Ahmadinejad et les 40 voleurs

juin 15, 2009 on 3:39 | In Best of, Coup de gueule, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Le résultat officiel des élections présidentielles iraniennes est tombé. Le Président sortant Ahmadinejad est déclaré réélu dès le premier tour avec plus de 60% des voix. Son principal opposant, le réformateur Moussavi, est battu avec plus de 30% des voix, et 2 autres candidats atteignent des scores infimes, autour du pour cent.

Il suffit d’un regard superficiel pour comprendre l’ampleur de la fraude. Alors qu’à l’élection précédente, seuls 17% des Iraniens avaient voté pour Ahmadinejad, cette fois-ci son score a quasiment été multiplié par quatre. Pendant ce temps-là, celui de ses opposants s’est effondré. C’est d’autant moins crédible que ces scores sont extrêmement homogènes à travers tout le pays, alors même que les allégeances tribales y sont souvent plus fortes que les convictions politiques. Et donc que voir des candidats très populaires dans leurs provinces y faire 1% des voix est pour le moins surprenant.

De même, si Ahmadinejad est, semble-t-il, populaire dans les petits villages, Moussavi l’est dans les grandes villes, à commencer par Téhéran. Sauf que les scores sont les mêmes que partout ailleurs, sans aucune différence entre provinces, ou entre zones urbaines et rurales. Et totalement au rebours de ce qu’on a observé dans toutes les élections présidentielles précédentes en Iran.

L’affaire est donc claire, il s’agit de triche à grande échelle. Ce qui rappelle une autre histoire à JusMurmurandi. Non, pas celle des autres chefs d’État qui ont volé le résultat des élections, comme Robert Mugabe au Zimbabwe. Ni le fait que, comme par hasard, les protestations contre la proclamation des résultats se soient accompagnées de suspension des réseaux de téléphone portables, de sites Internet d’opposition, d’arrestations, de suspension des visas de journalistes occidentaux, bref de la panoplie des régimes illégitimes et autoritaires.

Non, ce à quoi pense JusMurmurandi, c’est la traduction du Coran que vient de publier Malek Chebel, qui l’a voulue « compréhensible par tous », et qu’il a accompagnée d’un dictionnaire encyclopédique. Quand un journaliste de radio lui a dit que, quand même, il y avait des mots « durs » dans le Coran, notamment les appels à la guerre sainte, M. Chebel a répondu que le mot « jihad » ne figurait pas dans le Coran.

Et la préconisation de fraude électorale, M. Chebel, est-elle coranique? En fait, cette question est de pure rhétorique, tant sa réponse est évidente. Et les qualificatifs de ceux qui la perpètrent au nom de l’Islam le sont aussi.

Les 40 voleurs, compagnons d’Ali Baba, opéraient suivant la légende dans le califat de Bagdad. Il semble qu’ils aient des collègues à Téhéran.

Mahmoud Ahmadinejad

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