Tous les prix Nobel à Vaclav Klaus!

octobre 10, 2009 on 8:35 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 2 Comments

Le Président tchèque Vaclas Klaus refuse obstinément de signer le Traité de Lisbonne. Peu lui chaut que son pays, dûment représenté par ses institutions, l’ait négocié et ratifié, cette légitimité lui est indifférente. Avec lui, c’est « ne », c’est-à-dire « non » en tchèque.

Le dernier lapin qu’il vient de sortir de son chapeau est particulièrement méprisable. Il a indiqué qu’il était prêt à signer le Traité pour peu (si l’on peut dire) qu’il lui soit ajouté deux notes de bas de page. S’il n’a pas donné le contenu exact de ces deux notes censées faire quelques lignes tout au plus, leur sens est clair. Il s’agit d’éviter, selon lui, que le Traité ne puisse servir de base à une remise en cause des « décrets Benes » d’après-guerre.

Ces décrets, qui ne sont pas la page la plus glorieuse ou honorable de l’histoire tchèque, ont conduit à l’expropriation et à l’expulsion de 3 millions de citoyens tchéco-slovaques d’origine allemande en 1945-1946. Certes, on peut comprendre le ressentiment (le mot est faible, le pays ayant été martyrisé par les nazis commandés par l’abominable Heydrich, et plus encore après pour venger sa liquidation par des résistants) des Tchèques vis-à-vis des Allemands, mais les expulser alors que certains y habitaient depuis des siècles en fonction de leur origine n’est ni plus ni moins que ce qu’avaient fait les nazis, qui s’appelle aujourd’hui de la purification ethnique, et se condamne aujourd’hui au TPI de La Haye.

Alors pourquoi soulever ce point si lamentable? Parce que, ce faisant, le Président Klaus fait d’une pierre plusieurs coups. Il tente de montrer que son opposition n’est pas doctrinaire, mais qu’il veut « plus » pour son pays, comme l’ont eu les Irlandais par exemple. Il flatte le nationalisme tchèque dont il se fait le défenseur. Il ravive les craintes de tous ceux qui jouissent aujourd’hui de ces biens que leur pays a si mal acquis. Il donne des idées à tous ceux qui pourraient avoir « envie » de soulever des questions identiques. Et en Europe, cela concerne rien moins qu’un partie de l’Allemagne, de la Pologne, de la République tchèque, de la Biélorussie, tous les Balkans, et j’en passe. Excusez du peu.

Donc, comme l’indique le titre, ce faisant, le Président Klaus a mérité à lui seul tous les prix Nobel. Prix Nobel de mathématique pour avoir soulevé un problème à la solution proprement incalculable. Prix Nobel de physique pour avoir démontré qu’un homme seul peut en bloquer des centaines de millions. Prix Nobel de chimie pour avoir trouvé un si puissant catalyseur de haines mal éteintes. Prix Nobel de littérature pour l’écriture d’un tel feuilleton. Prix Nobel d’économie pour tenter d’effacer en quelques lignes ce qui est en équité une dette tchèque colossale.

Et surtout, prix Nobel de la Paix pour faire tout ceci au nom de la consolidation du statu quo pacifique, au lieu de la résurrection des luttes fratricides inter-européennes.

Qui pourrait après un tel exploit, douter encore que le Président Klaus soit de la même origine que l’écrivain du cauchemar Franz Kafka ???

Vaclav Claus

2 commentaires

  1. De quelle démocratie parlez-vous ?
    Celle qui consiste à faire revoter x fois les irlandais jusqu’au « oui » ou à faire fi des référendums nationaux comme en France et en Hollande ? Klaus joue à armes égales et il a bien raison.
    C’est en outre un des rares président vraiment libéral de la zone UE.

    Commentaire by Thomas — 13 octobre 2009 #

  2. Le Président Klaus utilise un vide juridique pour ne pas honorer un accord que son pays a négocié, signé et qui a été ratifié par le Parlement. C’est un problème purement tchèque, dont l’Europe n’est que le sujet, mais pas une partie prenante. Pour le reste, pour ce qui est de faire revoter les Irlandais, cher Thomas, je ne résiste pas à faire la comparaison avec une élection. N’a-t-on pas fait revoter les Français une troisième fois pour une candidature Mitterrand en 1981 après qu’elle ait été rejetée en 1965 et en 1974? Chirac aussi a été battu en 1981 et 1988 avant de gagne en 1995. Si on peut revoter une troisième fois pour une personne, pourquoi pas une deuxième fois pour un texte? :-)

    Commentaire by JM2 — 14 octobre 2009 #

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.