Un bonus pour deux?

janvier 11, 2010 on 9:40 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | 2 Comments

Qui se souvient du film « un fauteuil pour deux », réunissant Eddie Murphy et Dan Ackroyd? Le second est un banquier à qui tout réussit, amour, argent, carrière, rang social. Le premier est un arnaqueur même pas minable. Deux vieux qui s’ennuient, pour s’amuser, organisent la substitution de l’un par l’autre, et constatent que l’arnaqueur de rue a tout autant sa place que le Golden Boy…

C’est deux fois et pas une que JusMurmurandi a été amené à se rappeler ce film. La première, quand les grandes écoles ont manifesté une « réticence », et le mot est faible, à toute idée de réserve un quota de places à des jeunes issues de segments défavorisés de la société. Bien sûr, il est possible de réussir sans ce « coup de pouce », et il y a des exemples plus remarquables les uns que les autres, et dignes d’estime. Mais ne pas reconnaître qu’il est infiniment plus difficile d’y arriver quand on a un ou deux parents illettrés, un nom à consonance maghrébine et une adresse dans le 9-3 que quand on est fils de polytechnicien est le comble de l’hypocrisie de classe détestablement conservatrice.

La seconde quand sont apparus les chiffres de bonus que les banques de New-York et de Londres s’apprêtent à verser à leurs Golden Boys. Les estimations vont de 90 milliards de dollars à New-York à 45 milliards de livres à Londres. Des chiffres déjà provocants quand l’année a été formidable pour toute l’économie, et au-delà de toute obscénité au titre de 2009.

Quel rapport entre ces éléments? C’est que ces rémunérations représentent aujourd’hui de loin le plus gros élément de coût des banques d’affaires, aux alentours de 50% de leur chiffre d’affaires. Et que, donc, toute économie substantielle dans ce domaine, comme de payer moins ces si chers traders et autres génies de la finance, améliorerait de façon significative l’exploitation des banques. Qui pourraient par exemple mettre ce bonus de bénéfice pour diminuer le coût du crédit, ou renforcer leurs fonds propres dévastés par la crise. Deux résultats on ne peut plus utiles pour tous.

Et que, pour payer moins les golden boys, il suffit d’appliquer les lois du marché, c’est-à-dire de créer de la concurrence. Et qui aura plus faim, à votre avis, pour mettre cette concurrence renforcée en œuvre, et « se contenter » de rémunérations simplement énormes et non plus pornographiques, des candidats issus de la très bonne société, à qui tout a toujours été donné, ou d’autres qui ont dû tout arracher à la force du poignet?

C’est bien de l’histoire du film qu’il s’agit. Si on donne leur chance à des candidats qui savent la valeur de l’argent par ce qu’il sont dû tout obtenir « à la dure », on a des chances d’obtenir tout à la fois de redoutables compétiteurs, des gens heureux de leur réussite et qui amorceront le cercle vertueux de l’ascenseur social, et une plus grande homogénéité de la France autour de ses élites.

JusMurmurandi comprend bien qu’il y en ait que cette perspective dérange….

2 commentaires

  1.  » Qui amorceront un cercle vertueux  » : mon cher Jus vous êtes bien optimiste quand à la nature humaine, même issue d’origines modestes …
    Mais bonne et heureuse année tout de même ! :)

    Commentaire by jerome — 11 janvier 2010 #

  2. Cher Jérôme, effectivement JusMurmurandi croît aux vertus de l’exemple en matière d’ascenseur social Quand Zidane fait la carrière que l’on sait, il est un exemple, un référence pour beaucoup d ‘enfants et de jeunes qui veulent, plus tard lui ressembler. Et la même chose sera vraie pour les « Zidane des affaires »…

    Commentaire by JM2 — 11 janvier 2010 #

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