La Bataille de N’Diaye

novembre 13, 2009 on 10:27 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 1 Comment

Aout 2009, Marie N’Diaye déclare qu’elle, son compagnon et ses trois enfants vivent désormais à Berlin depuis depuis deux ans en grande partie à cause de Nicolas Sarkozy. On connait désormais ses commentaires: «Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je trouve cette France-là monstrueuse».

A noter en passant que, si elle vit depuis deux ans à Berlin, elle a dû partir entre mai 2007 (élection de Sarkozy) et novembre 2007 (il y a deux ans maintenant), ce qui lui a donné fort peu de temps pour faire l’expérience de la mutation « monstrueuse » dans lequel Sarko a entraîné notre beau pays. C’est dire si elle ne perd pas de temps.

Travelling avant. Marie N’Diaye reçoit le prix Goucourt. Subitement, ses écrits précédents remontent à la surface (comme avec Frédéric Mitterrand ou David Douillet) et font polémique.

Après quoi elle déclare sur Europe 1 que ses déclarations étaient « très excessives », et qu’elle habite à Berlin parce que c’est « la ville où tout se passe », et qu’il y a une effervescence artistique, alors qu’en France l’ambiance est « morose » . Vraiment rien à voir avec le contenu de l’interview aux Inrocks.

Alors, que faut-il penser? Que Marie N’Diaye, écrivain parmi d’autres, se trouve bien de faire scandale, mais que Marie N’Diaye qui espère vendre beaucoup de livres à des Français qui vivent dans ce pays « monstrueux », préfère ne plus les choquer? Que son éditeur lui a recommandé de ne pas se donner une image d’incendiaire, qui n’est pas « bonne pour le business »? Qu’il est doux de se donner une image de victime du Sarkomonstre, notamment auprès de ses pairs, et de passer ainsi pour un un « bel esprit » généreux comme tout Saint Germain des Près des années d’après-guerre. Ce qui ne privait pas ces élégants Germanopratins d’approuver l’Union Soviétique du Goulag. « Monstrueuse, forcément monstrueuse », eût dit Marguerite Duras…

Dans ces années-là, les intellectuels critiquaient la France du dedans. Maintenant, avec Marie N’Diaye, comme d’ailleurs avec Yannick Noah, qui, lui, a au moins l’excuse de ne pas vraiment être un intellectuel, on la critique de l’extérieur. Mais, et cela montre à quel point ces gens là restent Français, leur exil, qui n’a en fait rien à voir avec la politique, ne les empêche pas de jouer leur rôle dans notre théâtre national, celui où il faut se faire passer pour une victime.

Ce qui n’empêcherait pas Marie N’Diaye de (re)trouver des charmes à Paris si d’aventure, par exemple, l’Académie Goncourt lui proposait de troquer son statut de lauréate pour celui, plus durable, de membre de son académie.

Mais si JusMurmurandi a titré sur « la Bataille de N’Diaye », c’est en référence à la « Bataille d’Hernani », où Victor Hugo confronta ses contradicteurs. Ce qu’elle ne fait pas ici, puisqu’elle bat en retraite en rase campagne au micro de Jean-Pierre Elkabbach. Mais il faut dire que Hugo était fait d’un autre bois, puisque lui dut affronter un régime autrement plus autoritaire (le second empire) que la SarkoFrance « monstrueuse ». Et qu’il partit, lui, en exil pour 15 ans à Guernesey.

Vous aurez compris que les imprécations N’diayesques n’ont pas précisément séduit JusMurmurandi. Qu’elle vive où elle veut et dise ce qu’elle veut, sans devoir de réserve (E. Raoult a perdu une occasion de se taire, la formule n’a pas de sens). Mais qu’elle ne nous demande pas d’attacher de l’importance à ce qui n’est manifestement qu’une outrance d’écrivain en mal de promotion, suivant l’adage que « toute publicité est une bonne publicité ».

Tout le reste est littérature….
Marie N'Diaye

Un commentaire

  1. Les bobos qui sont de gros lecteurs de prix Goncourt et de livres en général pourraient être fortement attiré par une anti-sarkozyste. Donc marketingment parlant, c’est plutôt bien vu contrairement à ce que vous pensez.

    Sarkozy et son électorat de prolo, vous croyez vraiment qu’ils vont acheter des livres chez Cora ou Auchan ? Achetez des disques de Barbelivien ou Johnny, peut être, mais les biens culturels qu’ils consomment, se limitent à ça, non ?

    Commentaire by barbac — 14 novembre 2009 #

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