Bonaparte et la Dame de Fer

juin 23, 2007 on 5:30 | In Europe, France, International | Commentaires fermés

Qui l’eût cru? L’Europe encore anésthésiée par le choc de l’échec des référendums français et néerlandais s’est réveillée cette semaine à Bruxelles.

Certes, le compromis trouvé à 27 n’est qu’un compromis, avec des concessions dans de nombreux domaines. La référence à la concurrence est atténuée pour plaire aux Français, la charte des droits fondamentaux ne s’appliquera pas aux Britanniques, et la double structure de vote ne s’appliquera qu’en 2014 pour satisfaire les Polonais.

Mais que constate JusMurmurandi? Que ce dossier si incroyablement complexe, si totalement au point mort en a été sorti en quelques semaines d’un activisme frénétique. Personne n’en parlait avant 2007. Personne n’y travaillait avant avril 2007. Personne n’y croyait avant cette semaine. Et voilà que tout est bouclé à fin juin.

Qui a permis cette sorte de miracle ? D’une part, bien sûr, le ryhtme d’enfer imprimé à cette négociation par Nicolas Sarkozy. Rencontrant à marche forcée tous les acteurs majeurs, Blair, Barroso, Zapatero, Prodi, Kaczinsky, et bien sûr la chancelière allemande, Angela Merkel. Il y a du Bonaparte dans sa manière de prendre de vitesse les problèmes et d’asphyxier les tentatives d’opposition sans leur laisser le temps de s’organiser. Dans sa manière aussi de ne pas s’arrêter même un instant sur les avis des beaux esprits qui assurent que « ce n’est pas faisable », ou que « ça ne marchera jamais ».

L’autre composant, bien sûr, c’est la Présidence allemande d’Angela Merkel, déterminée à aboutir, représentant le plus grand pays européen, et n’hésitant pas à mettre la Pologne réfractaire au pied du mur. Au pied du mur de Berlin, bien sûr…:-). Il y a de la Dame de Fer chez cette femme-là!
Et c’est le tandem Merkel-Sarkozy qui a permis cette improbable victoire européenne. Et si les personnages sont nouveaux, la recette est ancienne. C’est l’axe franco-allemand, éternel moteur d’une Europe incapable de réussir sans lui, et incapable d’échouer quand il tourne rond. Et il aura suffi de quelques semaines à deux personnes, certes appuyées sur le travail des années antérieures, pour nous mitonner une Europe fondamentalement différente.
JusMurmurandi voudrait attirer l’attention sur cette illustration que la présidence Sarkozy représente bien une rupture par rapport à l’époque, ou aux époques antérieures, et qu’en Europe aussi, nous pouvons maintenant dire « ensemble, tout devient possible ». Que ceci serve de préavis à ceux qui voudraient s’opposer aux réformes prévues en France. Leur partie ne sera pas facile face à un tel général…

Quand à l’opinion de Ségolène Royal, reçue à l’Elysée pour parler de ce sommet européen malgré son absence de fonction au sein du PS, elle a déploré l’absence d’ambition du traité simplifié. Au lieu de le regretter, elle eût du se féliciter que cette mini-ambition d’un mini-traité ne permette à son adversaire qu’un mini-triomphe…:-), qui ne fasse pas trop d’ombre à la nouvelle la plus importante de la semaine politique française, à savoir qu’elle serait probablement candidate à l’investiture PS en 2012..:-)

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