Vous en avez rêvé, Sarko l’a fait

mai 16, 2007 on 5:39 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Pendant la campagne pour les élections présidentielles, Jean-Marie le Pen accusait Nicolas Sarkozy d’avoir pillé ses idées, « de faire du le Pen sans le Pen ». Malgré les prédictions du leader frontiste que les électeurs préféreraient l’original à la copie, le décompte de voix montre que ce ne sont pas les idées que le candidat UMP a pillé, mais bien les électeurs du Front National de 2002, passés à l’UMP par millions avec armes et bagages.

Dans l’entre-deux-tours, beaucoup d’attention s’est concentrée sur le vocable d’ouverture, et notamment sur le duo Ségo-Bayrou, et leur très médiatique débat-dialogue. Et les deux candidats de converger dans leur attaque de Sarko, l’homme d’un clan, qui, lui, justement, commettait le péché capital de ne pas promettre l’ouverture. Car justement, à les entendre, l’ouverture, c’est moderne, et la non-ouverture, c’est ancien.

Sur ce plan, les sondages semblaient donner raison aux deux larrons, encore que les Français, JusMumurandi compris, eussent du mal à discerner ce qui était une vraie ouverture (positive) d’un sombre combine électorale à la mode IVe République (très négative).

Oui, mais voilà. Malgré le tango de l’ouverture, au final ce fut Sarko qui fut élu. Et là, pour la formation de son gouvernement, des noms commencèrent à tomber sur les téléscripteurs: Besson, Allègre, Védrine, Lauvergeon, Kouchner. Du PS estampillé Mitterrand (Lauvergeon fut son dernier « sherpa », Védrine le fils d’un de ses meilleurs amis), ou Jospin (Allègre est son ami de toujours). Le centre n’est pas en reste, avec Leroy, un des proches de la campagne de François Bayrou, et Morin, le président du groupe parlementaire UDF à l’Assemblée. sans compter 24 députés UDF sur 29 ralliés à l’UMP.

Et tout ceci sans que le Président Sarkozy fasse de coalition à la mode « majorité plurielle », où le mélange des programmes et des personnes conduit souvent au mariage de la carpe et du lapin. Bref, compte tenu de ce qu’ils ont tant déclaré entre les deux tours, l’ouverture sarkozienne devrait être saluée et louée tant par Bayrou que par Royal, comme une façon moderne de faire de la politique.

Et c’est là que JusMurmurandi ne comprend plus: faute d’un concert de louanges, on aurait pu attendre au moins un « Sarkozy fait du Bayrou sans Bayrou, ou du Ségo-Bayrou sans Ségo ni Bayrou » en forme de reconnaissance grinçante à la Jean-Marie le Pen. Eh bien pas du tout. Tout ce qu’on entend du côté du Mouvement Démocrate, c’est un silence assourdissant. Compte tenu du nombre de départs, ce n’est peut-être pas surprenant. Et chez les socialistes, on parle trahison, débauchage, quand ce n’est pas carrément denier de Judas et plat de lentilles.

Où est donc la désirable, la bonne, la moderne ouverture? N’est-elle bonne qu’en paroles et avant les élections? N’est-ce subitement plus une aspiration des électeurs de voir travailler ensemble les meilleurs des 2 camps? Une célèbre marque avait lancé une publicité bien connue, qui, légèrement détournée, s’applique ici si bien: « vous en avez rêvé, Sarko l’a fait »
Si ça fonctionne pour les législatives avec l’ouverture comme pour les présidentielles avec le Front National, le PS et le Mouvement Démocrate en particulier vont être bien…handicapés.

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