Dénonciation = malédiction?

septembre 20, 2009 on 7:16 | In France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Vichy, un passé dont la France, honteuse à juste titre, tente de ne pas se souvenir. Pour y parvenir, tout ce qui y a eu lieu de « moche », et la liste est longue, doit ne jamais se reproduire.

A commencer par les dénonciations. Le gouvernement de Vichy a érigé en vertu le fait de dénoncer des Français (et des étrangers) à la police. Les dénoncer comme résistants, comme déserteurs du STO, comme juifs. Que dénonciateur agisse par patriotisme, par jalousie, par rapacité (il arrivait que ce soient les voisins qui aillent piller les appartements des juifs arrêtés l’instant d’avant), peu importait au régime de Vichy. Peu importait également que ces dénonciations soient inavouables, et donc, comble du courage, anonymes.

Et depuis, toute forme de dénonciation est proscrite, bannie, présumée misérable et abominable. Un « bel » exemple de dénonciation lamentable: c’est François Marland, ancien protégé du Crédit Lyonnais des années de tous les excès, qui, réfugié en Suisse, a dénoncé aux autorités américaines l’affaire Executive Life, qui aura de ce seul fait coûté des centaines de millions au contribuable français, millions dont une partie lui a été versée comme récompense.

Sauf bien entendu quand il s’agit de dénoncer des abus, des excès, des scandales, des ridicules. Faute de quoi JusMurmurandi n’existerait pas…

Changeons de décor et d’époque. Nous sommes dans des quartiers où sévissent des bandes de voyous qui dégradent les locaux, insultent les gens, voire commettent des infractions et délits (tapage, racket, trafics, deal de drogue, incendie de voitures, voire pire…) qui pourrissent la vie des habitants. Toute plainte résulte en représailles violentes, qui inspirent une légitime crainte. Que faire? Se taire et supporter l’insupportable?

La police de l’Essonne vient d’ouvrir une adresse mail pour recueillir des dénonciations de ce type de comportement, dont les auteurs sont bien connus de leur quartier. Cette adresse promet l’anonymat aux dénonciateurs. Le responsable de cette mesure n’en est pas à son coup d’essai, qui l’avait déjà fait dans son poste précédent, dans l’Isère.

Voilà bien une situation où il n’existe pas de « bonne solution ». Personne ne peut ignorer le droit de tous à vivre dans la tranquilité. Personne non plus ne peut se réjouir de voir s’accumuler des lettres dé dénonciation anonyme sur des délits, mais aussi sur qui couche avec qui, qui triche sur ses revenus et autres petites turpitudes qui engendrent de basses jalousies.

Alors, dénoncer ou pas? La réponse, pour une fois sur JusMurmurandi, n’est pas simple et claire. C’est en fait un choix de société que nous sommes conviés à faire. Comme avec les caméras de vidéo-surveillance, les fichiers ADN et les radars automatiques, plus de tranquillité passe par plus de surveillance.

La Grande-Bretagne, autrefois si débonnaire que ses légendaires policiers, les « bobbies » n’étaient pas armés, est devenue clairement sécuritaire indépendamment du parti au pouvoir.

En France, c’est une des vraies -et rares- différences entre droite et gauche. La perception générale que le PS est trop mou en matière de sécurité, avec la notable exception de jean-Pierre Chevènement, qui, d’ailleurs n’est pas PS stricto sensu, lui a couté des défaites électorales qui ne l’ont pas amené à faire comme les travaillistes britanniques de Blair puis Brown une véritable révolution culturelle. Dénonciations, flash-ball, tazers, caméras sont autant d’outils qui les dégoutent et dont ils… dénoncent l’usage qu’en fait la droite…

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