Nous sommes tous des victimes! Tous, non, car un homme seul résiste…

avril 22, 2009 on 8:20 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il y en a marre! Il y a quelques semaines, JusMurmurandi mettait en avant à quel point se poser en victimes permettait à certains de se croire le droit de faire n’importe quoi. Depuis, les exemples se sont multipliés jusqu’à l’indécence la plus totale.

Indécent (le mot est faible), le lamentable Ahmadinejad quand il se pose, avec tous les musulmans, en victime de la création de l’Etat d’Israël. Comment cela a affecté l’Iran, qui n’est ni arabe, ni sémite, ni voisin, nul ne le sait sauf lui. Si le seul grief qu’il a contre Israël est que celui-ci ne traite pas les Palestiniens, ses frères musulmans, comme lui, Ahmadinejad le voudrait, alors tout l’Occident est aussi coupable qu’Israël. Il faudrait quand même lui rappeler que l’Islam n’est pas un, mais pluriel, que les guerres entre sunnites et chiites ont fait infiniment plus de morts qu’entre juifs et arabes, et que la dernière guerre qui ait impliqué l’Iran était avec son voisin irakien, sémite et arabe. Une victime, Ahmadinejad?

Indécents, les employés de GDF et EDF qui coupent le courant pour obtenir de meilleurs salaires alors qu’ils sont, par construction, dans ces entreprises où règne la garantie de l’emploi, les seuls Français avec les fonctionnaires à n’être absolument pas touchés par la crise. Des victimes, les gaziers et électriciens? Qu’ils en parlent aux licenciés de Continental ou de Molex, et ils devront la ramener un peu moins. Lesquels futurs ex-employés se croient le droit de faire n’importe quoi, comme de prendre des otages et casser une sous-préfecture au nom de leurs droits de victimes. Sans se rendre compte qu’ils dégoutent absolument tout repreneur potentiel de leurs sites et tout investisseur sur leur bassin d’emploi. Qu’ils se souviennent que les principales victimes du combat jusqu’au-boutiste des Lip à Palente ont été les ouvriers eux-mêmes, qui se sont rendus inemployables par leur extrémisme.

Indécents le commentaires anxiogènes des médecins qui s’élèvent contre la loi Bachelot de réforme le la santé. Les faits sont clairs, même si ces mandarins veulent les dissimuler: le système de santé français est l’un des plus chers au monde (le second en pourcentage du PIB après les USA), sans bénéfice de santé ou de confort visibles par rapport à son voisin allemand, moins cher d’un quart. Et si la santé coûte de plus en plus cher, poussée en avant par le vieillissement de la population et les thérapies nouvelles très onéreuses, c’est un argent qui se retrouve dans les poches de la profession médicale au sens large, qui ne connaît pas la crise. Alors affoler les Français en leur donnant à craindre un rationnement des soins et une approche minimaliste à l’anglaise pour obtenir le droit de continuer à émettre des chèques en blanc payés par les assurés, cela ne fait pas d’eux des victimes du ministre Bachelot. Ce sont au contraire les Français qui sont victimes de ces mauvaises pratiques ruineuses masquées par un bon niveau de santé que les médecins présentent comme inséparablement liés.

Indécents les commentaires de tel ou tel homme ou femme politique qui, à propos de tout et de rien, dit que Sarkozy « casse » la France, qui est de cette façon, sa victime. C’est oublier ce que ce mot de « casse » veut dire. La France sarkozyenne est, comme avant, un pays de droit et de loi, où la démocratie donnera des possibilités multiples à l’opposition de revenir aux affaires et de défaire, s’ils n’ont rien de mieux à faire, tout ce qu’aura monté leur prédécesseur. Et la lecture de la presse montre que, s’il y a une victime à chercher, ce n’est pas la France victime de Sarkozy, c’est Sarkozy victime d’une presse quasi-unanimement hostile. JusMurmurandi rit encore des commentaires de la même tendance qui affirmait il y a deux ans que la France ne serait plus pluraliste parce que le Président entretenait des rapports dominateurs avec les patrons de presse. Cet anathème jeté trop vite montre à quel point ils ont raconté n’importe quoi, tant il est difficile de trouver aujourd’hui un journal ou un magazine qui ne soit pas d’opposition.

Il est d’ailleurs caractéristique que Nicolas Sarkozy ne se pose pas, lui, en victime de qui ou de quoi que ce soit. Au lieu de se plaindre de la crise, dont pourtant il n’est en rien responsable, et qui torpille les plans qu’il avait pour sa présidence, il se borne à dire qu’il faut travailler plus et plus encore pour s’en sortir, et montre l’exemple. C’est peut-être pour cela qu’à force de ne pas se poser en victime, il n’est plus en phase avec une société française où tout le monde rêve de l’être, pour ne plus être responsable de rien et avoir droit à tout.

Il y a une vingtaine d’années, tous les Français rêvaient d’une carrière de fonctionnaire, à l’abri du chômage. Maintenant ils rêvent d’un rôle de victime, à l’abri de la réalité et des devoirs.

Et, en attendant, qui va payer?

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