Malbouffe à la française

avril 29, 2009 on 6:42 | In France | Commentaires fermés

Voilà, c’est fait, à partir du 1e juillet la T.V.A. sur la restauration passe à 5,5%. Nicolas Sarkozy fait ce que Chirac avait seulement promis. Lui, qu’on dit si mal vu de ses collègues européens a obtenu ce à quoi Chirac, tellement plus courtois et convivial, n’avait pu aboutir.

D’où vient que cette mesure de baisse d’impôts dont on attend une hausse de pouvoir d’achat et une hausse de l’emploi, donc a priori une fort bonne chose en temps de crise, laisse à JusMurmurandi un goût de cendre et d’amertume, peu conforme avec les produits de la gastronomie française?

Le problème, c’est que JusMurmurandi a de la mémoire, se souvient de l’origine du dossier. Au départ, il y avait deux problèmes. L’un, que les cafés et restaurants étaient perçus comme des employeurs tellement peu attractifs qu’ils n’arrivaient pas à embaucher, même dans une France qui comptait largement plus de 2 millions de chômeurs. Ce qui, soit dit en passant, illustre à quel point la recherche de travail n’est pas frénétique pour certains demandeurs d’emploi. L’autre problème était que la restauration « à emporter » n’était taxée qu’à 5,5% et que cette différence de TVA créait une distorsion de concurrence, et que les Français délaissaient le bœuf bourguignon pour le sandwich.

Qu’en est-il aujourd’hui? Le métier promet 20.000 créations d’emplois plus 20.000 apprentis en 2 ans, mais de manière non contraignante. Ce qui met la création d’emplois, à supposer qu’elle se matérialise, à un coût record pour la collectivité. Et les baisses de prix, réclamées pour éviter la fuite des clients vers la sandwicherie, sera, au mieux, très sélective, sur quelques articles, comme le café, ou le plat du jour, et pas du montant total de la baisse de taux.

Le reste? Et bien, certains dans la profession ne le cachent pas, avec une totale absence de vergogne, le solde servira à « restaurer les marges de la profession », mises à mal par la crise. Donc, une fois de plus, l’État est le dindon de la farce, et le contribuable le pigeon qu’on plume. Car si l’État devait restaurer, par des baisses d’impôts, les marges de toutes les entreprises qui souffrent de la crise, les finances islandaises, espagnoles ou britanniques seraient des modèles de vertu par rapport à ce que seraient les françaises.

D’où l’amertume qui empêche de dire à ce vieux roublard de Daguin: « bien joué ». Et aussi le souvenir des actions des membres d’une autre branche de la profession alimentaire qui, en d’autres temps, avaient eux aussi tellement « bien joué » qu’on les avait appelé les B.O.F.. B.O.F. pour beurre, œufs, fromages. Comme, ici, le beurre qui va enrichir les épinards des cafetiers et restaurateurs. Les œufs, qui, quand ils sont cuits durs, sont aussi difficiles à digérer que la mauvaise affaire faite, avec l’argent des Français, par l’État. Et les fromages, qui sont, c’est bien connu une gloire de la culture française. Et aussi le symbole de l’argent qu’on se partage non parce qu’on y a droit, mais parce qu’un État maladroit et faible concède des rentes de situation.

Moyennant quoi la restauration « rapide », que M. Daguin traite de « malbouffe », et qui effectivement bénéficié d’un avantage fiscal, trouvera les raisons de son succès non plus dans une distorsion de concurrence, mais dans l’avidité de ses concurrents. Grâce à M. Daguin, Mc Donald’s peut dormir tranquille, la crise lui amènera des clients par millions…

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