UFC contre Sarkozy: la vraie bataille

mai 23, 2007 on 4:59 | In Economie, Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

l’UFC Que Choisir soutient en justice que les banques françaises ont grugé leurs clients de 11,5 milliards d’euros. Excusez du peu! D’où vient ce prétendu magot?

Pour contracter un emprunt immobilier en France, toutes les banques demandent à l’emprunteur de souscrire une assurance contre les « aléas de la vie ». Décès, bien sûr, mais aussi invalidité, voire chômage. De façon à ce que le remboursement du prêt soit assuré par l’assurance si la fatalité empêche l’emprunteur de le faire.

Sauf que, soutient l’UFC, cette assurance obligatoire est assortie d’une clause de remboursement. Si les cotisations dépassent le coût réel des indemnisations, le trop-perçu était censé être reversé aux souscripteurs, les clients des banques. Et, toujours d’après Que Choisir, les compagnies d’assurance ont bien reversé le trop-perçu aux banques, mais celles-ci ont gardé pour elles le magot, soit 11,5 milliards accumulé au fil du temps.

Les banques protestent que, d’une part, c’étaient elles les assurées, et non leurs clients, et que donc elles ont droit à cet argent. D’autre part, elles excipent d’un arrêté du 23 avril 2007 (c’est bien tard, et pratique, juste avant l’action de l’UFC) qui exclut les clients du bénéfice de ce principe, dit du « partage des bénéfices ».

JusMurmurandi voit ici la ligne de fracture de la société française dans tous ses détails. Des banques et compagnies d’assurance qui se conduisent comme au temps du capitalisme sauvage, en prélevant des commissions que leurs clients ne comprennent pas et n’ont pas les moyens de contester. Ce qui conduit un pourcentage élevé de clients à se déclarer insatisfaits de leurs banques, mais, se sentant également captifs,  ils ne sont que très peu à en changer.

En face, un ressentiment contre « les banques, leurs méthodes abusives et leurs super-profits » qui fleure bon la lutte des classes. Ce même ressentiment contre « Bruxelles et ses technocrates » qui a conduit au rejet du projet de Constitution européenne. Ce même ressentiment qui conduit les Français coincés dans les grèves de transports en commun, grèves par ailleurs typiquement corporatistes de la part de professions mieux loties que les victimes de leurs grèves, à s’en déclarer quand même majoritairement solidaires.

Voilà le vrai terreau d’un électorat populaire-populiste-de gauche, à la recherche desquels courent tous les partis défaits le 06 mai. Le problème est qu’il n’est pas politique, mais sociétal. Nicolas Sarkozy sait qu’il n’a pas grand chose à redouter de la gauche actuelle. Mais et si sa vraie opposition, c’était Que Choisir ?

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