L’enfant naturel de Mitterrand

mai 11, 2007 on 6:41 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Depuis la seconde guerre mondiale, il ne faisait pas bon se dire homme politique « de droite ». La compromission de la droite française de l’époque avec le régime de Vichy était une tache indélébile et infâmante.

De plus, la gauche s’était, notamment lors du Cartel des Gauches, puis du Front Populaire, constituté un véritable monopole de la générosité politique.

Ce qui fait que la droite a du pendant 60 ans se trouver d’autres noms, souvent à base du mot « républicain », et faire très attention à ne pas prêter le flanc à être traitée de « droite ». C’est le sens de la célèbre affiche socialiste montrant un grand méchant loup et légendée: « au secours, la droite revient! »

Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui Nicolas Sarkozy a pu être élu en ne faisant plus aucune concession ni sur le fait d’être de droite, ni sur les idées de droite contenues dans son programme? JusMurmurandi y voit 3 causes:

- d’abord, à force de n’avoir été de droite ni en nom ni en actes pendant 60ans, un vrai programme de droite est apparu tout neuf au Français, fatigués des échecs des programmes éculés de centre-droit ou de centre-gauche. C’est le sens que le candidat Sarkozy a donné au mot « rupture »

- ensuite parce que l’émergence d’une extrême-droite puissante a permis à la droite de s’en différencier, tout en rejetant sur elle tout ce que la gauche trouvait en elle d’infâmant, notamment en matière de xénophobie, de racisme, d’ultra-nationalisme. De ce point de vue les 25 ans sans alliance entre droite et extrême-droite ont fini par valoir certificat de vertu pour les électeurs modérés

- enfin et surtout parce que la droite a bien vu ce qu’a fait François Mitterrand. Celui-ci avait bien observé comment De Gaulle s’était servi d’un parti communiste fort pour coincer la gauche socialiste, plus modérée, entre communistes et droite, et l’empêcher de parvenir au pouvoir. A son tour, il coinça la droite entre socialistes et extrême-droite pour être élu et s’assurer 2 mandats présidentiels. Et pour se faire, il apparut leader d’une gauche décomplexée puisque modérée par comparaison aux communistes, qu’il a plumés comme volaille.

C’est exactement ce que vient de faire Nicolas Sarkozy, qui a plumé le Front National avec la même manoeuvre. Comme quoi, entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, le descendant de François Mitterrand n’est pas forcément celui qu’on croit…

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