Le candidat, le programme, la poule et l’oeuf

juin 2, 2007 on 4:25 | In France | Commentaires fermés

Ségolène Royal décidément n’en finit pas d’étonner JusMurmurandi. Elle vient de déclarer que, s’il s’était rallié, François Bayrou aurait eu Matignon.

Cette déclaration est stupéfiante. Car, compte tenu de leurs différences profondes, installer François Bayrou à Matignon serait revenu, pour Ségolène Royal, à se mettre elle-même en cohabitation. A Bayrou le pouvoir, à Ségo les chrysanthèmes… Encore plus fort que la dissolution de 1997 ratée par Chirac qui fut un cadeau de 5 ans à Jospin.

Plus intéressant encore, cette déclaration révèle à quel point Ségolène Royal pense la politique française de façon hiérarchique : d’abord une affaire de personnes (avec elle en tête, bien sûr, comme le dit son nom de Ségo, ou S Ego, ou Super Ego), puis une affaire de méthodes, dont les célèbres débats participatifs, avec l’ouverture, avec son désir d’être désignée dès 2008 pour 2012. Et enfin seulement avec le programme ou les idées. Ce qui explique sa phrase fétiche « je ne m’interdis rien »: pleins pouvoirs à la personne, sans qu’elle voie le risque d’incohérence pour le monde extérieur quand elle oscille entre un DSK et un François Bayrou, entre le programme du PS et le résultat des débats participatifs.

Face à cela, Nicolas Sarkozy a fait l’inverse. Les idées sont le sommet de la pyramide. Il n’a cessé de les marteler. Une fois élu, il les répète et commence à les appliquer. En tant que méthode, une seule : agir. De préférence vite. Et la personne est une machine à appliquer ce qui a été promis. Cela ne semble pas si mal lui réussir si l’on en croit sondages et cote de popularité.
Donc, si Nicolas Sarkozy a gagné en 2007, ce n’est pas pour Ségolène Royal une affaire d’idées, qui ne sont pas suffisamment importantes. Ce n’est pas une affaire de personne, car visiblement elle s’auto-décerne une stature de Présidente. Donc c’est affaire de méthode. Elle veut continuer ce qui vient d’elle, débats participatifs et ouverture en tête, et changer ce qui n’en vient pas (nomination, ouverture)

Si elle a perdu, c’est la faute de Bayrou qui n’a pas suivi, et au PS qui n’a pas travaillé à son succès. Pas à elle. JusMurmurandi devrait dire pas à Elle. C’est pourquoi elle peut dire, parlant des législatives « il faut construire et amplifier le résultat du 6 mai »…

Visiblement, Ségolène ne peut procéder à quelque analyse que ce soit de sa défaite. Ce qui fait qu’elle reprend les mêmes méthodes, en espérant que, cette-fois-ci elles produiront un autre résultat que cette fois-là.

JusMurmurandi voudrait proposer à Mme Royal un bon conseil. D’abord admettre la défaite, ce que visiblement elle occulte absolument. Ensuite préparer un vrai programme, structuré, cohérent, détaillé, et le faire partager à un parti en ordre de marche, et à l’opinion publique. A ce prix, elle pourra nourrir d’autres ambitions que le discours de la perdante.

Ce que Jusmurandi propose à Ségolène Royal, c’est de travailler plus pour gagner plus…

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