Chrysler: les Big Two pleurent leur petit frère

avril 30, 2009 on 6:17 | In Economie, France, International | Commentaires fermés

Chrysler a fait le grand plongeon et demandé la protection de la loi sur les faillites comme une vulgaire compagnie aérienne. En effet, aux Etats-Unis, cette loi permet souvent d’émerger en bon état pour un nouveau départ, après avoir essoré ses créanciers et passé à la paille de fer sa base de coûts. C’est le pari que fait Barack Obama.

Mais ce n’est pas si simple. Quel client acceptera le risque d’acheter une voiture dont le constructeur est dans un tel état de fragilité? Comment conserver les bons concessionnaires, tentés de trouver plus de sécurité auprès d’une autre marque? Comment à la fois faire face aux gigantesques défis imposés par la crise et à ceux qu’impose une faillite et une réorganisation en profondeur?

Bref, de l’avis de JusMurmurandi, ce n’est pas un pari gagné d’avance.

Cette faillite est emblématique à plus d’un titre. Parce que le premier véhicule portant la marque Chrysler a été produit il y a près de 90 ans. Parce que l’automobile américaine et ses trois entreprises, les Big Three, ont longtemps illustré la toute-puissance de ce pays. Parce que la voiture américaine a été l’emblème de l’american dream et de l’american way of life, l’ambassadeur de l’Amérique dans le monde. Parce que Chrysler a inventé le monospace et récupéré la Jeep, deux véhicules qui ont essaimé aux 4 coins de la planète.

C’est aussi la première grande faillite non pas de la crise, mais causée par la crise. Notamment celle des banques, qui, en resserrant le crédit auxquels les Américains sont accros, ont condamné les Big Three.

C’est aussi la faillite de Daimler Benz, qui acheta Chrysler sous forme de fusion, mais se révéla incapable de le rendre durablement rentable, et le revendit, toute honte bue, à un fonds d’investissement, pour une fraction symbolique de sa valeur d’acquisition. Lequel fonds, Cerberus, doit se maudire de s’être embarqué dans cette galère.

C’est enfin la faillite d’une entreprise longtemps incarnée par le légendaire Lee Iacocca, prodigieux vendeur et meneur d’hommes charismatique, qui par deux fois ramena Chrysler du bord du gouffre, dont la seconde fois pour l’y a avoir mené lui-même, et qui fut probablement pendant 30 ans l’homme d’affaires américains le plus connu.

Bref, même si cette faillite n’est pas forcément définitive, même si elle était prévisible, voire même salutaire pour un marché surcapacitaire, même si elle aidera les parties prenantes de GM (employés, syndicats, fournisseurs, créanciers, banques) à être plus raisonnables que chez Chrysler où les petits créanciers ont fait capoter la dernière tentative de règlement amiable, à éviter en grand les mêmes erreurs fatales….

Oui, malgré tout cela, JusMurmurandi est triste ce soir.

Chrysler. R.I.P.

Le minivan Chrysler

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