L’héritage maudit du 18 juin…

juillet 8, 2009 on 3:08 | In Coup de gueule, France, Poil à gratter | Commentaires fermés

Tout le monde n’est pas le Général de Gaulle qui, par son appel aux Français le 18 juin 1940 théorisa la suprématie de la légitimité (la sienne en l’occurence) sur la légalité (celle du régime de Vichy).

Car aujourd’hui, n’importe qui se réclame de la légitimité pour se dispenser du devoir d’obéir. Depuis les étudiants bloqueurs de facultés et universités jusqu’à José Bové et les faucheurs de champs plantés d’OGM. Depuis les instituteurs « désobéisseurs » jusqu’aux syndicalistes preneurs d’otages.

Sauf que…

Sauf que de Gaulle savait fort bien qu’en brûlant ses vaisseaux il prenait un risque majeur. C’est que, s’il s’était trompé et que la Grande-Bretagne ait fait la paix avec l’Allemagne, il eût été livré à Vichy et fusillé.

Alors qu’un étudiant bloqueur a été tout étonné de ne pas être repris pour l’année prochaine par son université, sauf pour lui à s’engager par écrit à ne pas la bloquer de nouveau, ce qui après tout n’était pas la mort, mais… qu’il a refusé de faire!

Alors que les instituteurs « désobéisseurs » (ils n’ont pas appliqué une réforme qui n’avait pas l’heur de leur plaire) sont fort marris que des mesures de sanctions soient en train d’être prises à leur encontre

Alors que les preneurs de patrons-otages, s’appuyant, eux aussi, sur ce qu’ils considèrent comme la légitimité de leur combat contre d’injustes licenciements ou d’insuffisantes indemnités, exigent que ces actions violentes ne soient pas réprimées et sanctionnées.

Avec une telle logique, comment déterminer quel « combat » est légitime, et jusqu’où il est possible d’aller?

Et, pour finir, n’arrivera-ton pas à ce que la loi ne soit plus que pour les « illégitimes », puisque, par construction, les « légitimes » ne seront plus bornés que par leur légitimité autoproclamée?

Ce serait oublier que, un certain 18 juin, un certain général 2 étoiles à la haute silhouette n’avait pas hésité non seulement à proclamer la supériorité de la légitimité sur la légalité, mais aussi que la légalité procédait de la légitimité, en clair que le régime Vichy était illégal parce qu’illégitime, ce qui, si l’Histoire n’avait pas tourné dans son sens, faisait de lui rien moins qu’un traître.

Faut-il juger les bloqueurs, les désobéisseurs, les occupeurs-kidnappeurs et les faucheurs pour trahison? Alors, si la réponse est non, ce qui va quand même de soi quand on voit la modestie de leurs « trahisons », cela leur ferme ipso facto cette voie de « recours » contre une loi qu’ils refusent…

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