Cyrano de Bayrourac

mai 9, 2007 on 5:40 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

Bergerac n’est pas Pau, et les gascons ne sont pas des béarnais. Pour autant, JusMurmurandi a bien l’impression d’avoir déjà vu cette pièce de théâtre-là:

- Cyrano de Bayrourac est amoureux de Marianne, mais la belle est précieuse, et ne se donne pas au premier venu

- Marianne est tombé amoureuse de Nicolas, qui a su l’émouvoir

- Ceci malgré le puissant désir du Comte de Chirac, qui après avoir été 12 ans son protecteur, aurait bien voulu prolonger son bail

- et a tenté de susciter un marquis de Villepin pour lui succéder auprès de Marianne.

- Marianne finit par épouser l’humble Nicolas, malgré les aristocrates de Chirac et de Villepin, et malgré les possibilités d’un avenir Royal.

Mais dans tout cela, que devint le pauvre Cyrano de Bayrourac ? Eh bien, rien, justement. Côté Marianne, sa volonté de ne jamais se démasquer et lui avouer franchement un amour inconditionel lui coûta toutes ses chances. Côté amis, lassés par son intransigeance irréaliste, tous finirent par le quitter, désolés d’un tel gâchis. Ce que Cyrano illustrera de cette tirade célèbre:

Chercher un allié puissant, prendre un patron,

Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc

Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’ecorce,

Grimper par ruse au lieu de s’élever par force?

Non, merci. Dédier, comme tous il le font,

Des vers aux financiers? se changer en bouffon

Dans l’espoir vil de voir, aux levres d’un ministre,

Naitre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?

Non, merci.Calculer, avoir peur, être blème,

Aimer mieux faire une visite qu’un poème,

Rédiger des placets, se faire présenter?

Non, merci! non, merci! non, merci! Mais. . .chanter,

Rever, rire, passer, etre seul, etre libre,

Avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,

Mettre, quand il vous plait, son feutre de travers,

Pour un oui, pour un non, se battre,–ou faire un vers!

Travailler sans souci de gloire ou de fortune,

A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!

N’ecrire jamais rien qui de soi ne sortit,

Et modeste d’ailleurs, se dire mon petit,

Sois satisfait des fleurs, des fruits, meme des feuilles,

Si c’est dans ton jardin a toi que tu les cueilles!

Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,

Ne pas etre oblige d’en rien rendre a Cesar,

Vis-a-vis de soi-meme en garder le merite,

Bref, dedaignant d’etre le lierre parasite,

Lors meme qu’on n’est pas le chene ou le tilleul,

Ne pas monter bien haut, peut-etre, mais tout seul!

 
JusMurmurandi engage Cyrano de Bayrourac à méditer le dernier vers… 

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