N’est Padieu qui veut…

octobre 22, 2009 on 9:20 | In France | 1 Comment

René Padieu a osé. Dans un article paru dans « La Croix », il démonte ce qu’il appelle un délire social, à savoir qu’il n’y a pas plus de suicides chez France Telecom que dans le reste de la France, et que c’est aussi incontestable qu’une simple règle de trois:

JusMurmurandi n’a rien à rajouter à l’analyse statistique elle-même, tant elle est simple. Mais Padieu nous gratifie de quelques perles, que nous ne résistons pas à citer, notamment: « quand on observe quelque chose, on le voit apparaître ». Il rappelle aussi que la prétendue vague de suicides chez les policiers dans les années 90 était, elle aussi, statistiquement inexistante.

La question que se pose JusMurmurandi est la suivante: qu’est-ce qui pousse à l’émergence de ces délires sociaux? Il y a indiscutablement plusieurs causes. D’abord, si la vague de suicides est une fiction (ce n’est pas que les employés de FT ne se soient pas suicidés, c’est qu’il y en a tout autant, ou tout aussi peu, comme on voudra, dans le reste de la population statistiquement comparable, c’est-à-dire les actifs de 20 à 60 ans), le mal-être chez FT est une réalité. Et si le reste de la population adhère si largement à ce discours de condamnation de France Telecom (il semble que des milliers d’abonnés aient décidé, de ce fait, de changer d’opérateur, c’est dire…), c’est qu’en protestant contre les pratiques de management désespérant (au sens propre, qui plonge dans le désespoir) de FT, c’est contre leur propre situation qu’ils protestent. France Telecom est alors le truchement du mal-être social en France (chômage en forte hausse, incertitude et inquiétude pour l’avenir, etc…).

Mais l’autre cause majeure et l’invraisemblable caisse de résonance que ce non-évènement a reçu, et il faut bien se demander pourquoi. D’une part, il y a la presse, qui sait très bien que la sensationnalisation du malheur fait vendre, et beaucoup. En ces temps de crise de la presse, cela tombe bien. D’autre part il y a les syndicats, qui se drapent dans la prétendue horreur que représente le fait de travailler chez France Telecom pour en exiger toutes sortes d’avantages catégoriels, moraux et politiques. Comme on dit, à cheval donné, on ne regarde pas les dents.

A cela, il faut ajouter que, puisque le taux de suicides chez FT (ou chez Renault ou PSA, autres entreprises mises en cause) n’est pas supérieur à la moyenne, il n’est pas possible que la campagne que le management, menacé de tous côtés, met en place pour y mettre fin, soit un succès. Ce qui ancrera la catastrophe médiatique dans la durée, pour le plus grand mal de l’entreprise

Pour finir, deux questions: et si cette vague de délire médiatico-syndicalo-politique poussait quelques salariés de plus à se suicider, notamment convaincus de leur mal-vivre par tout ce qu’ils auront lu, vu, et entendu, et par « l’exemple » macabre de leurs collègues, n’est-on pas dans l’apologie du suicide? Et qui en serait responsable?

Et enfin, question ô combien iconoclaste, plus encore que la chronique de René Padieu, qui, rappelons-le, n’est pas n’importe qui, mais qui n’ose probablement sa courageuse diatribe que parce qu’il est retraité, et doc moins « vulnérable » qu’un actif: et si l’on allait mesurer le taux de suicide des chômeurs, ne risquerait-on pas de tomber non sur une vague médiatique, mais ru un vrai scandale de désespérance, soigneusement ignoré de tous ceux qui se ferment les yeux et les oreilles pour ne pas voir et ne pas entendre?

Un commentaire

  1. Désolé, j’ai pas pu m’en empêcher :)
    http://www.wat.tv/video/mozinor-suicide-france-telecom-1sod1_isi8_.html

    Commentaire by bilbothobbit — 22 octobre 2009 #

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