Scientologique, pompe à fric?

mai 27, 2009 on 7:26 | In France, Insolite, International | Commentaires fermés

Le procès de plusieurs personnes et de deux entités appartenant à la scientologie vient de s’ouvrir, et un témoignage illustre le problème que pose cette organisation.

Une femme déprimée rentre dans le circuit que préconise la scientologie, circuit qui lui donne à entrevoir des bénéfices substantiels de qualité de vie, et qui lui impose, pour y parvenir, des dépenses importantes (21.000 euros en tout). Certaines méthodes sont musclées, puisque des scientologues l’accompagnent lors de retraits de fonds ou de la signature d’un nouvel emprunt. Les scientologues se défendent en rappelant que la plaignante d’aujourd’hui était consentante hier, et a même écrit des lettres vantant le processus. Et elle de répondre que ces lettres étaient requises pour avancer au stade suivant. Comme s’il avait d’ores et déjà fallu préparer une défense. Et ainsi de suite…

La question posée est, à mon sens, celle-ci. Où finit la liberté, et où commence l’abus de faiblesse? Où s’arrête la religion et où commence la fausse promesse à but lucratif?

A cette question il n’y a pas de réponse simple. Mme Bettencourt, aujourd’hui très âgée, a fait don de près d’un milliard d’euros à un photographe mondain, François-Marie Banier,et sa fille s’en émeut et porte l’affaire en justice. Bien sûr, la multi-milliardaire peut se le permettre, et sa fille, légataire de son immense fortune, ne s’apercevra même pas de la différence. Mais quand même, donner un milliard d’euros! Mme Bettencourt est-elle gâteuse, irresponsable, amoureuse de son photographe et de ses attentions, ou un mécène incroyablement généreux.

L’ex-scientologue, elle, avec ses 21.000 euros a donné tout ce qu’elle avait et même plus. Etait-elle en situation de faiblesse? Gâteuse certes non, mais sa dépression et la promesse « d’aller mieux » l’ont-elles poussé à agir de manière irresponsable?

La société actuelle a tendance à légiférer pour protéger les gens contre eux-mêmes même quand ils ne sont en aucun cas fous. La ceinture de sécurité en est un exemple, qui nous contraint au nom de notre propre sécurité. Faut-il, pour des gens comme la plaignante, c’est-à-dire pour nous tous à un moment ou à un autre de notre vie, imposer une ceinture de sécurité financière? C’est clairement ce que fait le système français avec santé, retraite et chômage obligatoires pour toute la population, et que les systèmes anglo-saxons laissent à l’appréciation de chacun. Faut-il s’étonner que ce soit dans les système anglo-saxons que la scientologie prospère le plus?

Plus largement, notre société est-elle responsable de ceux de ses membres qui ne veulent pas l’être? Si des enfants ne veulent pas aller à l’école et que leurs parents le tolèrent, la société doit-elle dire « amen »? Et qui sera responsable de ces personnes sans ressources plus tard quand l’absence d’éducation sera un mur qui fermera le chemin de l’emploi?

Bref, outre qu’il est celui de gens accusés d’aimer l’argent plus que leur prochain, car par delà une opinion sur la scientologie, qui n’est pas du domaine de JusMurmurandi, force est de constater que, sans argent pas d’accès aux bien-être défini par Ron Hubbard, ce procès est avant tout l’occasion de définir dans quelle société nous voulons vivre. Il n’est pas sûr que le tribunal ait envie de prendre la responsabilité d’une réponse claire à cette question.

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