ici cela paye à tout coup. Sans risques, mais pas sans profit. Elles vont donc se systématiser, d’autant plus que les entreprises dont les cadres en sont victimes ne portent pas plainte, sans doute pour ne pas attiser encore plus les flammes du conflit. On peut prédire qu’après cette phase viendra, comme en Somalie, la phase du plomb, quand l’Etat démontrera que force doit rester à la loi. La gauche et les syndicats qui « comprennent » sans « excuser », qui expliquent que tout ceci fait partie d’une légitime volonté de « négocier » auront alors beau jeu de hurler au pouvoir facisto-policier.

Autre prise d’otages dont le nom n’est jamais prononcé: nous tous. Les preneurs d’otages sont les banques qui ont frôlé la grande culbute l’année dernière. On nous a bel et bien pris des dizaines de milliards pour les leur transférer et rétablie une confiance enfuie. C’était ça, et payer, ou mourir, comme en Somalie. Là où ça va devenir croustillant, c’est quand ces établissements vont se pavaner, comme les pirates le font avec leurs 4×4 flambants neufs (le Puntland est en train de devenir la région la plus riche d’Afrique en termes de 4×4, c’est dire), et exhiber de plantureux bénéfices pour le premier trimestre 2009, comme le fit déjà la banque américaine Wells Fargo. La poudre a déjà parlé contre les bonus et autres stocks options et parts variables que des banquiers et autres traders autistes voulaient se verser et percevoir après que leur entreprise ait failli verser. Visiblement, ce n’était que la première salve, et d’autres sont à venir!

Car la différence avec la Somalie, c’est que nous ne pouvons pas, comme on l’avait conseillé au Tanit, passer au large. Les banques sont un passage obligé de notre économie. C’est pourquoi il n’est pas possible de payer en plomb ou en monnaie de singe. Ce n’est pas demain que Sarkozy enverra les fusiliers de Marine à l’assaut de BNP-Paribas. Joyeuses Pâques!

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.