Retournement, ou éternel recommencement?

septembre 23, 2009 on 3:52 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Parmi les poisons que la guerre du Vietnam a instillés dans le corps de la société américaine, aucun, peut-être n’aura été plus nocif que la généralisation de l’usage des drogues, et notamment des drogues dures. C’est l’époque du Triangle d’or Thaïlande-Birmanie-Laos, de ses armées privées et des amitiés suspectes de membres de la CIA.

L’équivalent pour une Union Soviétique ultra-puissante de la guerre du Vietnam pour les États-unis aura été l’invasion de l’Afghanistan en 1980. Là aussi c’est l’occasion pour les soldats de l’Armée Rouge de découvrir les paradis artificiels, quasiment absents d’U.R.S.S.

Et c’était d’autant plus humiliant pour l’empire communiste que la dépendance aux drogues dures d’une partie de sa jeunesse avait été largement employée par la propagande marxiste pour dépeindre les faiblesses du modèle américain du « tout-à-vendre ».

Aujourd’hui, ce ne sont plus les Soviétiques mais les Américains qui sont en Afghanistan, plus gros producteur mondial de pavot, plante dont est tiré l’opium, lui même transformé en héroïne.

Et c’est Viktor Ivanov, patron de la lutte anti-drogue russe, qui tance les Américains pour l’inefficacité de la programme de lutte contre cette culture. Il met en avant la mort de 30.000 russes par an du fait de leur consommation de drogue, dont 90% attribués à de l’héroïne d’origine afghane, et le fait que les Américains n’usent pas en Afghanistan de méthodes aussi radicales, la pulvérisation aérienne, que celles qu’ils appliquent en Colombie, dont la production est destinée au marché américain.

Les Américains se défendent en disant que la lutte contre la culture du pavot a poussé de nombreux cultivateurs dont c’est la principale source de revenu dans les bras des Taliban, qui y trouvent leur financement.

En d’autres termes, disent les Américains, la lutte contre un grand fléau (les Taliban) rend tolérable un moindre fléau (la drogue). On se souvient quand, sur ces mêmes terres afghanes, les Américains armaient et formaient les Taliban, acceptant leur fléau d’islamisme fanatique pour prix de leur lutte contre un plus grand fléau, l’expansionnisme soviétique.

On sait comment cela a fini, un certain 11 septembre 2001…

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.