Barack Obama est il Nicolas Sarkozy ?

mai 20, 2009 on 7:36 | In Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, International, Poil à gratter | 2 Comments

A première vue, tout les sépare.

L’un est grand homme de couleur, l’autre est petit et caucasien.

Mais à bien y regarder, il y a de nombreuses ressemblances.

Tout d’abord leur enfance, Nicolas Sarkozy est né d’un père non français, hongrois, et Barack Hussein Obama d’un père non américain, kenyan.

Leur parcours politique ensuite qui les a amenés à la magistrature suprême, portés tous deux par une vague de fond qui voulait tourner la page du passé.

La « génération Sarkozy » tourne la page de la génération 70 des Chirac, Giscard d’Estaing, Mitterrand ou encore Jospin.

Barack Obama est adoubé entre autres pour tourner le dos aux années Bush marquées par l’échec cinglant de la sécurité intérieure, de la défaite militaire extérieure, par le séisme économique aux répliques planétaires et enfin la mise sous contrôle de la population à l’insu de son plein gré.

Programme défini pour l’un, intitulé « rupture » pour remettre le pays sur la voie de la réforme afin de rattraper les meilleurs élèves de la classe européenne, volonté de redonner la fierté à un grand peuple, les deux candidats élus portent un grand espoir lorsqu’ils prennent leurs fonctions.

Nicolas Sarkozy vient de passer le cap des deux premières années aux commandes, et nombreux sont ceux qui ont voté pour lui qui affirment qu’ils le regrettent.

Soit parce qu’il en fait trop, soit parce qu’il n’en fait pas assez.

Mais la volumétrie ne semble agréer personne.

Et le style des premiers jours, si tant est que l’on puisse appeler cela un « style » a marqué les esprits; et si d’aventure on venait à l’oublier, la bonne presse qui l’a en permanence dans la mire se fait autant un plaisir qu’un devoir de nous le rappeler, tandis qu’il n’y a pas de semaine où cette fameuse littérature surfe sur la vague de l’anti sarkozysme obsessionnel en le mettant en première de couverture.

Mais entre le programme, annoncé et en bonne partie déroulé (http://www.barometre-sarkozy.com/dotclear/public/TRG_et_Synthese/BaroNS4-TRGMesures.pdf), est profondément marqué par le paysage économique qui est bouleversé.

La crise a marqué l’action gouvernementale de son empreinte, et « travailler plus pour gagner plus » n’est plus applicable lorsque le chômage est en montée exponentielle dans toutes les économies occidentales, France comprise.

ll faut donc s’adapter à ces nouvelles réalités, composer avec ceux avec qui on avait ou n’avait pas prévu de le faire au gré du nouvel environnement économique.

Bref, il convient d’être pragmatique.

Obama a quant à lui passé le cap des 100 jours et s’il a commencé à marquer les esprits avec quelques réformes substantielles soit en route soit annoncées, il vient lui aussi de faire une entorse majeure à une des annonces clés lorsqu’il n’était que candidat.

S’il a, par exemple, visiblement décidé de mettre le complexe militaro industriel au pas en annulant un pharaonique programme de développement d’un hélicoptère présidentiel pour remplacer le modèle actuel qui a trente ans et dont le coût a littéralement explosé en vol de 6 à 11 milliards de dollars pour 23 appareils (soit environ 500 millions l’unité !!!), s’il a décidé de « mettre le paquet » pour remettre l’économie en route, la remise en place des tribunaux d’exception tels qu’existant sous George Bush à Guantanamo est un revirement colossal.

Et il est mal vécu par ces Américains qui, pour une part doux rêveurs, n’acceptent pas de voir la réalité de la violence de la guerre en face et ses conséquences dramatiques.

Mais ramener sur le continent américain ces suspects qui pour une partie ont tenté d’anéantir les Etats Unis pour les juger comme des citoyens normaux qui « bénéficient » d’un système ou l’attente de jugement peut durer des années et des années le temps que l’on épuise tous les recours ne lui a pas semblé une solution acceptable.

Même s’il va payer cette volte face, et cash en plus car elle intervient si rapidement après son élection.

Bref, Barack Obama semble vouloir faire preuve de pragmatisme.

Et traînera cette décision comme un boulet, avec certains de ses électeurs qui ne manqueront pas de dire « plus cela change, plus c’est la même chose ».

Mais ce qui rapproche probablement le plus Barack Obama de Nicolas Sarkozy, c’est ce qu’ils ne sont pas.

Et au risque de devoir présenter ultérieurement ses excuses à ses lecteurs, JusMurmurandi n’éprouve absolument aucun regret quant au fait que l’un ne ressemble pas du tout à George Walker Bush et l’autre pas non plus à Ségolène Royal….

Obama Sarkozy

Obama Sarkozy

2 commentaires

  1. Tous deux, finalement se battent pour un monde encore plus injuste où la suprématie de l’Occident et son arrogance continuent à narguer le monde.

    Commentaire by Salhi Samira — 22 mai 2009 #

  2. Je constate avec intérêt que sur la forme, vous êtes d’accord que Barack Obama et Nicolas Sarkozy ont des points communs.
    Quant au fond, et leur volonté selon vous d’imposer un mode plus injuste, ce n’est pas ce qu’indique l’actualité récente pour Obama qui souhaite visiblement faire avancer la paix au Moyen Orient, et retirer ses troupes d’Irak où les Etats Unis n’ont effectivement rien à faire.
    Quant à Sarkozy qui chercherait à imposer la suprématie de l’Occident, je pense que votre phrase mérite plus d’éclaircissements pour que nous puissions discuter au delà d’une simple prise de position lapidaire en une phrase.
    A bientôt ?

    Commentaire by JM — 22 mai 2009 #

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