Le terrible M. Pasqua

novembre 1, 2009 on 7:55 | In Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

La République française a ses croyances, parmi lesquelles il est bien difficile de démêler le vrai de ce qui relève du fantasme. Parmi ces croyances, le pouvoir des francs-maçons, ou les secrets de celui que François Mitterrand appelait « le terrible M.Pasqua »

Celui-ci est désormais acculé. Ayant été condamné à un an de prison ferme, et devant comparaître à nouveau pour plusieurs autre affaires, il est menacé d’être logé et nourri aux frais de la République, mais même le quartier VIP de la prison de la Santé ne vaut pas l’ordinaire du Sénat, où il siège aujourd’hui.

Pour éviter ce sort, Charles Pasqua a commencé à balancer, contrairement à la pratique corse, île dont il est issu. Et on entend bien qu’il n’a pas l’intention, s’il doit plonger de plonger tout seul. Pour commencer, il nommé Jacques Chirac, Edouard Balladur et Alain Juppé comme étant au courant du trafic d’armes avec l’Angloa qui lui a valu sa condamnation. Et il poursuit en affirmant que, sur ordre du même Jacques Chirac, Dominique de Villepin lui a remis 900.000 francs pour obtenir la libération de deux pilotes français capturés par les Serbes lors de la guerre en ex-Yougoslavie.

Bref, il implique pas moins qu’un ex-Président et trois anciens Premiers Ministres. Bigre, le terrible M. Pasqua ne chasse pas le petit gibier!

N’en reste pas moins que mettre en cause Jacques Chirac et ses amis n’a que peu de chances de lui valoir quelque avantage, ce dernier ayant lui-même été renvoyé en correctionnelle pour l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris.

Comme la Justice est indépendante en France, ce que prouve à suffisance le fait qu’un certain nombre de décisions judiciaires aient été prises contre les réquisitions du Parquet qui, lui, est soumis à l’autorité hiérarchique du Garde des Sceaux, il n’y a qu’un recours, c’est la grâce présidentielle.

Nicolas Sarkozy, que la gauche ne se prive pas de traiter de monarque, s’y est toujours déclaré opposé, ou pour le moins, très réticent devant cet exercice éminemment régalien.

Mais là, le choix sera cornélien. Car Pasqua, même s’il lui a chipé la mairie de Neuilly, a toujours été de son côté, notamment en 1995 quand ils étaient la garde rapprochée d’Edouard Balladur dans sa candidature infructueuse contre Jacques Chirac. Et que, outre que lui-même a peut-être à redouter telle ou telle révélation du terrible M. Charles, le laisser tomber et, par ricochet, Edouard, Balladur, ne doit pas le réjouir.

Sans compter que le déballage ne fera pas de bien à l’image de la droite française, ni à celle de la France à l’étranger. Mais, à l’inverse, une grâce si manifestement exorbitante du droit commun aurait exactement le même effet.

Heureusement, une solution semble se profiler à l’horizon: Ségolène Royal ne vient-elle pas de déclarer qu’il fallait accorder la tranquillité à Jacques Chirac?

Charles Pasqua

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