Qu’attendons-nous pour devenir banquiers ?

octobre 18, 2009 on 7:17 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | 1 Comment

L’image de « pourfendeur planétaire des bonus boursiers » que s’est donné Nicolas Sarkozy peut surprendre de la part d’un homme que la gauche présente comme ultra-libéral, et qui en craint pas d’afficher ses amitiés avec des milliardaires (Bouygues, Arnault, Lagardère, Bolloré.

Mais les chiffres qui viennent de sortit révèlent qu’en l’occurrence c’est lui qui a vu juste: les bonus bancaires sont un scandale. Pas parce que ces derniers sont « trop payés » à la mode gaucho-moralisatrice de ceux qui « n’aiment pas les riches » (dixit François Hollande). Ce n’est d’ailleurs pas l’orientation de JusMurmurandi, qui laisse ce discours à Olivier Besancenot.

Tout en étant favorable à un capitalisme qui récompense les succès et leurs auteurs, et parce que nous sommes favorables à cela, il faut dénoncer le vol proprement dit des rémunérations bancaires. On ne peut qualifier autrement les chiffres publiés concernant les vingt trois plus grandes institutions fianncières américaines. Bonus 2007 (comptabilisé en 2007, payés en 2008): 130 milliards de dollars (valeur record). Compte tenu que les profits bancaires sont atteint, cette année-là des valeurs record, il n’est pas scandaleux, en soi, d’atteindre ces niveaux, sauf si on n’est pas capitaliste. Libre aux États ensuite, s’ils le souhaitent de taxer lourdement ces rémunérations pour les redistribuer ou les investir.
En 2009, il est d’ores et déjà prévu que ces rémunérations atteignent 140 milliards de dollars, soit un nouveau record. Là, on commence à se dire que le système est déréglé au point d’être devenu fou, car la plupart des banques américaines, à commencer par les plus grandes (Citgroup, Goldman Sachs, Bank of America, JP Morgan Chase) n’ont survécu à 2008 qu’avec des injections massives d’argent public et des baisses de taux vertigineuses de la Fed. Donc se rémunérer vertigineusement quand on n’a pas suffisamment de fonds propres pour survivre seul et gagner de l’argent en empruntant virtuellement à coût zéro pour le reprêter sans aucun risque avec une marge confortable n’est pas illégal, mais pas vraiment le genre d’exploit qui pourrait justifier de payer chaque minute de virtuose des marchés autant qu’une année de footballeur vedette (ce qui n’est déjà pas rien…).

Mais là où le scandale explose, c’est avec la lecture des chiffres de 2008, comptabilisés en 2008 et payés en 2009: 117 milliards. Soit à peine moins de 10% de baisse par rapport à l’année record de 2007!!! En d’autres termes, contrairement au Titanic, auquel a ressemblé notre système financier planétaire, les rémunérations bancaires, elles, étaient véritablement insubmersibles. Dans une annus horribilis qui a dépassé toutes les prédictions, mêmes les plus noires, elles baissent d’à peine plus de 10% par rapport aux niveaux record de l’année précédente.

Des rémunérations qui battent des records alors même que l’industrie affiche des profits artificiels gonflés par des risques démentiels, une légère baisse quand la catastrophe étreint le monde, un nouveau record l’année suivante alors même que le métier bancaire est sous perfusion et l’économie mondiale en glaciation? Oui, vraiment, nous voudrions tous être de tels banquiers…

Un commentaire

  1. Qu’attendons-nous pour devenir banquiers ?

    D’être fils de banquier? :)

    Commentaire by jsb — 19 octobre 2009 #

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