Darcos fouille à tout-va

mai 23, 2009 on 7:57 | In Best of, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Xavier Darcos a récemment proposé lors d’un congrès de parents d’élèves que des méthodes de police soient appliquées dans les écoles, notamment des fouilles de cartables et d’élèves. Là où il innove, c’est que toutes interventions des forces de police étant réprouvées à l’unanimité par parents et enseignants, il imagine de donner à des employés de l’Education Nationale (directeurs d’établissement, professeurs, personnels spécialisés) des statuts et pouvoirs judiciaires ou policiers.

Ce sujet n’est pas simple. Il est de fait que la violence « ordinaire » augmente à l’école, en ligne avec sa progression dans la société. Et que les professeurs se trouvent parfois démunis quand ils sont violemment confrontés par des individus qui n’ont d’enfants ou d’élèves que le nom et l’âge légal, tant leurs méthodes sont celles de voyous aguerris.

D’un autre côté, nul n’a envie de voir se transformer des salles de classe en cellules de garde à vue, ni des portiques de détection fleurir aux portes des écoles comme dans des aéroports.

Ce que JusMurmurandi trouve très intéressant, c’est la réaction des syndicats d’enseignants. Eux, qui sont si prompts à dénoncer la violence sous toutes ses formes, à prendre chaque incident comme exemple de la dangerosité croissante du métier de leurs membres, et à réclamer toutes sortes d’avantages, droits et effectifs en conséquence, se sont trouvés désarmés par le projet Darcos.
Et JusMurmurandi a eu la stupéfaction d’entendre une responsable du SNES-FSU indiquer que les actes de violence physique n’étaient pas nombreux du tout à l’école, et que, par conséquent, le ministre proposait une solution à un problème qui n’existerait pas vraiment.

Mais le pompon revient à Alix Nicolet, présidente du syndicat de lycéens FIDL, quand elle déclare: « cette mesure qui prétend résoudre les phénomènes de violences scolaires sonn(ait) comme populiste en pleine période de recrudescence des actes de violences à l’intérieur des établissements scolaires. »

Ainsi, la recrudescence de la violence n’appellerait donc pas de mesures pour y faire face? Se plaindre serait-il plus « rentable » que de progresser?

Xavier Darcos aurait voulu que les syndicats auxquels il doit faire face ne puissent plus utiliser l’arme de la violence à l’école pour réclamer des effectifs plus nombreux, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Car il faut bien dire que les arguments traditionnels des syndicats selon lesquels le nombre d’élèves par classe détermine la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent a fait long feu. La France a fait un effort sans précédent pour diminuer ce nombre, et l’Education Nationale, dans le même temps, n’a jamais produit autant d’analphabètes. Ce qui constitue une bombe à retardement pour le pays, avec un nombre important de jeunes quasi inemployables, et qui auront l’amertume de se sentir, et quelque peu à bon droit, trahis et désespérés.

Alors, le ministre a-t-il parlé au premier degré, et envisage-t-il sérieusement ce qu’il propose, ou a-t-il manœuvré avec finesse pour coincer ses adversaires? A moins qu’il n’ait tout simplement cherché à caresser ses électeurs (et peut-être son Président aussi) dans le sens du poil?

Voilà bien des questions concernant l’école. Peut-être le ministre Darcos, au milieu de tous ces éducateurs policiers qui vont fouiller les cartables et les élèves, devrait-il penser à créer un corps d’enquêteurs pour fouiller les mobiles (au sens de la police) des acteurs de l’Education?

Darcos dégaine...

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