Quand tout se résume à l’argent…

mai 15, 2009 on 6:48 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Incongruités | Commentaires fermés

L’économie française est en crise, des centaines de milliers de salariés connaissent le chômage, des millions le redoutent, des dizaines de milliers de chefs d’entreprise se battent désespérément avec une demande aux abonnés absents qui risque de les ruiner totalement

Certains segments de l’économie, et c’est fort heureux, ne sont pas touchés du tout. Ainsi toute la fonction publique, ou la santé

Cette crise est perçue, et, au plan mondial c’est largement vrai, comme ayant été d’origine bancaire, les banques ayant pris des risques fous avec l’argent des autres, leurs actionnaires, et aujourd’hui les contribuables. Aux banques s’ajoutent tout le reste du secteur financier, assureurs, capital risqueurs et hedge funds

Le moteur de cette crise, et notamment ce qui a poussé les acteurs financiers à ces prises de risque aujourd’hui si lourdement perdantes est la rapacité des individus à la recherche frénétique de rémunérations toujours plus importantes. Patrons, gestionnaires des fonds, traders n’avaient plus ni limites, ni modération.

Conséquence, les pertes abyssales s’accumulent, l’économie mondiale cale, l’angoisse monte, l’emploi plonge

Vous vous demandez: mais pourquoi JusMurmurandi nous débite-t-il ces évidences?

Travelling avant, en ce beau mois de mai.

Les banques mondiales, sauf exceptions, et assez rares encore, annoncent pour le premier trimestre 2009 de plantureux bénéfices. Milliards par ci et milliards par là. Symbole évident de leur rétablissement, non?

Pendant ce temps, les entreprises industrielles subissent des pertes massives, causées non par une mauvaise gestion, mais par des baisses de chiffre d’affaires qui flirtent souvent avec la barre des -25%, ce qui représente un vrai cataclysme.

Ce qui pousse JusMurmurandi à poser deux ou trois questions de simple bon sens

Pourquoi, si la crise mondiale a été causée par les banques, elles-même en crise, leur rétablissement ne rétablit-il pas celui de toute l’économie?

Pourquoi, si les marchés des entreprises non financières s’effondrent, avec les pertes résultantes, les marchés des banques ne s’effondrent-ils pas, leur permettant de sortir des profits importants en pleine tourmente économique?

Pourquoi les acteurs économiques relativement protégés demandent-ils à bénéficier d’avantages supplémentaires au moment où leur protection est déjà un avantage formidable?

Pourquoi, alors que souffle la tempête de la crise, tout le monde ne parle-t-il que d’argent, et personne de solidarité, d’éthique, de morale ou d’intérêt général?

Pourquoi, alors que la situation du plus grand nombre est atteinte ou menacée, n’entend-on qu’une seule clameur: « et moi? et moi? et moi? » et qu’un anathème sur les avantages des autres?

Les réponses à ces questions simples sont tellement violentes, jettent une lumière si crue sur notre société, et notamment que ceux qui ont représenté des « valeurs » sur l’échiquier politique ont remplacé l’épithète « morales » qui les qualifiait par « financières », que JusMurmurandi ne se sent pas le courage de les publier.

Plus désespérant encore, tous n’attendent qu’une chose: que la fin de la crise permette à la situation de redevenir « comme avant », avec, de préférence de solides et définitifs avantages arrachés au passage…

Oui, c’est la crise. Mais ses aspects financiers ne sont-ils pas que l’aspect le plus visible et le plus facile à réparer?

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