Adecco ad hoc et Pôle Contre-Emploi

avril 28, 2009 on 7:01 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

La situation est simple: il y a aujourd’hui une forte augmentation du chômage en France. De ce fait, il faut plus de gens pour « traiter » les chômeurs. Les inscrire, les recevoir, les conseiller, les aider à retrouver un emploi, leur verser des indemnités. Ce sont les missions confiées à ce qui s’appelaient l’ANPE et les ASSEDIC, aujourd’hui fusionnées dans Pôle Emploi.

Comme il y a, donc, une forte augmentation du nombre de chômeurs, il y a une forte augmentation de la charge de travail à Pôle Emploi, qui n’est pas en état de l’assumer. D’où des personnels surchargés, des dossiers et des gens en attente, bref l’Administration sous son mauvais visage, tant pour ses employés que pour les administrés.

Dans le même temps, s’il y a plus de chômage, c’est qu’il y a moins d’emploi, comme eût dit M. de la Palice. Et quand il y a moins d’emploi, les premiers à en pâtir sont les emplois intérimaires, dont la suppression ne coûte quasiment rien, à la différence d’un plan social et de licenciements. De ce fait, les agences d’intérim, face à un marché en baisse de quelques 40%, ont des personnels notoirement sous-employés.

C’est là qu’intervient François Davy, Président de la société d’intérim ADECCO, et c’est aussi simple que 2 plus 2.

Les personnels des sociétés d’intérim connaissent bien le marché de l’emploi et les entreprises, puisque placer des gens est leur gagne-pain quotidien. Pôle Emploi n’a pas assez de personnels pour tenter de placer tous les demandeurs d’emploi. Adecco et ses confrères ont trop de gens par rapport au travail à réaliser.

D’où l’idée de François Davy que Pôle Emploi « fasse appel » (vous noterez le recours aux guillemets) aux sociétés d’intérim pour les aider à placer plus de demandeurs d’emploi.

Ce qui aurait en outre l’avantage d’éviter que ces sociétés d’intérim ne recourent à des plans sociaux massifs pour s’alléger de leurs propres personnels inoccupés.

C’est du bon sens à l’état pur.

Çà n’a donc aucune chance d’arriver. Ou, au mieux, trop tard, compte tenu du nombre incalculable d’obstacles à surmonter, corporatistes aussi bien qu’administratifs.

Les syndicats de personnels de Pôle Emploi qui hurleraient à la privatisation déguisée et rampante de leur métier, aux cadeaux faits aux patrons, à la casse du service public. Les personnels eux-mêmes qui ne voudraient surtout pas qu’on leur enlève leur surcharge qui leur permet de se plaindre, de n’être pas responsables du chaos et de négocier, le moment venu, des avantages sonnants et trébuchants. La gauche qui démontrera le manque de moyens pour ce service vital, et dénoncera la catastrophique fusion ANPE ASSEDIC. Et surtout, personne n’a envie que qui que ce soit puisse comparer les performances du service public (Pôle Emploi) avec celles du privé (sociétés d’intérim).

Si vous vous demandez quel est donc le mal français, en voici un bon exemple.

Dans le même temps, l’Administration Obama mène tambour battant la tentative de restructuration de l’automobile américaine. Il faut obtenir des concessions des syndicats en contre-partie d’actions de Chrysler et GM, et donc transformer les ouvriers en actionnaires. Il faut transformer les créanciers en actionnaires, en contrepartie d’abandons de créances. Le tout largement financé par de l’argent public. Le mélange des genres est complet, dans l’espoir de servir l’intérêt général.

L’intéret général aux USA, censément ultra-libéraux, et les intérêts catégoriels en France, théoriquement détentrice d’un modèle social exceptionnel et compassionnel?

JusMurmurandi compare et pleure.

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