La Star’Ac ou le Loft?

avril 30, 2009 on 7:41 | In France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 1 Comment

Vous connaissez tous ces programmes de télé-réalité, qui nous donnent le sentiment de vivre « en direct » les « drames » de la vie d’aspirants stars. Pendant ce temps-là, les Français (ceux qui regardent, en tout cas), se font leur opinion et votent, d’abord pour éliminer les candidats, puis pour choisir le gagnant.

Mais il y a une différence de base entre le Loft et la Star’Ac. Le Loft est censé rassembler des jeunes gens « comme tout le monde » qui se montrent dans une sorte de « vie de tous les jours », alors que la Star’Ac est censée réunir des talents de stars en devenir qui se produisent sur scène.

Vous ne voyez toujours pas où je veux en venir? Une femme, qui se pense intensément comme une star en devenir, et fait comme si la vie de tous les jours était, en permanence, une scène? Un homme qui se montre comme un Français comme tout le monde (il est professeur, aussi charismatique qu’un café-crème refroidi et un peu bègue), mais qui se verrait bien gagner la partie lui aussi?

En dépit de leurs différences, leur problème est bel et bien le même. Sont-ils à la Star’Ac ou dans le Loft?

Ségolène Royal a perdu la Présidentielle, mais elle a la certitude qu’elle aurait pu gagner, comme l’ont laissé à penser les sondages pendant des mois, et que, forte de cette expérience, elle gagnera la prochaine fois. D’où son attirance pour la Star’Ac, comme son apparition au Zenith. Mais pour autant, on en gagne pas sans supoprters et fans. Comme elle n’a pu prendre le contrôle du PS, elle évolue à la marge, en franc-tireur. Et lasse ses propres amis, comme Manuel Valls, qui vient de quitter son courant, et Vincent Peillon ou Gérard Collomb, qui prennent leurs distances. Elle devrait savoir que, si son mentor François Mitterrand a lui aussi agi en star, c’était en ayant d’abord solidement verrouillé le parti auquel il était adossé.

François Bayrou, lui, n’a pas perdu la Présidentielle, il a failli la gagner. Car qui sait ce que sa présence au second tour, ce dont il est passé près, eût pu donner comme résultat. Lui aussi pense que, fort de l’expérience décevante que les Français auront fait de Nicolas Sarkozy comme Président, il gagnera la prochaine fois. Doù son opposition systématique à celui-ci comme moyen de gagner l’unique combat qui l’intéresse. Ce qui lasse ses propres amis et réduit le MoDem, ex-UDF, qui fut autrefois le 3e parti de France par le nombre d’élus, à un club d’intimes, comptant notamment 4 députés.

D’où la tentation de Ségolène et Bayrou de se rapprocher pour abattre, sous les coups conjoints de la Star et de l’homme comme tout le monde, celui qu’elle considère un peu comme un imposteur qui lui a volé une victoire qui eût du lui revenir, et celui que lui considère, il l’écrit dans son dernier ouvrage, comme de la graine de dictateur. C’est-à-dire, bien sûr, Nicolas Sarkozy.

Cette union, qui a déjà failli se faire entre les deux tours, est quand même surprenante, entre un homme exigeant et austère issu de la droite conservatrice, et une socialiste mitterrandienne et populiste tendance paillettes. Car la seule chose qui les rassemble est le désir d’abattre le Président pour mieux le remplacer.

Et le revoilà maintenant à se demander si, pour les européennes ou les régionales, une alliance n’est pas une bonne idée. Peu importe que Bayrou puisse entraîner un parti sans personne et que Royal ne puisse entraîner un parti avec personne.

Le problème, c’est que l’élection présidentielle se joue à deux en finale. Bayrou et Royal, même dans leurs rêves les plus fous, n’imaginent pas que Sarkozy puisse ne pas être au second tour. Ils se battent donc bel et bien pour un fauteuil pour deux. Et leurs combinaisons d’aujourd’hui annoncent les trahisons de demain.

C’est pas du beau, du vrai, la télé-réalité?

François Bayrou

Ségolène Royal

Un commentaire

  1. S’ils pensent vraiment être élu en jouant sur le bilan de la présidence de Sarkozy alors ils commettent la même erreur de beaucoup qui sont passé avant eux depuis les années 70.

    Le président n’est jamais élu pour son bilan mais pour l’espoir qu’il exprime et son charisme.

    Sinon, comment imaginer l’élection de VGE ou les ré-élections de Mitterand et de Chirac.
    On vit dans un monde d’image et, n’en déplaise à ses partisans, celle de Ségo n’est pas bonne et que dire de celle de Bayrou……

    Comme dans la télé-réalité, leur parcours ne sera que gloire éphémère.
    On en reparle en 2011/2012.

    Commentaire by bilbothobbit — 4 mai 2009 #

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