Dubai aïe aïe aïe

novembre 28, 2009 on 11:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | 3 Comments

Le sort des dubaïotes ne préoccupe pas outre mesure JusMurmurandi. Leur immobilier a perdu 50% de sa valeur en deux ans, mais c’était notoirement de la pure spéculation. Ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle.

Ou bien, est-ce la règle pour certains mais pas pour d’autres? Parce qu’on est bien obligé de voir que, dans le cas de Dubai, apparaissent tous les signes de la folie financière que personne ne veut voir se reproduire. Des prêts totalement inconséquents, reposant non sur une capacité de remboursement « à l’ancienne », mais sur des valeurs d’actifs présumées en hausse constante. Il faut dire que le petit émirat a tenté de faire mentir l’adage boursier suivant lequel « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » en édifiant rien moins qu’un gratte-ciel censé friser le kilomètre de haut et des îles artificielles.

Oui mais voilà, cet immobilier prestigieux est aussi vide qu’une ville-champignon de sub-primes américains, avec les mêmes conséquences.

Non, vraiment, rien qui doive exciter la compassion de JusMurmurandi. Mais la colère, oui.

Parce qu’une fois de plus, les banques ont prêté avec un sens catastrophique de la priorité absolue de la commission immédiate sur le risque de perte future, et parce qu’une fois de plus les agences de notation, qui se font payer fort cher leur prétendue capacité à apprécier à leur juste valeur les risques, ont été prises totalement par surprise par l’avertissement que les grandes sociétés d’État de Dubai ne pouvaient plus faire face à leurs obligations. Compte tenu que ce minuscule territoire était devenu en 2008 le plus grand chantier du monde, ce qu’il faisait savoir à coup de publicité tapageuse, et que la dette atteignait un minimum de 80 milliards de dollars, on ne peut pas dire que ce coin du Moyen-Orient ait été un secret ni bien gardé ni difficile à percer.

Bref, c’est la crise financière à l’exact identique.

Vous me direz, mais non, parce qu’il n’y a pas d’argent public en jeu, en tout cas, pas d’argent occidental. Et qui, croyez-vous, a prêté les sommes pharaoniques requises pour construire les tours éponymes? Ce qui veut dire que les banques dont il a fallu à grand renfort d’argent des contribuables reconstituer un tant soit peu les fonds propres partis en fumée, vont subir une autre saignée. Ce qui va, par exemple, restreindre leur capacité à prêter à des entreprises et des particuliers « normaux ».

Et maintenant, après des bruits prétendument rassurants sur le peu de risque systémique que faisait courir cette faillite prestigieuse, que lit-on? Que la chute de Dubai pourrait avoir, finalement, des conséquences néfastes. Parce que les banques, ou plutôt les banquiers, -pourquoi absoudre les personnes de leur fautes en les noyant dans l’anonymat de sociétés justement anonymes?-, jamais avares de rigueur contre les « gentils » pour leur faire payer leurs compromissions avec les « méchants », craignent maintenant que le mauvais exemple qui vient de survenir ne bloque tout crédit aux pays émergents, sur lesquels reposent beaucoup d’espoirs de nous aider à sortir de la crise.

Vous voyez bien où JusMurmurandi veut en venir: les banquiers, qui se sont gobergés de profits factices, mais avec pour conséquences de vrais bonus, en prêtant n’importe quoi à n’importe qui à Dubai, disent maintenant qu’à leur grand regret, ils sont maintenant contraints, -question de rigueur, que voulez-vous?- de fermer le robinet du financement de la reprise.

Combien voulez-vous parier qu’un bon vieux plan de soutien des États à ces malheureux banquiers pourrait éviter ce regrettable tour de vis? Comme une poursuite de l’argent quasiment illimité et gratuit accordé par les banques centrales aux banques, et qui est la source essentielle de leur retour quasi-miraculeux la rentabilité? Lesquelles banques centrales venaient justement de faire savoir que les profits retrouvés des banques et le retour à un début de croissance allaient justement entraîner une graduel retour à des conditions de crédit plus « normales ».

Et juste au moment où elles signalent ce retour à la normale, Pouf!, Dubai part en fumée, ce qui était totalement prévisible depuis des mois sinon des annéesAvenue de Dubai.

Vous avez dit « bizarre »? Moi, je préfère dire: « aie! »

3 commentaires

  1. A votre avis, y en a t-il d’autres qui soient  »totalement prévisible » ?

    Commentaire by bilbothobbit — 30 novembre 2009 #

  2. Haha, malin, le Bilbothobbit! Eh bien, JusMurmurandi n’a pas peur de se mouiller. Et plutôt que de citer un Dubai-bis, en voici un d’autre type, mais qui est aussi, comme le dit si bien la langue anglaise « un accident qui n’attend que son heure pour arriver »: la Grèce. Eh oui, un pays européen, et membre de la zone Euro qui plus est. Mais aussi un pays qui a menti dans les grandes largeurs en falsifiant ses statistiques pour être admis dans l’Euro, et qui est si mal géré que les autres pays trop dispendieux (France, Italie, entre autres) ressemblent, par comparaison, à des enfants de chœur. Donc, n’ayez crainte, la débâcle grecque va arriver, et ce sera sanglant. Et ce ne sera pas non plus la seule…

    Commentaire by JM2 — 30 novembre 2009 #

  3. Merci pour votre intéressante réponse :)

    Commentaire by bilbothobbit — 1 décembre 2009 #

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