General Motors: que fallait-il faire dans cette galère?

juin 2, 2009 on 3:00 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voilà, c’est fait, l’impensable est arrivé, le géant Général Motors a déposé son bilan.

Barack Obama promet que cette procédure de faillite accélérée va permettre l’émergence d’un General Motors nouvelle manière, plus petit, plus agressif, plus rentable.

Peut-être…

Il n’empêche que l’ancien General Motors a reçu, avant sa faillite, quelques 17 milliards de dollars. Était-ce, rétrospectivement une bonne idée? Ont-ils aidé à ce que sera le futur de GM?

Vue l’énormité de la somme, et son incapacité à éviter le dépôt de bilan, il est vraiment permis de penser qu’il y avait non pas un mais des dizaines de meilleurs emplois pour une telle somme, qui eût pu faire beaucoup plus que maintenir en survie artificielle pour quelque mois une entreprise condamnée. Sur ce chapitre, les Administrations Bush et Obama, qu’en apparence tout sépare, ont fait rigoureusement la même analyse, et pris les mêmes décisions. Et obtenu la même absence de résultats.

L’avenir, maintenant. Par-delà les phrases ampoulées des politiciens, qui peut croire qu’une faillite, même de quelques semaines comme celle de Chrysler, ne laisse pas de traces profondes, notamment sous forme de méfiance généralisée des concessionnaires, des clients, des fournisseurs, des banques, des collaborateurs, tous réticents à s’embarquer sur un bateau dont tout donne à craindre qu’il ne soit du type galère?

L’actionnariat, enfin. Il est bel et bon de dauber sur les 35% de l’entreprise qui seront la propriété des salariés. Mais l’expérience de United Airlines, dont les employés possédaient 65%, a montré qu’ils se sont avant tout servis de cet actionnariat pour qu’une équipe de direction à leur botte leur octroie des avantages salariaux qui faisaient que, quand United a fait faillite, ses employés-actionnaires étaient les mieux payés, et United la compagnie à la structure de coûts la plus élevée des États-Unis…

Les créanciers ne sont pas non plus à négliger. Quand bien même il est de bon ton de les ridiculiser quand ils sont les dindons d’une faillite, la façon dont le Gouvernement américains les a « tuer » dans l’affaire Chrysler, et s’apprête à le faire en beaucoup plus grand avec GM, en demandant à un juge d’ignorer certains de leurs droits ne peut qu’encourager tout prêteur à s’abstenir de faire le moindre crédit à une affaire en difficulté. Le résultat: pour sauver deux des Big Three, la voie du crédit sera quasi close pour celles des entreprises qui en auront le plus besoin. Les faillites qui en résulteront seront moins spectaculaires, donc électoralement moins coûteuses, certes, mais infiniment plus nombreuses. Et leur effet cumulé pourrait bien montrer que le remède est pire que le mal.

Dernier point français. L’État américain va se retrouver actionnaire avec 60% du capital. L’histoire de France depuis 1981 montre que ce système n’est pas une garantie de bonne gestion ou de bonne gouvernance (euphémisme). Et quand il se sera désengagé, au cas où le scénario de réussite se matérialiserait, ce seront les employés qui feront la loi, car 35% d’une aussi grosse entreprise, c’est un bloc de contrôle.

Avec tout cela, il semble clair que la solution actuelle, avec un coût total de 60 milliards de dollars, une faillite, un maximum de risques, et une sérieuse cure d’amaigrissement, cumule à peu près tous les désavantages possibles.

Une autre question, qui fait froid dans le dos. GM a failli pour les raisons suivantes avant tout. Des relations sociales rigides et archaïques, une structure de coûts non compétitive, une dette écrasante, des produits dont les avantages se sont estompés avec le temps pour n’être plus attractifs.

Laquelle de ces caractéristiques ne s’applique pas, non seulement à General Motors, mais à l’entreprise France?

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.